dimanche 28 avril 2019

L’EMBARGO AMÉRICAIN SUR LE PÉTROLE VÉNÉZUÉLIEN ENTRE EN VIGUEUR


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L’EMBARGO AMÉRICAIN SUR LE PÉTROLE 
VÉNÉZUÉLIEN ENTRE EN VIGUEUR 
C’est une offensive directe contre le pilier de la fragile économie vénézuélienne. L’embargo américain sur le pétrole vénézuélien, qui représente 96 % du revenu national, est entré en vigueur, dimanche 28 avril. Une opération lancée par Washington dans le but affiché de pousser le président Nicolas Maduro vers la sortie.
«C’EST UNE POLITIQUE VAINE, CRUELLE, ILLÉGALE ET VOUÉE À L’ÉCHEC, QUI NUIT GRAVEMENT AU PEUPLE VÉNÉZUÉLIEN. »
Le Monde avec l'AFP
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UNE STATION-SERVICE DE LA COMPAGNIE
VÉNÉZUÉLIENNE PDVSA, À CUPIRA.
PHOTO MARCO BELLO / REUTERS
À compter de 00 h 01, l’embargo interdit, en effet, à toute entreprise américaine d’acheter du pétrole à la compagnie pétrolière publique PDVSA ou l’une de ses filiales, et à toute entité étrangère d’utiliser le système bancaire américain pour se fournir en or noir vénézuélien. Cette mesure avait été décidée par le président Donald Trump pour renverser le gouvernement vénézuélien au profit de l’opposant Juan Guaido, président par intérim autoproclamé et reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont la plupart de ceux d’Amérique latine.

Lourdes conséquences


Le Venezuela exportait fin 2018 un demi-million de barils par jour vers les États-Unis, et trois quarts de ses revenus pétroliers provenaient de clients américains. La filiale américaine de PDVSA, Citgo, possède des raffineries, des oléoducs et des participations dans des terminaux pétroliers sur le sol américain, et des milliers de stations-essence portent l’enseigne Citgo sous statut de franchise. Washington a gelé les fonds aux Etats-Unis de Citgo, confiant leur contrôle à Juan Guaido. Celui-ci a nommé une nouvelle direction à la tête de la filiale américaine, laquelle peut ainsi continuer à fonctionner.

Ces sanctions américaines ne seront pas sans conséquence, d’autant qu’elles s’appliquent à toutes les sociétés étrangères entretenant des liens avec les Etats-Unis, ce qui couvre la quasi-totalité de la planète. Ainsi, l’Inde – troisième importateur de pétrole vénézuélien en 2017 après la Chine et les Etats-Unis – a déjà commencé à se retirer en prévision des sanctions internationales.

Contrairement aux apparences, ce ne sont pas les exportations de pétrole qui comptent le plus pour le Venezuela, mais ses importations : l’économie du pays dépend en effet de l’importation de 120 000 barils par jour de brut léger, qui doit être mélangé à son brut plus lourd pour le rendre utilisable. Caracas devra se tourner vers d’autres fournisseurs, ce qui va accroître ses coûts de production.

« Détruire l’économie du Venezuela »


Les États-Unis rendent Nicolas Maduro, réélu en juillet 2017 au cours d’un scrutin qui n’a été reconnu ni par l’Union européenne, ni par les Etats-Unis, responsable de la crise économique actuelle. Le FMI prévoit une chute du PIB de 25 % cette année au Venezuela, ainsi qu’une hyper-inflation de 10 000 000 % et un taux de chômage de 44,3 %. Quelque 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2015, face aux pénuries de biens de première nécessité et de médicaments, selon les chiffres de l’ONU.

Mais les États-Unis promettent d’aider le pays à se remettre sur pied une fois le président vénézuélien parti. L’émissaire américain Elliott Abrams a ainsi affirmé jeudi que « des dizaines de milliards de dollars » seront alloués pour relancer l’économie du pays « lorsqu’il y aura un gouvernement d’ouverture représentant tous les Vénézuéliens ».

Mais dans une étude publiée en avril, deux économistes américains progressistes, Mark Weisbrot et Jeffrey Sachs, préviennent que l’embargo aura de lourdes conséquences pour la population civile. « Les sanctions américaines sont délibérément conçues pour détruire l’économie du Venezuela », affirme M. Sachs dans cette étude. « C’est une politique vaine, cruelle, illégale et vouée à l’échec, qui nuit gravement au peuple vénézuélien. »
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