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UN SUPPORTER DE LA PRÉSIDENTE CHILIENNE MICHELLE BACHELET S'EST FAIT TATOUER SON PORTRAIT SUR SA CUISSE, LE 17 NOVEMBRE 2013. PHOTO CLAUDIO REYES |
Dimanche, elle espère l'emporter haut la main pour renouveler ses engagements. « J'ai besoin d'une large majorité », affirme-t-elle, admettant « être préoccupée » par la perte de crédibilité des partis politiques et la faible participation électorale – 55 % – lors du premier tour de la présidentielle, le 17 novembre. Pour la première fois dans ce type de scrutin, le vote n'était pas obligatoire.
« NOUVEAU CYCLE POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET SOCIAL »
« Les trois actions phares de mon gouvernement seront la réforme de la Constitution, une réforme fiscale et une réforme pour instaurer une éducation publique de qualité et la gratuité des études supérieures d'ici six ans », poursuit-elle.
Et d'ajouter : « C'est un nouveau cycle politique, économique et social qui s'ouvre. La société exige une plus grande participation dans la vie du pays, une meilleure répartition des richesses, un système de santé et de retraites plus efficace et équitable. »
Le Parti communiste a soutenu sa candidature. « Je n'ai rien promis à personne », répond-elle quand on lui demande si elle va nommer des ministres communistes, comme au temps de l'ancien président socialiste Salvador Allende (1970-1973). Elle admet que « rien n'est simple » au sein de la coalition de centre-gauche Nouvelle majorité, avec en particulier les réticences de ses alliés de la Démocratie-chrétienne à l'égard de certains de ses projets.
Elle confie « avoir des rêves, mais aussi les pieds sur terre » : « Je suis une personne responsable et je crois pouvoir gouverner et obtenir une cohésion sociale, de par mon histoire et mon expérience. »
« DIVERSITÉ »
Michelle Bachelet et sa mère ont été arrêtées et torturées après le coup d'Etat militaire de 1973. Son père, le général Alberto Bachelet, est mort à 51 ans, dans une prison militaire, des suites des tortures infligées par ses pairs. A leur libération, les deux femmes ont dû partir en exil. Première femme élue à la présidence du Chili en 2006, elle a été ministre de la santé en 2000 et, deux ans plus tard, la première femme ministre de la défense d'Amérique latine.
Le Chili a changé, Michelle Bachelet aussi. Elle a vécu ces trois dernières années à New York où elle a été directrice de l'ONU Femmes, « un travail en or, où j'ai beaucoup appris », précise-t-elle. Pédiatre de formation, divorcée et agnostique dans un pays où l'Eglise catholique est puissante, elle veut ouvrir un débat sur la dépénalisation de l'avortement thérapeutique et le mariage entre personnes du même sexe : « La diversité nous enrichit, je veux combattre toutes les formes de discrimination, entre les sexes, entre les citoyens des villes et ceux de la campagne, et envers les peuples indigènes. »
Son premier mandat avait été ébranlé par les manifestations étudiantes. Elle n'avait pas pu tenir ses promesses « d'un pays sans exclusion, ni discrimination, avec une égalité des chances pour tous ». Elle fait son mea culpa sur le recours à la loi antiterroriste, datant de la dictature militaire, pour réprimer les révoltes des Indiens Mapuche du sud du Chili. « J'ai tenté en vain de l'abolir », dit-elle. Soulignant « l'énorme dette à l'égard des peuples indigènes », elle promet de leur consacrer un ministère.
« Aujourd'hui, les étudiants se mobilisent pour l'éducation et les communautés indigènes n'ont plus peur de s'exprimer et de réclamer. C'est le même élan historique qu'il y a quarante ans, du temps d'Allende », conclut-elle.