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Ancien dirigeant des étudiants de l’université catholique, un des initiateurs du mouvement corporatiste opposé aux réformes en 1967, puis jeune avocat ultra conservateur, Jaime Guzmán a été un ennemi farouche du gouvernement de Salvador Allende. Il a été proche de la fondation du Front nationaliste Patrie et liberté, Patrie et liberté, mouvement paramilitaire d'ultra droite qui de concert avec la droite traditionnelle et secrètement soutenu par l’antenne régionale de la CIA, déclencha des sabotages et des attentats meurtriers visant la déstabilisation du pays et cherchant à provoquer l’intervention des militaires. Son objectif atteint, le groupuscule s’est auto dissout suite au putsch de septembre 1973, et plusieurs militants ont alors intégré les escadrons de la mort de la DINA.
JAIME GUZMAN, ENTRE MARTYR DE LA
DROITE DURE ET ICÔNE ROSE
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Dès 1973 et jusqu’en 1979 Jaime Guzmán devient un proche conseiller politique du général Augusto Pinochet. Il est notamment le rédacteur du discours et un des organisateurs de l’acte de Chacarillas, nom d’une colline à Santiago au sommet de laquelle eu lieu en juillet 1977 un rassemblement civique-militaire nocturne bigarré, éclairé aux flambeaux, avec étendards et hymnes aux gloires militaires et à celle du dictateur, qui drapé de sa cape a fixé le nouveau cap pour la patrie.
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Ce rituel public empli de symboles manifestement néo-fascistes, insolites dans la vie politique chilienne, est considéré un des actes fondateurs de la dictature. Il a servi aussi à mettre en orbite toute une génération d’aspirants politiques qui ont grandi à l’ombre de Pinochet et qui sont toujours aux commandes dans le gouvernement du conservateur Piñera.
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Membre de l’Opus Dei et très influencé par les thèses corporatistes du régime espagnol de Francisco Franco, Guzmán aurait été affaibli par des luttes de pouvoir au sein de la dictature, s’attirant notamment le courroux du colonel Manuel Contreras et sa puissante DINA, dont il a critiqué la sanglante répression d’opposants. Contreras aurait menacé de dévoiler au grand jour l’homosexualité de Jaime Guzmán, et réussi ainsi à faire taire ses critiques.
Appelé par le dictateur à intégrer la commission Ortúzar, chargée de rédiger la nouvelle constitution politique du Chili, Jaime Guzmán en a été l'un des principaux inspirateurs et rédacteurs. Achevée entre quatre murs en 1980, cette charte fondamentale croupion conçue sous état de siège et à la mesure du dictateur régit encore la vie politique du Chili.
En 1983 Jaime Guzmán a fondé l’UDI, l'Union Démocrate Indépendante, parti conservateur fidèle au régime militaire, constitué d’anciens de la droite nationaliste qui a pris ses distances avec les néolibéraux et a cherché à se doter d’une assisse populaire dans les quartiers pauvres. C’est une des deux composantes majeures de la coalition de droite arrivée aux affaires en 2010 et compte plusieurs ministres au gouvernement Piñera.
Jaime Guzmán a formé plusieurs cadres dirigeants de l'UDI lors de séances et stages qui avaient lieu à l'intérieur de la Colonie Dignidad. Dans ce site, une enclave néo-nazie installée depuis le début des années 60 par des immigrants allemands dans la commune de Parral, au sud du Chili, a longtemps fonctionné un lieu ultrasecret de détention et torture pendant la dictature d'Augusto Pinochet. Des nombreux prisonniers politiques y ont été emmenés et ont ensuite disparu à jamais, tués sans doute sur place. C’est là que Jaime Guzmán, invité d’honneur de la sinistre Colonie Dignidad faisait la formation politique et endoctrinait ses disciples, les actuels cadres de son parti, aujourd’hui ministres et dirigeants.
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Depuis 1989 et jusqu’à son assassinat en 1991, Jaime Guzmán était sénateur UDI élu avec une très faible votation, grâce au système binominal prévu par « sa » Constitution de 1980, profondément anti-démocratique. Guzmán est considéré le principal support théorique, l'idéologue de la dictature militaire, et un icône de la droite ultra-catholique chilienne.
Guy Desmurs.