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HENRI EMMANUELLI, EN 2005 À PARIS. PHOTO MARTINE ARCHAMBAULT |
Issu d'un milieu populaire, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il entre à la Compagnie financière de Banque (CFB) d'Edmond de Rothschild en 1969. En 1972, il adhère au PS, dirigé depuis 1971 par François Mitterrand. Elu député des Landes en 1978, il devient président du Conseil général en 1982.
Henri Emmanuelli fut un mitterrandiste historique. Pourfendeur des « dérives social-libérales » de la social-démocratie européenne et au sein même du PS, il n'a jamais varié dans son parcours politique. En 1995, il est l'âme d'un pôle d'opposition au "social-libéralisme" au sein du PS dont il était alors Premier secrétaire. Pour la présidentielle en 1995, il se porte candidat à la candidature, mais Lionel Jospin l'emporte largement dans le vote militant. Deux ans plus tard, Henri Emmanuelli voit sa carrière brutalement mise entre parenthèses par sa condamnation dans l'affaire URBA de financement illégal du PS, en tant que trésorier du parti (1988-1993), condamnation à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans de privation de ses droits civiques. Ce purgatoire achevé, il retrouve tous ses mandats dans les Landes, dont il redevient député et président du Conseil général. Il sera réélu à ces deux postes sans discontinuer.
Plaidant sans relâche pour un PS clairement ancré à gauche, il devient compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon, encore membre du PS, au sein du courant Nouveau Monde après l'échec de la gauche à la présidentielle de 2002. Il fait ensuite équipe avec Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, et Benoît Hamon au sein du Nouveau Parti socialiste (NPS). En 2005, il se fait l'avocat du non au Traité constitutionnel européen, contre l'avis de la majorité des militants. S'il s'affirme européen, il précise: « Cela ne veut pas dire qu'on accepte n'importe quelle Europe ».
Pendant le quinquennat de François Hollande, il dénonce l'état de son parti, tombé, selon lui, « dans un coma profond » et qui « n'existe plus, ni à l'attaque ni en défense ». En 2014, il s'abstient lors du vote de confiance au Premier ministre, Manuel Valls. En janvier, il avait apporté son soutien à Benoît Hamon dans la primaire du PS, tout en émettant des réserves sur son projet de revenu universel. Ses proches soulignent sa "sensibilité profonde", ses indignations « vraies » devant l'injustice et son caractère entier. « Il n'est pas cynique pour un sou et, quand il sort de ses gonds, il ne fait pas semblant », disait-on de lui dans son entourage. Ombrageux, cassant, connu pour ses accès de mauvaise humeur, mais aussi son sens de l'humour, cet homme à la haute stature, affaibli par une neuropathie détectée en 2006, il ne se déplaçait ces derniers temps qu'en fauteuil roulant.
Il fut aussi un spécialiste des questions financières. Membre de la commission des finances de l'Assemblée nationale, dont il fut président à trois reprises, ce banquier de profession présida aussi activement la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts (CDC), défendant une plus grande indépendance de l'organisme vis-à-vis de l'État.
À la tête de son fief des Landes, où il fut réélu dès le premier tour en 2015 comme conseiller départemental, il batailla avec succès pour la réintégration des régies des eaux dans le secteur public. Il est aussi un des premiers à introduire l'informatique à l'école dans les années 1980, il mène plusieurs actions pour le « bien vieillir », rend les transports des collégiens gratuits. Il met en œuvre le projet de « Village Alzheimer », premier du genre en France, pour maintenir au maximum les malades dans une vie sociale ordinaire.