17 pays, tous bords confondus, et 8 anciens présidents de la République, étaient présents pour débattre de l'état des relations entre les deux continents, de la crise internationale mais aussi de la situation de millions de migrants de par le monde. Il était inévitable, hors tables rondes, débats et conférences, d'évoquer l'encombrant mais indispensable voisin du nord.
« Les illégaux n'existent pas ».
L'ancien président de la République chilienne, Ricardo Lagos, l'homme qui a dit non à Bush lorsque celui-ci l'exhortait de le suivre dans sa croisade irakienne, a fustigé les relations uniquement commerciales que les États-Unis proposent au Sud. Avec l'élection à la Maison-Blanche, il espère que les choses vont changer et que de nouvelles règles seront instaurées face au marché unique. Peut-être sera-t-il là pour apprécier la nouvelle politique américaine, puisqu'il se chuchote qu'il pourrait se présenter à nouveau à la prochaine élection présidentielle du Chili.
En attendant, l'Histoire avec l'Espagne puis avec les États-Unis a rendu le Sud-Américain prudent. Personne ne veut s'enflammer ni pour Obama ni pour McCain. On demande à voir. « Ce qui est clair, c'est qu'il faut un changement radical. Il va falloir remettre les citoyens au premier plan. Les illégaux n'existent pas. Ce qui est illégal, ce sont les pratiques des États. Si la nécessité de réguler l'immigration s'impose, il faut le faire dans le droit », estime Gustavo Jalkh.
Le ministre de la Justice et des Droits de l'homme équatorien s'en prend ouvertement à la politique nord-américaine mais aussi européenne en matière d'immigration. Il aurait plutôt tendance à faire confiance à Barack Obama. « Si ce qu'il se propose de faire était mis en action, nous y gagnerions tous. Mais pour l'instant, nous sommes dans l'expectative », déclare-t-il. Gustavo Jalkh se félicite de la nouvelle Constitution que vient d'adopter son gouvernement, approuvée par référendum par 66 % de la population. Il espère que ce vent démocratique conduira de nombreux Équatoriens à revenir au pays. « Mais avant, il faut que notre secrétariat des migrants prépare la maison pour qu'ils soient accueillis dans les meilleures conditions possible. »
Narcotrafiquants.
Même son de cloche chez le ministre du Développement social mexicain, Ernesto Cordero Arroyo. « Ce que nous espérons du nouveau président américain, c'est qu'il comprenne l'énorme contribution que les Mexicains ont apporté à son pays. Qu'il accepte de coopérer comme il se doit dans la lutte contre les narcotrafiquants, en rendant la frontière plus sûre. Les deux candidats ont envoyé des signaux positifs, et il faut espérer que ce qui reste du mur de 300 kilomètres qui nous sépare tombe complètement. »
Le représentant officiel du président Felipe Calderon préfère aujourd'hui se tourner vers l'Europe, qui est le principal investisseur au Mexique. Le puissant voisin n'est plus tout seul. Et comme en Équateur, le pays s'organise pour accueillir ses migrants de retour. Les petites et moyennes entreprises perçoivent ainsi des crédits à fonds perdus.
Année après année, l'Amérique latine se défait un peu plus de la tutelle « yankee ». Obama ou McCain devront tenir compte de cette nouvelle donne. Le Brésil, le Mexique et l'Argentine font partie du G20 que Washington accueillera, à l'initiative européenne, le 15 novembre. Tout un symbole.