mardi 8 novembre 2011

CHILI : LE TRAVAIL DE MÉMOIRE


 MÉMORIAL DES DÉTENUS DISPARUS DU PARTI SOCIALISTE DU CHILI.
PHOTO CARLOS BORLONE CHEZ FLICKR
Contrairement à d'autres lieux, la Villa Grimaldi n'a jamais été reconnue officiellement comme un centre de détention. Il n'existait pas. Les personnes qui y étaient détenues n'étaient pas considérées comme des prisonniers politiques mais comme des « disparus ». Personne, ni eux, ni leurs proches, ne savaient où ils étaient enfermées. On y torturait les prisonniers pour leur extorquer des informations. En règle général, ils ne restaient pas longtemps sur place et étaient ensuite envoyés dans des camps de travail puis libérés. Laisser sortir les prisonniers participait d'une stratégie de terreur, mise en place par l’État. L'objectif était alors de faire peur, aux prisonniers comme à leurs familles.
VILLA GRIMALDI : PORTRAITS DES TORTURÉS ET DES DISPARUS DE LA DICTATURE DE PINOCHET. PHOTO CARLOS BORLONE CHEZ FLICKR
Lors de l’avènement de la démocratie, des projets de vente de ce terrain ont vu le jour. Une bonne partie de la société civile s'est alors mobilisée pour faire de la Villa Grimaldi un lieu de mémoire.

La visite est très émouvante : nous sommes accompagnées de Margarita Romero, directrice de la Villa Grimaldi et de femmes qui ont été torturées ici. Elles nous racontent leur vie quotidienne dans le centre, la façon dont elles étaient traitées. Elles nous expliquent qu'elle étaient alors doublement punies : parce que militantes politiques engagées contre la dictature mais également parce que femmes. Lors des séances de torture, les insultes les visaient en tant que mères, essayant de les culpabiliser d'avoir "abandonner" leurs enfants. Les sévices étaient souvent d'ordre sexuels, les transformant en objets disponibles pour leurs tortionnaires.

Nous passons devant le mur des noms, où sont inscrits ceux des 226 militantes et militants passés par la Villa Grimaldi et tués sous la dictature. Un peu plus loin, un jardin de roses a été installé en mémoire des 191 femmes mortes sous la dictature de Pinochet.

Je suis particulièrement touchée par la présence dans la délégation française de Maïté Albagly, qui a été Secrétaire Générale du Planning Familial en France. Militante chilienne dans les années 70, elle a été enfermée et torture dans un des nombreux lieux de détention de la dictature Pinochet. Elle est très émue par la visite. Et nous avec.

L'équipe réunie autour de Margarita Romero a réussi à faire de la Villa Grimaldi un lieu fort de mémoire. Leur site internet permet d'en savoir plus.