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La popularité de M. Piñera, au pouvoir depuis 15 mois, était montée en flèche après le sauvetage ultramédiatique en octobre de 33 mineurs chiliens coincés sous terre. Mais depuis, il s'est trouvé confronté à une contestation croissante.
Etudiants, ouvriers, écologistes ou militants homosexuels: des dizaines de milliers de Chiliens ont investi les rues ces dernières semaines autour de revendications très variées comme le rejet de la construction de barrages électriques en Patagonie, la défense de l'union homosexuelle ou d'une éducation publique de meilleure qualité.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]Cette effervescence sociale surprend dans un pays réputé politiquement stable, notamment depuis la transition pacifique vers la démocratie qui a suivi la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).
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Mais de profondes inégalités sociales demeurent dans ce pays minier souvent présenté comme un modèle économique en Amérique latine et qui affiche des perspectives de croissance de l'ordre de 6% pour 2011.
Pour les observateurs, d'autres facteurs favorisent l'expression de la grogne: une société plus éduquée, un meilleur pouvoir d'achat, la déception accumulée face aux promesses non tenues par les politiques et l'émergence de réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, qui ont favorisé l'expression des frustrations dans un contexte dominé par des médias conservateurs.
"Nous constatons l'arrivée de manifestants d'un autre niveau. Plus éduqués, éminemment urbains et qui font partie des rouages de la machine", analyse le sociologue et écrivain Pablo Huneeus.
Aujourd'hui, M. Piñera est au plus bas dans les sondages. Selon une récente enquête de l'institut Adimark, la cote du président a chuté de 5 points en juin. Et il fait l'objet d'un rejet record de la part de la population, à 60%. Ce qui semble délier les langues de ses détracteurs.
"Quand le soutien au président est bas, les groupes de mécontents vont dans la rue pour exercer une pression, car ils estiment qu'un gouvernement affaibli est davantage susceptible de céder à ces pressions", estime le politologue de l'université Diego Portales, Patricio Navia.
M. Piñera, entrepreneur milliardaire, a été élu en mars 2010, soit 12 jours avant un tremblement de terre dévastateur qui a fait environ 500 morts et des dégâts estimés à 30 milliards de dollars (plus de 21 milliards d'euros).
La situation d'urgence qui a marqué son premier mandat lui a offert un répit dans la protestation sociale qui était attendue avec l'arrivée de la droite au pouvoir, après quatre gouvernements de centre-gauche.
"Parmi les principales causes de l'impopularité de M. Piñera figurent les hautes espérances placées dans son gouvernement qu'il a été incapable de satisfaire", résume M. Navia.
"M. Piñera est arrivé au pouvoir avec la promesse d'un changement et ce changement ne s'est pas produit, ce qui suscite énormément de frustration", abonde Marta Lagos, directrice de l'institut de sondages Latinobarometro.
La personnalisation excessive du pouvoir et le manque de poigne de ses collaborateurs face à la contestation sont souvent reprochés à Sebastian Piñera.
Aujourd'hui, ses propres alliés de la coalition gouvernementale demandent un remaniement ministériel au lendemain de nouvelles manifestations estudiantines.