samedi 10 juillet 2010

Eclipse de soleil: l'île de Pâques s'apprête à voir sa population doubler

Eclipse Totale de Soleil. Le 11 juillet 2010. Photo la Diffusion.
Quatre vols, transportant 1.032 passagers, sont attendus pour la seule journée de dimanche à l'aéroport de Mataveri, qui n'accueille normalement qu'un seul vol par jour. Douze bateaux sont aussi arrivés tout au long de la semaine.
L'éclipse de soleil totale commencera en Polynésie française à 18H37 GMT. L'ombre de la lune recouvrira ensuite l'île de Pâques et ses mystérieuses statues géantes de pierre (Moai) à la mi-journée, puis la partie continentale du Chili et l'Argentine.
Pour l'occasion, les 4.000 habitants de l'île de Pâques se préparent à recevoir plus de 4.000 visiteurs.
"L'île est capable d'absorber cette quantité de touristes, comparable à celle que nous avons en janvier", durant l'été austral, assure à l'AFP le gouverneur de l'îlot de 160 km2, Pedro Edmunds Paoa.
Les autorités ont renforcé les effectifs de sécurité et nombre d'habitants ont aménagé leurs cabanes pour pouvoir héberger davantage de personnes, selon Luz del Carmen Zasso, maire de la capitale, Hanga Roa.
Mais cet afflux massif ravive les peurs d'une partie de la population polynésienne qui avait immobilisé l'aéroport en août dernier pour réclamer des garde-fous concernant la durée de séjour des touristes et l'immigration.
Trois mois plus tard, le gouvernement chilien a envoyé au parlement un projet de loi pour réguler le nombre de touristes entrant dans l'île et empêcher que certains ne s'y installent définitivement.
Chaque année, 50.000 touristes visitent les plages, les paysages volcaniques et les statues de pierre de ce territoire classé au Patrimoine de l'humanité par l'Unesco.
La majorité des habitants de l'île sont des Rapa Nui, une ethnie polynésienne, mais la population non autochtone a augmenté de 30% ces dernières années.
Cela a ravivé les problèmes de promiscuité dans cet espace réduit, où les colons avaient introduit des maladies européennes et réduit en esclavage la population polynésienne au XVIIIe siècle.
Les ressources sont en outre limitées; l'usage massif du bois par les Rapa Nui pour fabriquer canots et outils a contribué à la déforestation de cette île volcanique.
"Il faut prendre soin des ressources en eau, en énergie, de la gestion des déchets", avait prévenu Carmen Zasso en août.
Paula Vargas, chercheuse au centre d'études sur l'île de Pâques et l'Océanie de l'Université du Chili, voit cependant dans l'éclipse "une bonne occasion de renforcer l'économie locale, axée essentiellement sur le tourisme, qui a chuté après le tremblement de terre et le tsunami" du 27 février.
La catastrophe, qui a fait plus de 500 morts sur le continent chilien, a épargné l'île, même si elle avait été partiellement évacuée par précaution.
"Nous souhaitons montrer au monde que malgré le tremblement de terre, nous faisons toujours partie du circuit touristique", abonde Luz Zasso.
Les rues de Hanga Roa fourmillent déjà d'échopes vendant des souvenirs de l'éclipse et de l'artisanat rapa nui. Un festival de musique électronique est aussi prévu du 11 au 15 juillet.
"Toutes les mesures pour protéger le patrimoine et l'environnement ont été prises", assure Luz Zasso qui appelle les touristes à respecter les lieux, car "l'île de Pâques est un musée en plein air".