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Les deux pays ont signé un accord de développement économique pour endiguer les flux migratoires. Un projet aux antipodes de la politique défendue par Trump.
Sommé par Donald Trump de durcir sa politique migratoire, le président mexicain a opté pour la politique de la main tendue à ses voisins. Face au flux de migrants centre-américains qui transitent par le Mexique pour gagner les États-Unis, Andres Manuel Lopez Obrador, surnommé Amlo, avance un « plan de développement intégral » pour la région, supervisé par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal). Cette dernière propose d’augmenter les investissements publics et privés à hauteur de 25 % du PIB dans le Triangle Nord (Salvador, Honduras et Guatemala), dont sont originaires l’immense majorité des migrants.
Le premier volet, « En semant la vie », a été implanté jeudi dernier à Tapachula, dans l’État du Chiapas, en présence d’Amlo et de son homologue salvadorien, Nayib Bukele. Le projet, qui vise à relancer les activités économiques pour endiguer l’immigration clandestine, prévoit un reboisement sur 200 000 hectares, qui accueilleront également des productions de café, cacao et maïs. Il en sera de même au Salvador sur une superficie de 50 000 hectares, avec à la clé la création de 20 000 emplois, que pourraient également occuper des migrants. Mexico a déjà déboursé 30 millions de dollars sur un montant de 100 millions de dollars « sans conditions politiques, ni économiques, ni financières », a précisé le ministre mexicain des Relations étrangères, Marcelo Ebrard. L’investissement annuel a été chiffré à 10 milliards de dollars. Il pourrait financer des coopérations dans d’autres domaines, comme l’énergie, avec un système de connexion électrique entre les quatre pays, ou encore la construction d’écoles. La région n’avait pas connu une telle initiative depuis 2001, lorsque le Mexique avait lancé le plan Puebla-Panama, censé aider au développement du sud du pays et de l’Amérique centrale, avec un investissement de 20 milliards de dollars sur dix ans.
Lors de la cérémonie de clôture, le président mexicain a rappelé que, depuis son investiture, il n’a cessé d’interpeller Donald Trump, en plaidant auprès du locataire de la Maison-Blanche pour la création de projets productifs afin de réduire la pauvreté et les violences, à l’origine du phénomène migratoire dans la région. « Les gens ne quittent pas leurs communautés, leurs villages par plaisir, mais par nécessité », a-t-il souligné.
Trump a menacé son voisin mexicain de sanctions économiques
Ce projet de développement régional est aux antipodes de l’accord convenu entre le Mexique et les États-Unis. Washington a mis la pression sur le gouvernement d’Amlo pour qu’il redouble d’efforts – y compris militaires – afin d’empêcher l’immigration clandestine, estimée en moyenne à 2 800 personnes par jour au mois de mai. Le président Trump est allé jusqu’à menacer son voisin de sanctions, en appliquant des taxes de 5 % sur les importations mexicaines, voire de 25 % si Mexico ne refoulait pas les migrants. Les pertes économiques auraient été colossales, avec une chute de 1 % du PIB et la destruction de près 1,2 million d’emplois. De guerre lasse, Andres Manuel Lopez Obrador a été contraint de s’aligner sur les injonctions de Donald Trump. Désormais, 6 000 agents patrouilleront à la frontière du Guatemala, et notamment sur les quarante principaux points de passage empruntés par les migrants.
Les organisations des droits humains ont fait part de leur inquiétude quant à la militarisation du problème. Elles craignent – à juste titre – qu’elle renforce le crime organisé spécialisé dans les routes de l’immigration clandestine.
Cathy Dos Santos
TAG : #migrants #mexique #salvador
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