lundi 2 décembre 2019

CHILI : LE MOUVEMENT SOCIAL PÈSE SUR L’ÉCONOMIE


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DEPUIS LE DÉBUT DE LA CONTESTATION QUI A PRIS LE PAYS
 PAR SURPRISE, LA MONNAIE CHILIENNE A PERDU
PRÈS DE 15 % DE SA VALEUR FACE AU DOLLAR.
PHOTO MARTIN BERNETTI/AFP
Analyse Le dynamisme chilien commence à pâtir des tensions sociales qui secouent le pays depuis un mois et demi. Le peso est au plus bas face au dollar.
Pays réputé pour sa réussite et sa stabilité économiques, le Chili commence à constater l’impact du mouvement social né le 18 octobre sur son activité. La conséquence directe la plus spectaculaire est la chute du peso, qui a battu de nombreux records à la baisse face au dollar.

Le peso en forte chute


Depuis le début de la contestation qui a pris le pays par surprise, la monnaie chilienne a perdu près de 15 % de sa valeur face au dollar. Fin novembre, elle a battu plusieurs records à la baisse, le billet vert s’échangeant brièvement autour de 840 pesos jeudi 28 novembre. Avant la crise, le dollar n’avait jamais dépassé 761 pesos, et c’était en 2002.

Cette dégringolade inédite a poussé les autorités monétaires à intervenir de manière massive : constatant que « les événements survenus dans notre pays au cours des dernières semaines pesaient sur le fonctionnement normal de l’économie », la Banque centrale a annoncé jeudi 28 novembre qu’elle allait consacrer 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) à la défense de la monnaie nationale.

L’annonce de cette intervention, la plus massive depuis la libéralisation complète du change en 1999, semble avoir, en partie au moins, rassuré les marchés, le peso retrouvant quelques couleurs vendredi 29 novembre en fin de journée. Un sursaut qui reste à confirmer lundi 2 décembre. Une première intervention de la Banque centrale à la mi-novembre, à hauteur de 4 milliards de dollars, avait été vaine.

Un impact sur l’emploi


Cette chute de la monnaie chilienne n’est pas la seule conséquence économique du mouvement social et de l’incertitude dans laquelle se trouve plongé le Chili (17,5 millions d’habitants). Le président Sebastian Piñera, un homme d’affaires élu fin 2017 sur la promesse d’une relance de l’économie, fait face à une impopularité jamais atteinte par un de ses prédécesseurs depuis le retour de la démocratie il y a 30 ans.


Selon Ignacio Briones, ministre des finances, la situation du marché de l’emploi pourrait se dégrader rapidement. À la mi-novembre, il avait estimé qu’en cas de prolongation du mouvement, dont les manifestations et grèvent pèsent sur les activités commerciales, quelque 300 000 personnes pourraient venir gonfler les chiffres du chômage. Le taux de chômage, de l’ordre de 7 % aujourd’hui, pourrait ainsi approcher les 10 % d’ici à la fin de l’année.

Rencontre avec les syndicats


L'EXÉCUTIF A RENCONTRÉ LES REPRÉSENTANTS 
D'UN COLLECTIF À L'ORIGINE DES APPELS À MANIFESTER
PHOTO MARITO AGUILAR AGENCIA UNO 
C’est dans ce contexte que le gouvernement chilien s’est réuni pour la première fois, jeudi 28 novembre, avec des représentants de la « Plateforme d’unité sociale », un collectif d’organisations sociales et syndicales à l’origine de nombreux appels à manifester.

Figurent en particulier dans ce collectif la Centrale unitaire des travailleurs, plus puissant syndicat du pays, l’organisation professionnelle des professeurs ou encore le collectif « No + AFP » qui réclame la fin du système de retraites privatisé chilien, revendication majeure des manifestants.

Les premières mesures sociales annoncées en octobre par le gouvernement sont jugées très insuffisantes par un mouvement qui réclame des réformes structurelles, dont le remplacement du système de retraites par capitalisation individuelle, hérité de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), par un système par répartition.

En 42 jours, le mouvement de contestation a fait 23 morts, dont cinq après l’intervention des forces de l’ordre, et plus de 2 000 blessés. Parmi eux, près de 300 personnes ont été grièvement touchées aux yeux par les tirs de chevrotine de la police contre les manifestants.