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parmi les manifestants, brandissant des drapeaux chiliens, figurent des étudiants rappelant leurs revendications pour une éducation gratuite et de qualité, des travailleurs du cuivre, la principale richesse du Chili, des Indiens Mapuche qui réclament la terre de leurs ancêtres, en Araucanie.
SEULS 10 % DES TRAVAILLEURS CHILIENS SONT SYNDIQUÉS
Le Chili est – avec Cuba – le seul pays d'Amérique latine où le droit de grève n'est pas reconnu dans la Constitution, promulguée en 1980 par les militaires. Le code du travail admet la légalité de la grève seulement dans le cadre de la négociation de conventions collectives. Les salariés ont un droit de grève restreint, à condition de ne pas travailler dans des entreprises « stratégiques ». Les grévistes peuvent être remplacés à leur poste de travail.
La présidente de la CUT, Barbara Figueroa, 35 ans, revendique « une plus grande force des syndicats, condamnés à l'immobilisme depuis plusieurs décennies, et leur implantation dans tous les secteurs». Seuls 10 % des travailleurs chiliens sont syndiqués.
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Elue à la présidence de la CUT en août 2012, cette ancienne professeure de philosophie, membre du Parti communiste, est la première femme à diriger une organisation syndicale au Chili. « Cette manifestation n'est pas contre le gouvernement, précise Mme Figueroa, elle est destinée à réaffirmer le rôle des syndicats dans la formulation de nouvelles politiques structurelles pour que le Chili avance vers un développement plus égalitaire. » « Un haut niveau de mobilisation populaire est nécessaire, car nous ne pouvons ignorer qu'il s'agit d'une lutte contre de puissants groupes économiques qui s'opposent à toute reconnaissance des droits des travailleurs », ajoute-t-elle.
Un dialogue doit s'ouvrir, en octobre, avec le gouvernement, avec pour objectif « la présentation d'une réforme avant la fin de l'année ». Pour la dirigeante syndicale, « le dialogue n'exclut pas les mobilisations, et si besoin une grève générale, si les résultats sont insuffisants ». « Cette réforme, nous l'attendons depuis plus de trente ans, car les gouvernements démocratiques qui se sont succédé depuis la fin de la dictature ne l'ont jamais faite. »
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UNE DATE SYMBOLIQUE
Mme Figueroa rappelle que le 4 septembre est une date importante pour le mouvement syndical, car elle marque l'anniversaire de l'élection de Salvador Allende à la présidence du Chili, le 4 septembre 1970. « Cette date symbolise un projet transformateur alternatif au néolibéralisme, c'est le seul gouvernement des travailleurs que nous ayons eu au Chili. La dictature militaire a tué le mouvement syndical. »
La réforme prévoit la reconnaissance du droit de grève, une augmentation du salaire minimum, l'abolition du travail informel, une meilleure protection sociale et l'élargissement du droit de représentation syndicale.
Le Chili est un des membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques les plus inégalitaires, le revenu des 10 % les plus riches étant vingt-six fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres.
Le patronat met en garde contre une baisse des investissements, des licenciements et une réduction de l'activité. Après une croissance stable depuis une vingtaine d'années, le pays est en récession depuis trois mois. Le prix du cuivre, dont le Chili est le premier producteur mondial et qui représente près de 50 % des exportations, est en baisse sur les marchés internationaux. A cela s'ajoutent une forte dépendance énergétique et une baisse des investissements privés.
Mme Figueroa ne considère pas « alarmant le taux de chômage de 6,5 % ». A son avis, « il n'y a aucune excuse pour freiner la réforme du code de travail, seule façon, au contraire, de renouer avec la croissance dans un pays moderne ».