Il s’agit des camarades Guillermo Teillier (président du PCCh), Lautaro Carmona (secrétaire général) et Hugo Gutiérrez, un de ces tenaces avocats des Droits de l’Homme qui, avec d’autres camarades comme Eduardo Contreras, Fabiola Letelier ou Nelson Caucoto, ont réussi à rompre l’impunité des agents de la répression de la dictature militaire.
L’élection de trois députés communistes, grâce à l’accord électoral signé par le PCCh et la Concertation (1) afin de rompre la loi électorale imposée à l’époque par Pinochet pour exclure la gauche du Congrès National, possède un fond politique significatif et aussi, émouvant. Lors de la soirée électorale, quand a été confirmée la victoire de Teillier dans les quartiers populaires de San Miguel, Pedro Aguirre Cerda et Lo Espejo (dans la région métropolitaine de Santiago), les militants, sympathisants et dirigeants réunis au Comité Central ont entonné les couplets de L’Internationale.
Et il y avait de quoi, après la brutale répression fasciste qui a assassiné deux directions clandestines entières en 1976 et des centaines de militants, des années d’anti-communisme grossier, d’une Transition convenue par les forces réformatrices et la dictature sous les auspices de Washington. À partir du 11 mars prochain, trois communistes reviendront occuper un siège parmi les 120 de la Chambre des Députés, ce qui n’était pas arrivé depuis septembre 1973, quand le Parti en avait 26, en plus de 9 sénateurs (sur 50), dont des camarades comme Luis Corvalán, Volodia Teitelboim, Jorge Insunza ou Gladys Marín.
Ainsi, le candidat présidentiel de la gauche, le socialiste pro-Allende Jorge Arrate, a obtenu le meilleur score atteint par cette tendance depuis la fin de la dictature, 6,21 % des voix, un pourcentage considérable, mais aussi révélateur du long chemin qu’il reste à parcourir au Chili pour convertir de nouveau la gauche en alternative de pouvoir. En tout cas, l’appui obtenu par Arrate, qui se nourrit essentiellement de l’électorat communiste, sera décisif pour la prochaine bataille qu’affrontent les forces démocratiques au Chili : battre la droite au second tour de l’élection présidentielle, qui aura lieu le 17 janvier et verra s’affronter le conservateur Sebastián Piñera et le chrétien-démocrate Eduardo Frei, candidat de la Concertation.
Le processus de décomposition dont souffre la Concertation, confirmé par les 29 % obtenu par Frei le 13 décembre et les surprenants 20 % atteint par le rebelle Marco Enríquez-Ominami (ex-militant socialiste), ouvre, néanmoins, un processus politique intéressant. Le 19 décembre, le Comité Central du PCCh a approuvé d’appeler à voter pour Eduardo Frei au second tour après que celui-ci eût accepté les douze points de programme qui lui ont été présentés. Frei est conscient qu’il ne pourra gouverner à partir du 11 mars que s’il est capable de construire une nouvelle majorité politique, qui aille au-delà des frontières de la Concertation et incorpore certaines propositions de la gauche, essentiellement l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui remplace celle qui a été héritée de la dictature.
Parce que ce ne sera pas une couleuvre facile à avaler pour beaucoup de gens de gauche que de voter pour ce candidat le 17 janvier. A l’hostilité de la Démocratie Chrétienne envers les gouvernements d’Evo Morales, et par dessus tout, d’Hugo Chávez, s’ajoute le bilan de son mandat présidentiel précédent (1994-2000), caractérisé par son adhésion sans critiques au modèle néo-libéral et son travail diplomatique intense pour obtenir le retour de Pinochet de Londres.
Néanmoins, une victoire de la droite (ce serait la première à l’élection présidentielle depuis 1958 et la seconde depuis 1932) signifierait un retour en arrière aux temps de la dictature, parce que les politiques économiques néo-libérales les plus orthodoxes seraient restaurées et en matière de politique internationale, le gouvernement de Piñera pourrait se convertir en un coup de poignard de l’impérialisme dans le cœur de l’Amérique Latine.
Le 11 mars prochain, le parti Communiste, la principale force de la gauche chilienne, reviendra au Parlement. Avec lui, les luttes et les exigences des travailleurs et du peuple retourneront au centre de la politique nationale. Hier avec Neruda, Volodia et Gladys, aujourd’hui avec Guillermo, Lautaro et Hugo. Mais auparavant, face au 17 janvier, il s’apprête à construire un programme politique qui permette l’union des forces démocratiques et empêche le retour à l’obscurantisme.
Le 18 juin 1947, le sénateur Pablo Neruda a pris la parole pour défendre la lutte du Parti Communiste aux côtés du peuple. C’était au cours des mois qui précédaient l’approbation de la loi qui décrétait l’illégalité du Parti et la persécution de ses militants, dont le poète, qui a dû s’exiler à cheval par les chemins abrupts de la Cordillère des Andes. Au Sénat, Pablo Neruda a proclamé : « Le Parti Communiste a surgi des entrailles du peuple et a été une force fondamentale pour le progrès social, la défense de la souveraineté de la patrie et l’éducation civique des masses populaires… Nous, communistes chiliens, continuerons avec plus de fermeté la lutte sur notre territoire pour une vie plus digne pour le peuple chilien et nous saluons la lutte de tous les peuples pour leur libération aux quatre coins du monde».
Le 11 mars, Pablo Neruda reviendrait au Parlement et, avec lui, Luis Emilio Recabarren, Elías Lafferte, Ricardo Fonseca, Galo González, Julieta Campusano, Eduardo Miño, Luis Alberto Corvalán, Víctor Jara, Enrique París, Víctor Díaz, Fernando Ortiz, José Manuel Parada, Daniel Menco, Ramona Parra, José Weibel, Volodia Teitelboim et des milliers et des milliers de communistes anonymes qui ont consacré et consacrent leurs vies à construire le socialisme au Chili.
L’élection de trois députés communistes, grâce à l’accord électoral signé par le PCCh et la Concertation (1) afin de rompre la loi électorale imposée à l’époque par Pinochet pour exclure la gauche du Congrès National, possède un fond politique significatif et aussi, émouvant. Lors de la soirée électorale, quand a été confirmée la victoire de Teillier dans les quartiers populaires de San Miguel, Pedro Aguirre Cerda et Lo Espejo (dans la région métropolitaine de Santiago), les militants, sympathisants et dirigeants réunis au Comité Central ont entonné les couplets de L’Internationale.
Et il y avait de quoi, après la brutale répression fasciste qui a assassiné deux directions clandestines entières en 1976 et des centaines de militants, des années d’anti-communisme grossier, d’une Transition convenue par les forces réformatrices et la dictature sous les auspices de Washington. À partir du 11 mars prochain, trois communistes reviendront occuper un siège parmi les 120 de la Chambre des Députés, ce qui n’était pas arrivé depuis septembre 1973, quand le Parti en avait 26, en plus de 9 sénateurs (sur 50), dont des camarades comme Luis Corvalán, Volodia Teitelboim, Jorge Insunza ou Gladys Marín.
Ainsi, le candidat présidentiel de la gauche, le socialiste pro-Allende Jorge Arrate, a obtenu le meilleur score atteint par cette tendance depuis la fin de la dictature, 6,21 % des voix, un pourcentage considérable, mais aussi révélateur du long chemin qu’il reste à parcourir au Chili pour convertir de nouveau la gauche en alternative de pouvoir. En tout cas, l’appui obtenu par Arrate, qui se nourrit essentiellement de l’électorat communiste, sera décisif pour la prochaine bataille qu’affrontent les forces démocratiques au Chili : battre la droite au second tour de l’élection présidentielle, qui aura lieu le 17 janvier et verra s’affronter le conservateur Sebastián Piñera et le chrétien-démocrate Eduardo Frei, candidat de la Concertation.
Le processus de décomposition dont souffre la Concertation, confirmé par les 29 % obtenu par Frei le 13 décembre et les surprenants 20 % atteint par le rebelle Marco Enríquez-Ominami (ex-militant socialiste), ouvre, néanmoins, un processus politique intéressant. Le 19 décembre, le Comité Central du PCCh a approuvé d’appeler à voter pour Eduardo Frei au second tour après que celui-ci eût accepté les douze points de programme qui lui ont été présentés. Frei est conscient qu’il ne pourra gouverner à partir du 11 mars que s’il est capable de construire une nouvelle majorité politique, qui aille au-delà des frontières de la Concertation et incorpore certaines propositions de la gauche, essentiellement l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui remplace celle qui a été héritée de la dictature.
Parce que ce ne sera pas une couleuvre facile à avaler pour beaucoup de gens de gauche que de voter pour ce candidat le 17 janvier. A l’hostilité de la Démocratie Chrétienne envers les gouvernements d’Evo Morales, et par dessus tout, d’Hugo Chávez, s’ajoute le bilan de son mandat présidentiel précédent (1994-2000), caractérisé par son adhésion sans critiques au modèle néo-libéral et son travail diplomatique intense pour obtenir le retour de Pinochet de Londres.
Néanmoins, une victoire de la droite (ce serait la première à l’élection présidentielle depuis 1958 et la seconde depuis 1932) signifierait un retour en arrière aux temps de la dictature, parce que les politiques économiques néo-libérales les plus orthodoxes seraient restaurées et en matière de politique internationale, le gouvernement de Piñera pourrait se convertir en un coup de poignard de l’impérialisme dans le cœur de l’Amérique Latine.
Le 11 mars prochain, le parti Communiste, la principale force de la gauche chilienne, reviendra au Parlement. Avec lui, les luttes et les exigences des travailleurs et du peuple retourneront au centre de la politique nationale. Hier avec Neruda, Volodia et Gladys, aujourd’hui avec Guillermo, Lautaro et Hugo. Mais auparavant, face au 17 janvier, il s’apprête à construire un programme politique qui permette l’union des forces démocratiques et empêche le retour à l’obscurantisme.
Le 18 juin 1947, le sénateur Pablo Neruda a pris la parole pour défendre la lutte du Parti Communiste aux côtés du peuple. C’était au cours des mois qui précédaient l’approbation de la loi qui décrétait l’illégalité du Parti et la persécution de ses militants, dont le poète, qui a dû s’exiler à cheval par les chemins abrupts de la Cordillère des Andes. Au Sénat, Pablo Neruda a proclamé : « Le Parti Communiste a surgi des entrailles du peuple et a été une force fondamentale pour le progrès social, la défense de la souveraineté de la patrie et l’éducation civique des masses populaires… Nous, communistes chiliens, continuerons avec plus de fermeté la lutte sur notre territoire pour une vie plus digne pour le peuple chilien et nous saluons la lutte de tous les peuples pour leur libération aux quatre coins du monde».
Le 11 mars, Pablo Neruda reviendrait au Parlement et, avec lui, Luis Emilio Recabarren, Elías Lafferte, Ricardo Fonseca, Galo González, Julieta Campusano, Eduardo Miño, Luis Alberto Corvalán, Víctor Jara, Enrique París, Víctor Díaz, Fernando Ortiz, José Manuel Parada, Daniel Menco, Ramona Parra, José Weibel, Volodia Teitelboim et des milliers et des milliers de communistes anonymes qui ont consacré et consacrent leurs vies à construire le socialisme au Chili.
Mario Amorós
Traduction : Jean-Michel Hureau
(1) Coalition de socialistes et chrétiens-démocrates qui gouvernent le pays depuis 1990 Ndt : La Concertation regroupe la DC, le PS, le PPD et le PRSD