Siège de la Commission Économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL)
La Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) estime que la région finira l'année 2008 avec une croissance de 4,7 % du produit intérieur brut (PIB), contre 5, 7 % en 2007.
Diffusée mercredi 27 août à Santiago du Chili, cette étude prévoit pour 2009 une croissance de 4 %, qui repose essentiellement sur la bonne tenue des économies sud-américaines (+4,5 %), alors que l'Amérique centrale et le Mexique accusent le coup avec une hausse du PIB d'à peine 2,8 %.
Les chiffres régionaux recouvrent des situations assez dissemblables. Ainsi, le Pérou enregistre une croissance maximale de 8,3 % et le Mexique se retrouve en queue de peloton avec ses 2,5 %, tandis que le Brésil, le Chili, la Colombie et le Venezuela restent autour de la moyenne.
Le pronostic de la Cepal pour 2009 implique la septième année consécutive de croissance à un taux moyen supérieur à 3 % du PIB par habitant, une situation que l'Amérique latine n'avait pas connue depuis quarante ans. L'embellie est due en bonne partie à la hausse des prix des matières premières, notamment les hydrocarbures et les minerais.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Salle de conférences Raúl Prebisch
SOUBRESAUTS
Cependant, les fonds envoyés à leurs familles par les émigrés latinos en Amérique du Nord et en Europe, les remesas, y ont également contribué. Dans certains pays centre-américains et caribéens, les remesas constituent une part substantielle du PIB.
Le ralentissement de l'économie internationale pourrait se traduire par une réduction des importations et des remesas. Dans le passé, lors des crises internationales et de récession dans les pays industrialisés, acheteurs traditionnels des exportations latino-américaines, la région a été touchée de façon importante.
Aujourd'hui, face au retournement de conjoncture, les économies d'Amérique latine sont plus fortes, car elles sont nettement moins endettées (33 % du PIB en 2007 contre 36 % l'année précédente), parfois plus diversifiées, et les équilibres financiers sont mieux respectés, avec des réserves de change plus conséquentes (46 % du PIB dans le cas de la Bolivie). Le Mexique et l'Amérique centrale restent néanmoins plus dépendants des soubresauts économiques aux Etats-Unis.
L'amélioration régionale s'est traduite sur le plan social, avec une réduction du chômage (7,5 % de la population) et des emplois de meilleure qualité qui ont contribué à la réduction de la pauvreté. Toutefois, un Latino-Américain sur trois reste "pauvre", rappelle la Cepal, ce qui représente 190 millions de personnes. Et la hausse des denrées alimentaires est susceptible d'inverser la tendance. Une augmentation de 15 % des prix des aliments entraînerait à nouveau dans la pauvreté 15 millions de Latino-Américains, selon la commission.
Avec l'envolée du pétrole, la hausse des denrées de base accroît le principal risque pointé du doigt par la Cepal : l'inflation, qui devrait se situer dans une moyenne de 6,5 % à la fin 2008. Le Venezuela est en tête de la dérive inflationniste, avec 32 %, suivi par le Nicaragua (23 %) et la Bolivie (17 %).