vendredi 23 juillet 2010

L’Église chilienne appelle à la clémence pour les militaires de la dictature

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Le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, Président de la République, accueillant le cardinal Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque de Santiago, au palais présidentiel, mercredi 21 juillet 2010. Photo Hugo Adonis
Plus de 36 ans après le coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili, une génération est passée et la société a changé. Mais les blessures d’hier restent toujours ouvertes. La proposition de l’Église catholiques appelant à la clémence pour certains militaires coupables de violations des droits de l’homme sous la dictature, entre 1973 et 1990, remise mercredi au président Sebastian Piñera suscite ainsi des controverses.
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Le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, Président de la République, accueillant le cardinal Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque de Santiago, au palais présidentiel, mercredi 21 juillet 2010. Photo Hugo Adonis
Depuis le départ de Pinochet en 1990, l’Église catholique du Chili multiplie les appels à la réconciliation nationale. Certains responsables catholiques avaient d’abord considéré comme une « délivrance divine » le coup d’État militaire de 1973, avant de prendre leurs distances avec le régime, et de condamner les exactions commises sous la dictature, qui ont causé la mort de plus de 3 000 opposants. L’Église avait également beaucoup œuvré avec succès pour un retour progressif à la démocratie.
Sebastian Piñera a plutôt bien accueilli la proposition
Dans un pays où 72% de la population se dit catholique, la dernière proposition des évêques ne fait pas consensus. L’appel à la clémence suscite une vive opposition de la gauche, notamment le parti d’opposition de centre gauche, qui a beaucoup souffert de la répression après le coup d’État de Pinochet, et des familles de victimes, qui ont manifesté leur colère. Pour eux, il ne peut y avoir de paix sans justice, d’autant plus que la justice au Chili a été longue et difficile à obtenir.

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Le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, Président de la République, accueillant le cardinal Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque de Santiago, au palais présidentiel, mercredi 21 juillet 2010. Photo Hugo Adonis
Sebastian Piñera, premier président de droite depuis le retour à la démocratie, a plutôt bien accueilli la proposition. Élu en 2009, il incarne une droite modérée, qui a pris ses distances à l’égard de l’ancien dictateur. En 1988, il avait voté « non » au plébiscite de 1988 par lequel le général Pinochet avait tenté de se maintenir au pouvoir.
À l’approche du bicentenaire de l’indépendance du Chili, les conseillers du président ont déclaré que ce dernier prendra une décision reposant sur des critères de « vérité, de justice, d’unité nationale et des considérations humanitaires ».

Julien DURIEZ