Elena Varela est réalisatrice de documentaires. Elle est également connue pour avoir fondé et dirigé l’orchestre symphonique d’enfants de la ville de Panguipulli au sud de Chili.
Or, l’Etat chilien vient de stopper net le tournage du film «Newen Mapuche» qu’elle a entrepris depuis quatre ans – avec des autorisations et subventions de l’Etat – en l’accusant d’être l’auteur intellectuel de délits de droit commun et d’appartenir à une organisation illicite.
S’il est certain qu’Elena Varela avait l’habitude de fréquenter les prisons, elle le faisait pour des raisons professionnelles. Elle y allait visiter et filmer les prisonniers politiques mapuche, aujourd’hui au nombre d’une vingtaine, dont on ne parle généralement que lorsqu’ils sont en grève de la faim.
Le caractère infondé des accusations, l’absence de preuves, le manque de transparence de la police et du pouvoir judiciaire, les pressions, voire la torture, exercées sur les personnes inculpées, nous rappellent non seulement des pratiques d’un régime passé mais aussi des procès plus récents qui ont abouti à la condamnation à des peines de 5 à 10 ans de plusieurs dirigeants et chefs traditionnels mapuche. C’est dans un tel contexte que police et pouvoir judiciaire se sont évertués à persécuter Elena Varela et à réduire à néant son travail de documentariste en lui confisquant tous ses enregistrements et matériels de tournage. Il apparaît donc clairement que cette séquestration vise à empêcher la diffusion de son œuvre auprès du grand public chilien et international.
Bien qu’Elena Varela, soutenue notamment par Amnesty International et Reporters sans Frontières, ait été enfin libérée tout en étant assignée à résidence, il nous faut la soutenir car une grande partie du chemin reste à parcourir pour l’innocenter complètement et lui restituer la totalité de son matériel audiovisuel.
En soutenant Elena Varela, ce n’est pas seulement pour la reconnaissance des peuples indigènes que nous nous battons mais c’est aussi contre la violence policière et les montages judiciaires à l’encontre de tous les mouvements sociaux, syndicalistes, jeunes, collégiens et étudiants, et pour la liberté d’expression qui fait cruellement défaut dans le Chili d’après Pinochet où deux puissants groupes économiques s’y partagent les médias officiels.
C’est dans cet esprit qu’a été créée, le 10 juin 2008 à Santiago, la Plateforme pour la Liberté d’Expression et de Création qui réunit diverses organisations sociales et artistiques et des médias indépendants.
Les associations et comités soussignés appellent les associations, comités, ONG en France, en Europe et ailleurs à s’associer à une campagne internationale exigeant une ordonnance de non-lieu et la mise en liberté totale pour Elena Varela Lopez, la libération de tous les prisonniers politiques mapuche et le plein exercice des Droits de l’Homme au Chili.
Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques, Edith Patrouilleau, info@csia-nitassinan.org,
Collectif pour les Droits de l’Homme au Chili, Hector Zavala, ddh_chili_fr@hotmail.com,
Réseau d’Information et de Soutien au Peuple Mapuche, http://mapuche.free.fr,
Terre et Liberté pour Arauco, Nestor Vega, libertadarauco@gmail.com,
MRAP Section Amérique Latine, Philippe Le Clerre,
Association Pueblo, Mikael Fitamant, asso.pueblo@hotmail.fr,
Paris, le 8 août 2008
Association Terre et Liberté pour Arauco (Arcueil, France) -- Collectif Droits de l’Homme au Chili (Paris, France)