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La Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme est la nouvelle cible de Jair Bolsonaro. Après avoir déploré mercredi à Genève un « rétrécissement » démocratique, Michelle Bachelet s'est attiré les foudres du président brésilien.
Un an après son entrée en fonctions, la Chilienne a déploré devant la presse les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme, dont au moins huit ont été tués de janvier à juin, et la société civile au Brésil. Sur la même période, les décès par balles ont augmenté dans les grandes villes d'au moins 12% par rapport à l'année précédente.
« Nous avons observé une augmentation marquée des violences policières » et le discours politique « légitime les exécutions sommaires », a affirmé la Haute commissaire. Et de dénoncer aussi la libéralisation des armes défendue par Jair Bolsonaro et ses déclarations sur la dictature brésilienne.
Mme Bachelet suit avec « inquiétude » les violences contre les autochtones en Amazonie, visés en raison de leur volonté de préserver les ressources de la zone. Un tiers des incendies récents ont eu lieu dans leurs territoires. Mardi, Jair Bolsonaro a à nouveau affirmé vouloir étendre l'exploitation économique de la forêt tropicale.
Quelques heures après les déclarations de Mme Bachelet, le président brésilien a accusé la Chilienne de s'en prendre à son pays « dans la lignée" du chef de l'État français Emmanuel Macron qui avait dénoncé la situation en Amazonie. Il a accusé la Haute commissaire de « s'ingérer contre le Brésil dans l'agenda des droits de l'homme » en défendant ceux « qui attaquent nos courageux policiers civils et militaires ».
Migrants aux États-Unis
Parmi les autres questions mentionnées par Mme Bachelet, l'ONU a vérifié le décès de 1089 civils à Idleb et dans les zones proches de cette ville syrienne depuis la reprise des raids en avril. Des chiffres « honteux », selon elle.
Parmi ces victimes, 1031 peuvent être attribuées aux bombardements menés par les forces gouvernementales et leurs alliés sur ces régions du nord-ouest du pays, a affirmé la Haute commissaire. Autre inquiétude, plus de 50 infrastructures de santé ont été ciblées sur la même période.
Mme Bachelet est aussi inquiète par la situation des migrants qui tentent de rejoindre les États-Unis. Elle souhaite que le cas de chacun d'entre eux soit examiné avant un renvoi et conteste le scénario d'une modification des strictes limites en centres de rétention pour les enfants migrants.
L'administration de Donald Trump a annoncé récemment vouloir remettre en cause cette période maximale de vingt jours. Cette politique violerait les conventions internationales et le droit international, a affirmé la Haute commissaire qui s'est dite « vraiment inquiète » des délais des demandes d'asile qui peuvent prendre jusqu'à deux ans.
Appel à Carrie Lam
Plus largement, Mme Bachelet a lancé un appel général à « renoncer à la violence » face aux nombreuses manifestations dans le monde, de Hong Kong au Cachemire. « Il y a un besoin désespéré de dialogue », a-t-elle expliqué à quelques jours du début lundi de la session du Conseil des droits de l'homme. Elle a demandé aux autorités de ces zones de discuter avec ceux qui exercent leurs droits.
À Hong Kong notamment, Michelle Bachelet est en contact avec la cheffe de l'exécutif local Carrie Lam qu'elle a encouragée à poursuivre une approche mesurée avec les protestataires. Si la majorité des manifestants sont pacifiques, elle se dit aussi « perturbée » par les attitudes qui pourraient provoquer une détérioration de la situation.
En Afrique, une équipe technique du Haut-commissariat se rendra dans la semaine au Cameroun pour évaluer la situation dans le nord et le sud-ouest du pays. Depuis deux ans, un conflit oppose les forces armées camerounaises à des séparatistes anglophones dans ces régions.
Le bureau de Mme Bachelet a aussi reçu récemment des accusations d'exécutions extrajudiciaires dans la lutte contre le terrorisme au Mali. La Haute commissaire déplore aussi « le manque d'avancées »