samedi 20 septembre 2008

Lettre ouverte de Libercanto






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Pendant son exile, le groupe acquit une grande notoriété internationale, grâce fondamentalement à son identification avec les mouvements solidaires qui condamnaient la dictature de Pinochet et soutenaient la récupération de la démocratie au Chili.

Le groupe Quilapayún est donc tributaire de la lutte du peuple Chilien ainsi que du grand mouvement de solidarité internationale avec le Chili des années 70 et 80.

1) Le nom artistique "Quilapayún" est en dispute en France, et seulement en France, devant la Cour de Cassation française. Ailleurs, le groupe composé des membres "historiques" de Quilapayún Rodolfo Parada, Patricio Wang et Patricio Castillo, peut se présenter sous cette appellation.

2) Dans ce litige, deux positions se font face avec de plus en plus de netteté. D'une part, ceux qui comme nous reconnaissons que Quilapayún est un projet résultant d'une imbrication culturelle et politique qui mérite d'être prolongée avec créativité au-delà de nos personnes ; c'est notre dette envers le peuple Chilien et envers beaucoup d'autres peuples du monde. D'autre part, des ex-membres regroupés l'année 2003, qui défendent un Quilapayún figé dans le passé et associé principalement à leurs personnes.

3) En décembre le 2007, la justice française a décidé de nous priver de l'utilisation du nom en France. À notre avis, elle commit une erreur inexplicable puisqu'elle a justifiée sa décision sur le fait que des membres du groupe seraient retournés au Chili en 1988 pour continuer à se présenter là-bas en tant que Quilapayún. Ce fait est évidemment imaginaire, comme tout le monde sait. On a privilégié ainsi un ensemble composé d'ex-membres regroupés, au lieu de valoriser l'effort réalisé, sans discontinuer, par ceux qui avons su prolonger l'expérience Quilapayún de manière digne et respectée. Ce qui est paradoxal, c'est que la justice française a rendu ce jugement au moment même où nous réalisions une grande tournée au Chili (16 concerts), invités par de nombreuses organisations démocratiques syndicales, intellectuelles, d'étudiants, etc., plus la Présidence de la République du Chili, et plus le Directeur de l'École Santa María, pour prendre part aux commémorations du centenaire du massacre de l'École Santa María d'Iquique.

4) Or, comme nous sommes des artistes, et ce n'est pas la perte transitoire d'un nom qui nous démobilisera en tant que tels, pour faire face à cette interdiction nous avons cherché des solutions pour continuer à nous présenter dans les lieux et les manifestations auxquels ous sommes invités en France, en inscrivant aujourd'hui quelques concerts professionnels dans l'esprit des hommages à Salvador Allende. Ainsi, nous avons voulu faire les concerts à la Maison Cultures du Monde (MCM) des 25, 26 et 27 septembre sous l'appellation "Los Quilas". Mais les ex-membres regroupés en 2003 ont présenté une plainte pour concurrence déloyale ; à notre grande surprise le Tribunal français leur a donné raison. Peu importe, toujours dans le respect des décisions de la justice française, malgré les erreurs évidentes, nous avons décidé de changer à nouveau de nom. Nous ferons ces concerts sous le nom "LIBERCANTO", nom assez explicite.
5) Les concerts à la MCM, tout comme notre participation aux différentes activités du Festival Salvador Allende auxquelles nous avons été invités, nous les ferons sous le nom "LIBERCANTO". Nous savons que la diffusion du Festival a commencé il y a déjà un certain temps, et nous espérons que ce changement de nom ne perturbera pas la diffusion d'affiches, brochures et autres supports publicitaires. Cette situation est indépendante de notre volonté.

6) Ceux qui s'obstinent à nous faire taire se trompent. Ce ne sont pas les artifices administratifs qui réussiront à étouffer notre projet. Au contraire, ils nous revitalisent, et nos spectacles à la MCM en feront la démonstration. Et même si certains, au Chili ou en France, s'excitent en lançant des diatribes et des menaces, nous poursuivrons, imperturbables, notre chemin artistique. "Ils aboient Sancho, cela veut dire que nos chevaux avancent".

Paris, le 18 septembre 2008

Bien cordialement.


Rodolfo Parada / Patricio Wang
pour "LIBERCANTO"