jeudi 15 octobre 2009

Le Chili s'offusque d'une carte IGN sur sa frontière maritime avec le Pérou

Jose Antonio Viera-Gallo, ministre chilien à la Présidence, a déclaré à la presse que l'ambassadrice du Chili à Paris, Pilar Armanet, avait sollicité la chancellerie française pour "une explication" et au besoin une "rectification" de la carte, publiée mercredi par le quotidien péruvien El Comercio.

La carte "touristique" IGN, dont El Comercio ne précise pas la référence, montre la frontière maritime que le Pérou souhaiterait voir avalisée par la CIJ de La Haye, qu'il a saisie en 2008.

Il s'agit d'une ligne sud-ouest, une diagonale par rapport à la frontière actuelle réelle, parallèle au 18e Parallèle Sud à partir de la côte.

Quelque 60.000 km2 d'eaux très poissonneuses sont en jeu dans ce dossier, qui est aussi une question d'orgueil national, vieux legs de la guerre Pérou-Chili de 1879-83.

Selon le Chili, la question de cette zone a été réglée par des accords de pêche datant de 1952-54, établissant une "présence maritime" chilienne. Pour Lima, il ne s'agit en aucun cas d'une souveraineté définitive, laquelle devrait être fixée à la lumière de la Convention de l'ONU sur la Mer (1982).

La carte française, purement touristique, "n'a aucune influence sur le processus en cours" à la CIJ, a souligné mercredi M. Viera-Gallo.

Néanmoins, l'ambassadrice du Chili à Paris, à la demande de Santiago, "a demandé audience afin de transmettre la demande du Chili pour que cette carte, si elle est réellement celle publiée par El Comercio, soit rectifiée, car elle ne correspond ni à la réalité historique ni à celle juridique", a-t-il ajouté.

L'ambassade de France a Santiago a publié mercredi une mise au point de l'IGN, soulignant que la carte en question, diffusée par ses soins, est la réalisation d'une société allemande, Mairdumont, et a "un caractère essentiellement touristique".

La carte, en fait une série de cartes, "n'a aucun caractère topographique ni de représentation légale des frontières", ajoute l'IGN. La délimitation Chili-Pérou illustrée est "une limite de fuseau horaire", représentée "pour raison de commodité, par une ligne schématique perpendiculaire à la côte".

Ce nouvel épisode d'hyper-sensibilité entre Chili et Pérou intervient alors que le ministre chilien des Affaires étrangères Mariano Fernandez se trouve précisément à Paris, pour faire un point avec l'équipe de conseillers et d'avocats, dont plusieurs français, défendant le dossier chilien à la CIJ.