LA GÉNÉRATION DU CHILI D'ALLENDE EN FRANCE MANIFESTATION DU 12 SEPTEMBRE 1973 |
Candidat à l'élection présidentielle de 1969, il n'obtient que 3,6% des voix. En 1974, il se range derrière François Mitterrand, candidat de l'union de la gauche, puis rejoint le Parti socialiste, dont il briguera l'investiture pour les scrutins présidentiels de 1980 et de 1988. Michel Rocard sera toutefois Premier ministre de mai 1988 à mai 1991. Outre le RMI et la CSG, il a signé en 1988 les accords de Matignon qui reconnaissent à la Nouvelle-Calédonie le droit à l'autodétermination. Père de la « deuxième gauche », il voulait incarner une vision libérale de la gauche, prenant en compte « les contraintes de l'économie mondialisée » sans « renoncer aux ambitions sociales».
Le président François Hollande a rendu hommage à l'ancien Premier ministre, en saluant « une grande figure de la République" qui incarnait un socialisme conciliant « utopie et modernité ». Michel Rocard ne dissociait jamais son action de ses idées (...) C'était un rêveur réaliste, un réformiste radical, animé par le mouvement des idées, le sort de la planète et de la destinée humaine », a déclaré le chef de l'État dans un communiqué publié par l'Elysée.
De son côté, le Premier ministre Manuel Valls, issu lui-même du rocardisme et qui avait travaillé à Matignon auprès de Michel Rocard, a jugé qu'il incarnait « la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité ». « C'est avec une immense tristesse que j'apprends aujourd'hui la disparition de Michel Rocard. Je me suis engagé en politique par et pour Michel Rocard. Parce qu'il avait dit en 1978 qu'il n'y avait pas de fatalité à l'échec de la gauche. Parce qu'il disait avant les autres que le changement passe par la réforme et non par la rupture », a souligné le Premier ministre dans un communiqué.
« Michel Rocard a-t-il laissé un héritage ? Sur un plan culturel, c’est indiscutable. Mais, gare aux effets d’optique. On ne manquera pas de rappeler que Manuel Valls, est issu du « rocardisme ». C’est exact, mais c’est peu dire qu’il s’en est éloigné. Michel Rocard avait horreur de l’autoritarisme, et des références creuses à la République. » * Denis Sieffert
À l'unisson d'autres voix à gauche, Martine Aubry a salué un Michel Rocard n'ayant cessé toute sa vie «de vouloir transformer la société, de réconcilier l'économique et le social ». « Une figure de la gauche s'est éteinte aujourd'hui, je salue la mémoire de l'homme politique, au delà de nos débats » a déclaré sur Twitter, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. « Il reste pour moi (...) avant tout un militant sincère qui croyait à la force des idées et à bien des égards», a réagit Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre et président d'honneur du MRC.
L'ancien Premier ministre Lionel Jospin a salué dimanche en Michel Rocard «un homme d'État» épris de dialogue social, dont les positions l'ont emporté du point de vue des politiques économiques mises en oeuvre. « Le paradoxe, c'est que François Mitterrand a dominé Michel Rocard politiquement et Michel Rocard l'a emporté économiquement, du point de vue des politiques mises en oeuvre ensuite », a-t-il estimé sur France Inter. « C'était un militant et un homme d'État, un réaliste, mais pas un cynique, un modernisateur en économie (...), mais ce n'était pas un néo-libéral. C'était un social démocrate épris de dialogue social », a poursuivi l'ancien locataire de Matignon et ancien premier secrétaire du PS. "Il reste pour beaucoup d'entre nous une référence », a-t-il affirmé. « Quand on a agi, qu'on a eu des succès, qu'on est honoré, on n'est pas passé à côté de son destin», a conclu Lionel Jospin, soulignant que Michel Rocard l'avait poussé à être candidat à la présidence de la République en 1995.
L'ancien président de la République Jacques Chirac a rendu hommage ce dimanche à son « ami de jeunesse » Michel Rocard saluant en lui, « un homme d'État qui unissait, de manière rare, le goût des concepts et la capacité d'action et de réalisation ».