lundi 18 août 2014

PÉTITION AU CHILI POUR LA PUNITION DES VIOLS SOUS LA DICTATURE PINOCHET

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Un groupe de neuf femmes, des « survivantes » comme elles s'appellent elles-mêmes, est à l'initiative de cette pétition. Elles ont survécu à un centre de torture qui fonctionnait à Santiago, appelé « Venda Sexy » : « venda » parce que les détenues avaient la plupart du temps un bandeau sur les yeux qui les empêchaient de voir, et « sexy » pour les sévices sexuels qui s'y pratiquaient.

Il y a cinq mois, neuf de ces femmes se sont constituées en association. Alejandra Holzapfel était une militante de gauche à l'époque. Elle avait 19 ans quand elle a été arrêtée puis emmenée dans ce centre. C'est elle qui a rédigé la pétition, voici un court récit de ce qu'elle a vécu : « Les viols avec des chiens avaient lieu au centre Venda Sexy, surtout avec le chien que les militaires appelaient Volodia. Et je sens que, après cette expérience, ils m'ont détruite. Je n'ai pas pu finir mes études, après 2 ans en fac de médecine véterinaire. Evidemment, après ce que j'ai vécu, c'était très dur pour moi de faire face, à nouveau, à un aninal, un chien surtout. J'ai mis des années à me reconstruire.»

Reconnaissance du délit de torture

Ces femmes réclament un changement dans le code pénal chilien : elles souhaitent que la torture et la violence sexuelle politique soient reconnues comme délit. Elles aimeraient aussi que la ministre des Femmes les accompagne dans leurs démarches auprès des tribunaux car en mai dernier, Alejandra et trois autres de ses camarades d'infortune ont déposé la 1e plainte pour viol dans ce centre « Venda Sexy ». En juin, le ministre de la Justice a annoncé l'envoi d'un projet de loi qui créerait le délit de torture, car aujourd'hui, au Chili, aucun militaire, ni aucun civil d'ailleurs, n'est en prison pour avoir violé ou torturé pendant la dictature.

Il y a dix jours, la ministre des Femmes, Claudia Pascual s'est engagée à rencontrer ces femmes. Rendez-vous a été pris pour le 25 août. Entre temps la pétition a été actualisée : l'association y dénonce que le fait que seuls 59 militaires, sur 900 environ, se trouvent derrière les barreaux pour avoir tué ou séquestré pendant la dictature au Chili.,