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LES DICTATEURS HUGO BANZER ET AUGUSTO PINOCHET, LES SIGNATAIRES DE « L'ACCORD DE CHARAÑA » PROPOSITION CHILIENNE DE CESSION TERRITORIALE PAR UN « COULOIR » AU NORD D'ARICA. |
Les
nouvelles frontières figurent dans le traité de paix et d’amitié de 1904 - « un
traité signé avec le fusil sur la tempe» , selon le vice-président bolivien,
Alvaro Garcia Linera. C’est pour récupérer un accès à la mer que La Paz porte
le contentieux devant la justice internationale. Le chef de la diplomatie
bolivienne a précisé que « la requête vise à ce que la Cour internationale
de Justice rende un arrêt obligeant le Chili à négocier de bonne foi et de
manière effective avec la Bolivie pour parvenir à un accord assurant à celle-ci
un accès pleinement souverain à l’océan Pacifique» .
Sebastián Piñera ne l’entend pas ainsi. « Nous n’allons céder
notre souveraineté à aucun pays, parce que notre territoire, notre mer, notre
souveraineté nous appartiennent légitimement » .
Pour l’avocat de l’Université du Chili, German Ledezma, les
fondements de la requête bolivienne sont faibles. « Ils ne questionnent pas le
traité de 1904 [ ] mais signalent que le Chili aurait généré des attentes au
sujet de l’accès à la mer lors de précédentes négociations» . Notamment
l’accord de Charaña entre les dictateurs Pinochet et Banzer et un agenda de 13
points de Michelle Bachelet. Depuis que M. Piñera est arrivé au pouvoir, aucun
canal de discussion n’a été établi.
« La Cour va devoir dire si la demande est recevable. Si c’est le
cas, elle dira si le Chili est en devoir de répondre aux attentes boliviennes
et d’octroyer un accès souverain à l’océan Pacifique » , précise M. Ledezma.
Unanimité chilienne
La plainte tombe en pleine campagne présidentielle au Chili. Les
candidats de gauche comme de droite ont dénoncé l’attitude de La Paz. « Une
grosse erreur » (Michelle Bachelet,
gauche), « le Chili ne doit rien à la Bolivie» (Andres Allamand, droite), « le Chili n’a pas
de question en suspens avec la Bolivie» (Laurence Golborne, droite), « il n’y a aucun
espace pour céder de la souveraineté» (Marco Enriquez Ominami, gauche).
Il faut dire que la pression est forte : la Cour de La Haye doit
rendre bientôt son arrêt sur un autre différend lié à la Guerre du Pacifique,
porté par le Pérou, concernant la frontière maritime entre les deux pays. Le
litige porte sur une zone de 35000 km2 d’eaux très poissonneuses et peut-être
riches en hydrocarbures.