jeudi 4 octobre 2012

LA BOLIVIE DÉPOSE UNE PÉTITION CONTRE LE CHILI

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Les conquêtes chiliennes

Le président chilien Sebastian Piñera a tenu ces propos après que son homologue bolivien Evo Morales eut récemment indiqué qu'il allait adresser une pétition à la Cour internationale de justice, demandant au Chili de céder un débouché maritime à son pays sans littoral. /L

lundi 1 octobre 2012

JULIAN ASSANGE AIME-T-IL LE HEAVY METAL?


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DESSIN ALFREDO MARTIRENA
Fondateur du site WikiLeaks, qui, en 2010, a rendu publics des centaines de milliers de documents secrets du Pentagone et du département d’Etat, Julian Assange ne s’est pas fait que des amis à Washington. De nationalité australienne, il pourrait sans doute se fendre d’un pied de nez irrévérencieux aux autorités américaines, s’il n’était sous le coup d’un mandat d’arrêt européen lancé par le parquet suédois pour l’interroger sur des allégations d’agressions sexuelles — qu’il nie — commises sur le territoire de ce pays.
Alors qu’il vit en résidence surveillée à Londres, où il a été interpellé en vertu de ce mandat d’arrêt, la Cour suprême du Royaume-Uni rejette, le 14 juin 2012, son dernier recours contre un transfert à Stockholm. Le 19, se considérant victime d’un complot et d’une « persécution politique », il se réfugie dans l’ambassade équatorienne et y demande l’asile, accordé par le président Rafael Correa. Comme le principal intéressé, Quito considère qu’il risque, à terme, d’être extradé de Suède vers les Etats-Unis. Or, note le ministre des affaires étrangères équatorien Ricardo Patiño, « la situation juridique montre clairement que [dans ce cas] M. Assange ne bénéficierait pas d’un procès juste, pourrait être jugé par un tribunal spécial ou militaire, et il n’est pas invraisemblable de considérer qu’il pourrait être victime d’un traitement cruel et dégradant et se voir condamné à perpétuité ou à la peine de mort (1) ».

Le 15 août, faisant table rase de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques (18 avril 1961), qui garantit l’inviolabilité des ambassades, le gouvernement britannique menace d’investir par la force celle de Quito : « Vous devez être conscients qu’il existe une base légale en Grande-Bretagne, la loi Diplomatic and Consular Premises Act de 1987 (2), qui nous permet de prendre des mesures pour arrêter M. Assange actuellement dans les locaux de l’ambassade (3). » L’Equateur réplique vertement — « Nous ne sommes pas une colonie britannique ! » —, mais Londres n’en démord pas : s’il met un pied hors de son refuge, Assange sera arrêté.

On a connu le Royaume-Uni plus accommodant ! C’est en effet à Londres, le 17 octobre 1998, qu’a été arrêté le général chilien Augusto Pinochet. Lui aussi se trouvait sous le coup d’une demande d’extradition diligentée par le magistrat espagnol Baltasar Garzón, qui, énumérant quatre-vingt-onze cas d’Espagnols victimes de la dictature, prétendait le juger.

La Chambre des lords refusant de concéder l’immunité diplomatique au général, le président chilien Eduardo Frei et son gouvernement de centre gauche ne cesseront de réclamer le rapatriement de l’ancien dictateur dans son pays. Sans rire, le ministre des affaires étrangères socialiste, M. José Miguel Insulza, le justifie alors ainsi : « En Espagne, Augusto Pinochet n’aurait pas, en raison du contexte trop politisé, un procès serein », alors qu’au Chili il pourrait être « plus efficacement jugé » (4).

Qualifiant la détention de « cruelle », d’« injuste », l’ex-première ministre britannique Margaret Thatcher accuse le juge Garzón d’« être conseillé par un groupe de marxistes » (5). Indépendamment des proximités idéologiques, Pinochet lui a rendu de fiers services, l’aidant en sous-main durant la guerre des Malouines, qui opposa le Royaume-Uni à l’Argentine en 1982. Washington se prononce également en faveur du renvoi du « vieil ami » Pinochet au Chili.

ARRIVÉE DE L'ANCIEN DICTADOR
AUGUSTO PINOCHET AU CHILI, LE 3 MARS 2000
Lorsque, en octobre 1999, la Cour suprême britannique ratifie l’extradition, un discret «comité de crise » impliquant Washington, Londres, Santiago et Madrid trouve la porte de sortie : un rapport de trois médecins britanniques désignés par le Royaume-Uni conclut à l’incapacité de Pinochet de comparaître en justice, en raison « de son délicat état de santé ». Le monde assiste donc, le 3 mars 2000, à une scène hors du commun : sur la piste de l’aéroport de Santiago du Chili, le « mourant », descendu de l’avion sur une chaise roulante, se lève avec vigueur pour saluer ses vieux camarades venus le recevoir. Malgré les efforts du magistrat Juan Guzmán, il mourra, le 10 décembre 2006, sans avoir eu à répondre de ses crimes. Pour le procureur du Tribunal suprême espagnol Carlos Castresana, qui, en 1996, avait posé la première pierre de son inculpation, l’identité de ceux qui l’ont sorti du guêpier ne fait aucun doute : « Il est très clair que ce sont Tony Blair, José María Aznar et Eduardo Frei. Ils savaient parfaitement que, s’il revenait au Chili, il ne serait pas jugé (6). »

En Amérique latine, on a de la mémoire. On s’y souvient du président hondurien Manuel Zelaya, victime d’un coup d’Etat, rentré clandestinement dans son pays le 21 septembre 2009 et réfugié dans l’ambassade du Brésil mise sous état de siège et menacée de perdre son statut diplomatique par le dictateur Roberto Micheletti. On s’y souvient de Caracas, le 12 avril 2002. Alors que la veille un coup d’Etat a écarté le président Hugo Chávez du pouvoir, une foule tente de prendre d’assaut la représentation diplomatique de Cuba, détruit ses véhicules, lui coupe l’eau, l’électricité, le téléphone, établit un blocus. M. Henrique Capriles Radonski — candidat de la droite à l’élection présidentielle du 7 octobre prochain — prétend fouiller les lieux pour y trouver des membres du gouvernement censés s’y être réfugiés. Retranché dans les locaux, l’ambassadeur Germán Sánchez Otero douchera sa prétention par un cinglant : « Cuba a résisté quarante ans face à l’empire le plus puissant de la planète, ce n’est pas ici que nous laisserons violer notre souveraineté (7)  ! » La médiation du représentant de la Norvège et… le retour du président Chávez mettront un terme à l’agression.

Au terme de cet épisode, le très bref dictateur Pedro Carmona fut inculpé et placé en arrêt domiciliaire, d’où il s’enfuira pour se réfugier à l’ambassade de Colombie à Caracas. Le gouvernement bolivarien lui ayant accordé un sauf-conduit, malgré la gravité des faits, il s’envolera à bord d’un avion des forces armées colombiennes pour Bogotá, où, « réfugié politique », il vit encore, alors que Caracas réclame son extradition.

Les membres de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), toutes tendances politiques confondues, appuient aujourd’hui Quito et réitèrent le droit souverain des Etats d’accorder l’asile politique. Au sein de l’Organisation des Etats américains (OEA), où les Etats-Unis pèsent de tout leur poids, le soutien s’avère moins évident. Saisi par l’Equateur, son secrétaire général, l’ex-ministre des affaires étrangères chilien Insulza, avertit d’emblée que le débat ne peut porter sur le droit d’asile, mais sur l’inviolabilité des locaux diplomatiques. Le 24 août, l’organisation arrivera à un « accord acceptable » de « solidarité et de soutien » à l’Equateur, après suppression de toute mention à la « menace » britannique à Quito, à la demande des Etats-Unis (8).

Serait-ce parce que Washington a quelques difficultés avec les notions d’asile politique et d’extradition ? A Miami vit M. Luis Posada Carriles, réclamé par Caracas et La Havane pour avoir fait exploser en vol un avion de la Cubana de Aviación en 1976 (soixante-treize morts), s’être évadé d’une prison vénézuélienne et avoir organisé une série d’attentats terroristes en 1997 à Cuba. Sur le territoire américain, il a pour compagnons M. Gonzalo Sánchez de Lozada, ex-président bolivien que La Paz souhaite juger pour la répression de 2003 (soixante-sept morts) ; M. José Antonio Colina, militaire d’opposition responsable en 2003, à Caracas, d’attentats à la bombe perpétrés contre des locaux consulaires espagnol et colombien — initialement attribués aux partisans du président Chávez par les médias ; le colonel Hernán Orozco, condamné en Colombie à quarante années de prison pour le massacre de Mapiripán (juillet 1997). Une liste interminable pourrait prolonger ce court aperçu…

Assange est réclamé par la Suède pour un délit de droit commun. Le président Correa n’entend pas le soustraire à la justice de ce pays. Il réclame simplement la garantie que le journaliste ne sera pas extradé vers les Etats-Unis. La rencontre du 27 septembre entre M. Patiño et son homologue britannique, M. William Hague, en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), n’ayant pas permis de parvenir à un accord, Assange connaîtra-t-il le sort du cardinal anticommuniste József Mindszenty, qui a vécu quinze ans dans l’ambassade américaine, à Budapest, entre 1956 et 1971 ? A moins que ne lui soit appliqué le traitement réservé en 1989 à l’ex-général Manuel Noriega : réfugié dans la nonciature apostolique pour échapper aux troupes américaines qui avaient envahi le Panamá, il dut subir les décibels déchirants de puissants haut-parleurs débitant du heavy metal vingt-quatre heures sur vingt-quatre et, au bout de onze jours, finit par craquer. Reste à savoir ce que penseraient de la méthode les habitants du sélect quartier londonien de Knightsbridge…
Maurice Lemoine
Journaliste.

(1) BBC Mundo, Londres, 17 août 2012.
(2) Loi approuvée dans des circonstances tout à fait exceptionnelles : la mort d’un policier victime de coups de feu tirés depuis l’ambassade libyenne.
(3) The Guardian, Londres, 16 août 2012.
(4) Le Monde, 3 décembre 1998.
(5) El País, Madrid, 7 octobre 1999.
(6) El País, 13 décembre 2006.
(7) Chávez presidente !, Flammarion, Paris, 2005.
(8) Seul le Canada, membre du Commonwealth, n’a pas signé ce texte.

samedi 29 septembre 2012

CHILI : UNE MANIFESTATION ESTUDIANTINE DÉGÉNÈRE EN AFFRONTEMENTS AVEC LA POLICE

CHILI : RÉPRESSION BRUTALE DE LA MANIFESTATION

Selon les données officielles, près de 5 000 personnes ont participé à la manifestation, tandis que les étudiants ont estimé le nombre de participants à 70 000 personnes. L'action a commencé près du bâtiment de la gare centrale, et les étudiants ont ensuite défilé dans la rue Alameda. Une centaine de personnes ont été arrêtées. Selon les premières informations, 17 policiers ont été blessés.

L'ARMÉE CHILIENNE A TUÉ LE PRÊTRE FRANÇAIS. COMMENT JARLAN EST MORT.


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ANDRÉ JARLAN ÉTAIT UN PRÊTRE AVEYRONNAIS QUI A ÉTÉ TUÉ EN 1984 À LA VICTORIA. IL ÉTAIT ARRIVÉ DANS CE QUARTIER POPULAIRE (POBLACION) DE SANTIAGO DU CHILI DIX HUIT MOIS PLUS TÔT, EN 1983. PHOTO ÉGLISE CATHOLIQUE DU CHILI




André Jarlan (dont Libération a évoqué la mort dans son supplément Chili des 14 et 15 novembre) et Pierre Dubois, deux prêtres français, exerçaient leur ministère à La Victoria: une poblaciòn construite sur une ancienne décharge dans la périphérie de Santiago où s'entassaient 32 000 habitants.
Par Bernard MATHIEU
Libération du 19 novembre 1998
André Jarlan, âgé de 44 ans, avait le physique d'un rugbyman et le calme serein d'un homme de la campagne tout entier dévoué à son sacerdoce. Originaire de Rignac, près de Rodez, il était prêtre de l'Action catholique ouvrière. Avec Pierre Dubois, il s'efforçait de conjurer la dislocation du tissu social rongé par la misère. Les deux prêtres français dérangeaient les paramilitaires de l'Association chilienne anticommuniste, qui, à plusieurs reprises, les avaient menacés de mort.

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SON DÉPART AU CHILI AVAIT ÉTÉ LONGUEMENT MÛRI ET RÉFLÉCHI. LES CONTACTS NATIONAUX QU'IL AVAIT À LA JOC ET À L'ACO, SON EXPÉRIENCE LOCALE DE PRÊTRE OUVRIER EN AVEYRON, SES RENCONTRES AVEC LES MISSIONNAIRES DE PASSAGE ET SES LIENS AVEC LE MOUVEMENT MONDIAL DE TRAVAILLEURS CHRÉTIENS L'ONT POUSSÉ À CHOISIR LE CHILI. LE PAYS ÉTAIT ÉTAIT ALORS EN PLEINE DICTATURE MAIS LE CHILI AVAIT EU UNE LONGUE TRADITION DÉMOCRATIQUE ET ÉTAIT DOTÉ D'UN MOUVEMENT OUVRIER ORGANISÉ. PHOTO ÉGLISE CATHOLIQUE DU CHILI
Le 4 septembre 1984, la gauche chilienne appelle à une manifestation dans le centre de Santiago pour célébrer le 14e anniversaire de l'élection d'Allende. Dès le matin, les carabiniers abattent Hernan Barrales, un habitant de La Victoria, au prétexte qu'il a eu le mauvais goût de crier son hostilité à leur passage. A la fin des rassemblements, je me rends à la maison des deux prêtres, rue Ranquil. La Victoria est paisible. Quelques pneus en feu donnent l'illusion d'une barricade, une foule clairsemée bavarde sur les pas des portes. A la tombée de la nuit, trois fourgons de carabiniers s'arrêtent à l'angle de la rue Ranquil. Terrorisés, les gens se calfeutrent chez eux. Sans qu'aucun crime les provoque, les carabiniers fracassent les portes, jettent les habitants dehors, les battent à coups de crosses. Un chauffeur de bus est en partie scalpé, ses jambes sont tailladées à coups de baïonnette: un gosse qui a jeté une pierre sur les flics s'est réfugié dans sa cour.

Vers 19 heures, un caporal et deux hommes s'avancent vers le petit groupe de journalistes que nous formons, deux photographes chiliens, un radioreporter américain et moi. Le sous-officier ordonne à l'un de ses hommes d'ouvrir le feu en me désignant parce que je porte un sac photo. Le carabinier met un genou à terre, vise posément et lâche une rafale. Je me mets à courir, les balles me loupent et foudroient le père Jarlan, qui est chez lui, au premier étage de sa bicoque. Une balle a traversé la mince cloison de bois et l'a frappé à la nuque. Il s'effondre sur la bible ouverte sur le psaume 129: «Ils m'ont beaucoup attaqué depuis que je suis jeune mais ils ne m'ont pas vaincu.» La nouvelle de la mort de Jarlan se propage. Les habitants se rassemblent à l'église, dont la cloche sonne le glas. Les carabiniers tirent des fumigènes, tabassent avec sauvagerie les fidèles. Le couvre-feu est imposé. Le lendemain, un porte-parole du pouvoir annonce que le père Jarlan a été tué par des voleurs. Je publie un démenti par le canal de l'AFP. Quelques mois plus tard, le caporal est condamné à une peine symbolique.

Bernard Mathieu est romancier et journaliste. Dernier ouvrage: «Zé», Gallimard («la Noire»).

mercredi 26 septembre 2012

LE CHILI CONSOLIDE UN MONOPOLE PRIVÉ DU LITHIUM

LE PRÉSIDENT  DE LA SOQUIMICH JULIO PONCE LEROU  L’ANCIEN  BEAU-FILS  DU DICTATEUR AUGUSTO PINOCHET. 
Parmi les acquéreurs potentiels figurait un consortium d'industriels sud-coréens qui aurait bien voulu se constituer un approvisionnement sûr en lithium pour les batteries des téléphones, des tablettes et des ordinateurs fabriquées en Corée ou dans les pays voisins. Mais c'est la Soquimich, propriété du beau-fils d'Augusto Pinochet, qui a obtenu le marché, en mettant sur la table 40 millions de dollars, soit huit fois l'apport minimal demandé par le gouvernement. C'est une façon pour cette société, déjà numéro un mondial du lithium, de continuer à contrôler le marché, tout au moins au Chili, le premier producteur mondial : il serait douteux que la Soquimich se mette à produire du lithium à foison, il faudra déjà explorer les autres salars.


LA SOQUIMICH (SQM) EST LA PLUS GRANDE ENTREPRISE DU SECTEUR AU PLAN MONDIAL AVEC UNE PRODUCTION DE 48 MILLE TONNES DE LITHIUM PENDANT L'ANNÉE 2011.
Il ne s'agirait pas de faire s'effondrer les prix, autour de 6 000 dollars la tonne. Pour l'instant la demande est soutenue, mais la révolution de la voiture électrique, qui doperait brutalement la consommation de lithium pour les batteries, n'a pas encore eu lieu. Du côté de l'offre, les gisements se développent plus doucement que prévu, mais régulièrement, surtout en Argentine, étant donné que rien ne s'est encore débloqué en Bolivie pour l'exploitation de lithium, tant au niveau politique qu'au niveau des infrastructures.

C'est en Australie que la production de lithium pourrait connaître un coup d'accélérateur, avec l'acquisition toute récente d'un gisement géant de lithium sous forme rocheuse qui pourrait quasiment doubler la production mondiale (145 000 tonnes l'an dernier). Mais le monopole reste intact, l'acquéreur est Rockwood, maison-mère de la Soquimich chilienne !

mardi 25 septembre 2012

CHILI: FERMETURE DU QUOTIDIEN LA NACION, FONDÉ EN 1917 .

Le gouvernement demande en outre que le Journal officiel, actuellement géré par La Nacion, soit réintégré au sein du ministère de l'Intérieur.
« Le gouvernement a imposé sa décision, arguant (...) que le journal est déficitaire alors qu'en fait il réalise quelque 4 millions de dollars de bénéfices annuels, entre les recettes publicitaires et celles du Journal officiel », a affirmé à l'AFP le président du syndicat des employés du journal Victor Perez.
Après l'arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur de Sebastian Piñera, l'édition papier de La Nacion a été éliminée pour  «  raisons économiques» et remplacée par une version digitale.
Le fermeture du journal signifierait la mise à pied d'environ 110 personnes, selon M. Perez.
Deux sociétés de presse conservatrices - El Mercurio et Copesa - constituent actuellement 90% du marché de la presse chilienne.
« Ce qui se passe maintenant, c'est que nous sommes dans un pays où il n'existe plus de journaux d'opposition » , a déploré, le président de l'Association des journalistes chiliens, Marcelo Castillo.
« La fermeture de La Nacion est une attaque contre la liberté d'expression » , a estimé Victor Perez.
Les actionnaires minoritaires du journal ont décidé de contester la décision de fermeture.
Le quotidien a connu une interruption de sa parution du 11 septembre 1973 - jour du coup d'Etat contre le président socialiste Salvador Allende - au 3 juin 1980.

lundi 24 septembre 2012

CAMILA VALLEJO AU 1ER CONGRÈS MONDIAL DES LEADERS ÉTUDIANTS.


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Jusqu'à la dernière minute, la présence de la leader étudiante du Chili n'était pas confirmée. Une fédération membre de l'Union des étudiants européens a permis de faciliter la venue de la dirigeante grâce à un travail commun de deux mois réalisé au Chili et une présence dans les manifestations étudiantes, voyant la répression choisie par le gouvernement de droite de Sébastian Piñera. 

Camila Vallejo clôturait quatre jours de débats intensifs sur l'unification du mouvement étudiant mondial. " Je voudrais commencer par mettre en évidence une chose importante : l'éducation, dans n'importe quel pays, devrait être non seulement un droit humain, mais également, un élément stratégique pour le développement des sociétés." Dans son discours, la dirigeante étudiante chilienne a prôné l'utilité de lier les divers mouvements étudiants. Cependant, elle a rappelé le rôle joué par les étudiants d'Amérique Latine dans les processus sociaux et étudiants de ce continent : " (...) 

Les camarades de Puerto Rico, ont protagonisé une page héroïque de l'histoire du mouvement d'étudiant de la région ; les camarades Colombiens démontrent chaque jour que, malgré les conditions difficiles et parmi les menaces et persécutions constantes, l'ordre du jour est la lutte pour une éducation qui répond aux intérêts du peuple ; les étudiants dominicains demandent 4 % PIB pour l'éducation ; le mouvement étudiant équatorien qui se bat pour maintenir les idéaux établis d'autonomie et étudiant partagea à Cordoue ; les étudiants brésiliens protestent parce que 10 % du PIB est investi dans l'éducation et nous, les étudiants chiliens nous nous battons contre le modèle de marché libre de vie imposé par la dictature de Pinochet." L'assistance du congrès étant principalement européenne, il était important de planter le rôle à jouer dans l'éducation par chaque continent.

L'ex-présidente de la FECh a aussi rappelé la genèse du mouvement étudiant de son pays en 2011 : "Au Chili, le mouvement étudiant ,et l'éducation sociale par la suite, a clairement opté pour que le système éducatif soit un objet de transformation social. Dans notre pays, ce n'est pas juste que ne nous soit pas garanti le droit de l'éducation dans notre Constitution politique, étant donné qu'il assure tout d'abord la liberté d'entreprise, mais la conception de notre système éducatif a été précisément destinée à l'entretien et la reproduction du modèle économique néolibéral imposé pendant la dictature militaire en 1973. Ce n'est donc pas un hasard si l'ensemble des mouvements sociaux qui ont été soulevées au moins au Chili, depuis 2010, ainsi que l'augmentation des demandes particulières, sont tous venus remettre en question notre modèle de développement. Ce qui est arrivé est que la réalité a dépassé les promesses que depuis plus de 30 ans, le modèle ne pouvait pas garder." L'ex-présidente de la FECH a exposé la réalité du Chili, selon ces termes : " La vérité, c'est que au Chili, étant donné l'imposition du système néolibéral, réaffirmé par le consensus de Washington, cela a augmenté l'inégalité et les droits fondamentaux ont été réduits à une entreprise et un privilège d'un petit nombre. Parce que ils n'ont pas suffisamment de salaire pour vivre, ils ont donc été contraint d'emprunter auprès des banques privées pour financer l'éducation, la santé, la nourriture, les vêtements, et les services de base de leurs familles. Face à cette réalité, jamais mentionnée dans les discours officiels au sujet de notre politique macroéconomique très grande, il nous a semblé intolérable que l'éducation n'ait pas été conçue pour surmonter ces inégalités, mais pour les reproduire et les approfondir.


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PORTRAIT DE CAMILA VALLEJO DOWLING L'ÉGÉRIE DU MOUVEMENT ÉTUDIANT CHILIEN 
L'historique de la création du système libéral éducatif chilien est venu dans ce débat animé. Les membres de la Confech ont expliqué que l'Etat chilien en 1988, durant la dictature, avait délibérément choisi de réduire le pouvoir et les ressources pour l'éducation, en réduisant les droits fondamentaux et en les donnant à une entreprise. Etudiante en géographie à l'Université du Chili, la leader étudiante a expliqué que l'éducation publique chilienne est sous-financée. Au niveau de l'école, cela représente seulement 30% de la cotisation totale, et pour l'enseignement supérieur public, moins de 20% : " Ce système privé croît sans réglementation, ajoute-t-elle. Les investisseurs du Chili et d'autres parties du monde injectent leur capital financier dans l'entreprise importante et rentable, qui leur donne notre éducation, indépendamment de la fraude qui a fait de ces institutions. La subvention à la demande, au moyen d'un financement mixte (familles et état) et la concurrence inégale entre institutions publiques et privées a signifié que l'éducation au Chili n'est pas seulement un des plus coûteux dans le monde grâce à sa privatisation, mais c'est aussi un des plus distincts. Le même rapport de l'OCDE montre que l'éducation chilienne est structurée consciemment par les classes sociales." Pour les dirigeants de la Confech, l'éducation chilienne ne vise que à reproduire les inégalités sociales : "éducation pour les riches, pour les classes moyennes, et pour les pauvres, rien. L'éducation forme les futures élites mondiales.

Camila expliqua que l'objectif de privatisation au Chili n'était pas seulement de maintenir les inégalités sociales, la destruction de l'éducation du public comme un espace d'intégration sociale, mais qu'il avait une relation directe à détruire ce qui était considéré comme le point de rencontre de l'ennemi parmi nous. C'est-à-dire, l'éducation public qui formait le citoyen à être critique, à penser à la réalité nationale, à ses injustices, à être actifs dans le processus de démocratisation interne des établissements d'enseignement du pays. "Ce que ce système à chercher à détruire, c'est que les étudiants soient des citoyens critiques." rapela-t-elle. La porte-parole de la Confech expliqua que malgré tout, les étudiants du continent sud-américain, ont conservé l'esprit des ancêtres de rébellion en vie, d'où les appuis pour des combats similaires, comme celui qui se déroule en ce moment au Canada :" Aujourd'hui, notre attention est sur la diversité et la richesse de la pensée de notre continent. L'année dernière, nous avons eu un congrès des étudiants d'Amérique Latine et de la zone caribéenne (OCLAE) où se sont rassemblés plus de 6 000 étudiants. Nous avons confirmé la volonté des organisations du continent à renforcer l'éducation publique pour la transformation, l'inclusion et l'union de tous les secteurs populaires dans les mains des travailleurs, des travailleurs manuels et des indigènes.

Se fit écho de cet aspect, le président de la fédération des étudiants mapuches (peuple originaire) du Chili, José Ankalao dénonçant la répression faite par le gouvernement directement aux étudiants mapuches. Le dirigeant reçu lui-même cinq menaces de mort. Camila Vallejo cita des cas de tortures, d'abus sexuels sur les étudiants chiliens qui sont mobilisés, et directement venant d'ordre du Ministère de l'Intérieur du Chili. La délégation du chili signifia qu'une loi tente actuellement de les envoyer en prison, la loi dite Hinzpeter (nom du Ministre de l'Intérieur) qui criminalise le mouvement étudiant de trois ans de prison s'ils continuent à se mobiliser dans les rues, les universités ou même si les leaders appelent à une manifestation. Le responsable international de la Confech, Paul Floor, cita et expliqua le rôle que peuvent désormais tenir les étudiants du monde entier. Un rôle pas seulement de représentation, mais aussi de militance, de défense de l'éducation elle-même, et donc de la société future dans laquelle vivront les futures générations.


CHILEAN PROTESTER CAMILA VALLEJO - THE GUARDIAN

Pour conclure, celle qui fut élue "personnalité de l'année" par les lecteurs du Guardian, posa ces questions fondamentales : voulons-nous conserver ce type d'éducation, ou voulons-nous concevoir un nouveau système d'éducation qui fonctionne comme un véritable outil de transformation sociale ? Lors de la fin de son intervention, les questions fusèrent, et les étudiants du monde entier remirent en question le rôle dans la société de la jeunesse, du rôle fondamental de l'éducation. Parmi les autres intervenants, les doyens de la banque Santander en Angleterre, qui favorisent la mercantalisation de l'éducation, l'étudiante de 24 ans du Chili eu la cote. Elle donna une série d'interviews aux divers médias anglais. Pourtant, dans les colonnes des journaux du Chili, rien ne filtra sur sa présence au premier congrès mondial des leaders étudiants. La prochaine date est fixée en 2013, mais rien ne nous empêche de penser que même si elle entamera une possible carrière politique au Chili, que Camila ne laissera pas le sujet éducatif et le projet d'une fédération étudiante mondiale, sans un soutien fort affiché de sa part. Le congrès se termina et les leaders étudiants n'avaient que son nom en tête. Quand certains leaders lui demandèrent comment les étudiants chiliens trouvaient la force de lutter dans ce contexte explosif et dangereux, elle expliqua que sa génération avait dépassé la peur de la répression vécue sous la dictature. Les membres de la Confech furent ovationnés par ceux qui avaient signé, en mai 2012, une déclaration mondiale dénonçant les erreurs stratégiques du gouvernement chilien pour résoudre la crise éducative entamée depuis avril 2011.