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Ge Xiaoguang retouche son œuvre connue comme « Le Grand Timonier », réalisée en 1977. Le portrait de Mao Zedong, de 6 mètres par 4,6, préside la Porte de Tian'anmen. Photo GUAN NIU / REUTERS |
Toute la machine de la propagande s'est mise en branle. Sur les grandes artères de Pékin, de grandes stèles rouges et jaunes -au logo plutôt modernisé- ont été mises en place. Comme pour les 60 ans de la République populaire, en 2009, un film à grand spectacle avec une belle brochette d'acteurs connus est sorti sur tous les écrans. Depuis mi-juin, Le Début de la grande renaissance aurait enregistré plus de 218 millions d'entrées. Mais nombre d'internautes se moquent de cette ficelle un peu grosse, rappelant que les unités de travail offrent les billets et que toutes les autres sorties de films -américains par exemple- ont été suspendues pour un mois. Ils s'agacent aussi de la censure accrue et des mesures de sécurité durcies pour cette date sensible. Pour cette raison, le Tibet a été interdit aux étrangers jusqu'à fin juillet.
L'accent mis sur cet anniversaire en dit long sur la nécessité pour le pouvoir chinois de consolider sa légitimité. Certes, comme l'explique Wu Jianmin, ancien président de la China Foreign Affairs University, «aucun parti dirigeant dans le monde ne peut perdre le pouvoir tant qu'il peut offrir une croissance à deux chiffres». Mais le président Hu Jintao lui-même met en garde contre les risques de perte de crédibilité du Parti, induits par la corruption ou le creusement des inégalités sociales. Dans le même temps, toutes les velléités de réforme politique -à commencer par une démocratisation à l'intérieur du Parti- ont été bloquées. Et les autorités se sont raidies contre toutes les voix dissonantes.
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La silhouette d'un policier, sur un panneau lumineux avec l'emblème du Parti communiste Chinois dans la Place de Tian'anmen. Photo FENG LI / GETTY |
Pour signifier sa bonne santé, le Parti vient d'annoncer avoir dépassé ses 80 millions de membres, soit à peu près la population de l'Allemagne. Un quart d'entre eux ont plus de 60 ans, et le PCC veut rajeunir et élever le niveau de ses recrues. Sur 21 millions de demandes, l'an dernier, il n'en aurait accepté qu'environ 3 millions. «Comme dans tous les régimes de parti unique, explique un avocat, l'adhésion est le plus souvent vue comme un moteur d'ascension sociale, en vue d'accéder à des privilèges ou des postes .»
Ces 90 bougies ne suscitent d'ailleurs guère d'émotion dans le pays. Dans le cadre du «tourisme rouge» promu par Pékin, Zhang, d'une danwei (unité de travail) d'un groupe pétrolier, est allé visiter Shaoshan, le village natal de Mao. «Pour dire vrai, raconte-t-il, cela nous faisait trois jours de vacances et cela nous a permis de bien nous amuser entre collègues, au karaoké plutôt qu'au musée.» Pragmatique plus qu'idéologue, Zhang. Comme finalement le Parti.