Plusieurs mesures ont été prises pour réduire la consommation énergétique des ménages dans ce pays, premier producteur mondial de cuivre.
Depuis février, la distribution d'électricité subit des baisses contrôlées d'intensité de 5 à 10% et plus de 15.000 ampoules économiques ont été distribuées gratuitement.
"Si on économise tous un peu, le risque sera surmonté cette année", assure le ministre de l'Energie, Laurence Golborne. Mais le mot de "crise énergétique" a bel et bien été prononcé, ravivant le souvenir des grandes coupures de courant de 1998-99.
Comme à cette époque, une sécheresse a fait baisser début 2011 le niveau des barrages hydroélectriques, dont la contribution à l'énergie du Chili est passée de plus de 40 à 34%.
En parallèle, gaz et charbon ont monté (47% de la production à eux deux), malgré la volatilité des prix du premier et l'impact sur l'environnement du second.
"Le panorama énergétique est très serré", analyse Maria Isabel Gonzalez, consultante en matière énergétique. "La situation est particulièrement compliquée dans la région de Santiago", et ses plus de 6 millions d'habitants, selon elle.
Pour les autorités, dans la capitale, c'est un problème d'acheminement de l'énergie plutôt que de production.
Pour autant, la vulnérabilité énergétique est endémique au Chili, a fortiori depuis deux décennies de croissance --+6,8% encore en janvier-- qui ont fait du pays un des moteurs de l'économie en Amérique latine.
Le gouvernement a prévu une croissance annuelle de 6% en 2011.
Du coup, le pays, dépendant d'hydrocarbures importés, explore "toutes les alternatives d'énergie" avec l'objectif de doper de 80% sa production d'électricité d'ici 20 ans pour nourrir sa croissance et notamment son industrie minière.
Avec un cuivre à des taux historiques, de grands projets d'extraction se développent effectivement dans le nord du pays, suscitant d'importants besoins en électricité, note Maria Isabel Gonzalez.
Une méga-centrale thermique de 2.350 mégawatts à Castilla sur le littoral vient de recevoir le feu vert des autorités, malgré les menaces de recours des écologistes qui dénoncent une "option charbon" anachronique.
Les défenseurs de l'environnement ne désarment pas non plus contre un autre méga-projet, HidroAysen, qui prévoit cinq barrages dans des vallées de Patagonie, cette fois dans le sud. D'interminables études d'impact devraient conclure en 2011.
Mais les écologistes comme Greenpeace-Chili se méfient surtout de l'option nucléaire.
Le gouvernement chilien a assuré ne pas prévoir de décision sur une centrale nucléaire "avant dix ans". Cependant Laurence Golborne revient de France et Belgique où il a inspecté des centrales en février.
Les écologistes soulignent le potentiel largement sous-exploité du Chili en énergie solaire, éolienne, ou marémotrice avec ses 4.000 km de côte Pacifique.
"Nous avons un grave manque de diversité des sources d'énergie, dans un pays qui a pourtant les plus grandes possibilités d'Amérique du Sud en terme d'énergies renouvelables non conventionnelles", se désole Marcelo Mena, directeur du Centre de recherche de Développement durable de l'Université Andres Bello.
Le Chili s'est fixé pour but de produire 20% d'énergies renouvelables en 2020, un objectif qu'il sera difficile à atteindre selon nombre d'experts. Actuellement, l'éolienne représente à peine 0,3% de la production.