samedi 11 juillet 2020

EN ESPAGNE, PEDRO SANCHEZ FLIRTE AVEC LES LIBÉRAUX DE CIUDADANOS

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« LA TENTATION » 
DESSIN ENEKO LAS HERAS 
Sous l’impulsion de sa nouvelle présidente, Inès Arrimadas, Ciudadanos apporte son soutien à l’exécutif.
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Il ne compte que dix députés. Le parti libéral Ciudadanos s’est cependant rendu indispensable au fragile gouvernement de gauche mené par le socialiste Pedro Sanchez. Alors que les indépendantistes de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), qui avaient soutenu son investiture, lui font défaut, ce sont les libéraux qui ont permis à la coalition entre le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Podemos (gauche radicale) – qui ne compte que 155 des 350 députés au Parlement – de voter les prolongations successives de l’état d’alerte durant la pandémie due au coronavirus, le décret de «nouvelle normalité» qui régule les mesures de prévention sanitaire actuelles, ou les mesures économiques visant à préserver l’emploi.

Vendredi 3 juin, c’est encore grâce à Ciudadanos que la coalition a pu faire approuver les conclusions de la «commission de reconstruction». Et le gouvernement devrait enfin pouvoir négocier avec lui la prochaine loi de finances 2021, clé pour l’avenir de la législature. De quoi éloigner le spectre de nouvelles élections anticipées, une échéance que pouvait redouter le gouvernement minoritaire, critiqué pour sa gestion de la pandémie.


« Ciudadanos semble avoir décidé d’être un parti d’Etat, qui cherche des solutions à la crise. Nous allons voir jusqu’où va son soutien. Il est trop tôt pour savoir s’il est solide, mais notre intention se confirme de terminer la législature grâce au dialogue», souligne, auprès du Monde, un responsable du gouvernement. Du côté de Ciudadanos, on confirme une prédisposition à négocier la loi de finances « par responsabilité ». «Mais il est de la responsabilité de Pedro Sanchez de présenter un budget modéré, soutenu par le patronat et des syndicats, et destiné à résoudre l’urgence économique, sans sectarisme », explique une source de Ciudadanos.

« Rompre la logique de blocs »


Le parti libéral se rapproche ainsi du centre sous l’impulsion de sa nouvelle présidente, Ines Arrimadas, élue en mars à la tête du parti après le départ d’Albert Rivera. Et tente de faire oublier le virage à droite pris en 2018, alors dans l’idée de remplacer le Parti populaire (PP, droite), et qui s’est soldé par une débâcle électorale en novembre 2019.

« Ciudadanos semble revenir à ce qu’il était en 2016 : un parti qui cherche à rompre la logique de blocs, entre droite et gauche, afin de régénérer la politique, et dont le principal objectif est d’empêcher que les partis nationalistes [régionaux] soient décisifs dans la politique espagnole », résume Pablo Simon, professeur de science politique de l’université Charles-III de Madrid. « Ciudadanos va essayer d’être utile », a simplement prévenu Ines Arrimadas début mai, se fixant deux objectifs : « Eviter que l’ERC marque la politique territoriale du pays et que Podemos définisse la politique économique. »