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Mais son redémarrage ne signifie pas que travailleurs et direction ont trouvé un accord : au contraire, c'est justement l'échec des négociations qui a poussé les salariés à invoquer l'article 369 du code du travail pour prolonger pendant 18 mois les accords collectifs en vigueur, a déclaré à l'AFP l'avocat du syndicat, Marco Lopez.
La renégociation de ces accords, pour une durée de quatre ans, avait été l'élément déclencheur de la grève, le 9 février dernier, les deux parties n'arrivant pas à concilier leurs différences.
En faisant appel au nouveau code du travail, issu de la récente réforme chilienne du travail, le syndicat gagne du temps et obtient le maintien temporaire des avantages déjà négociés.
"Avec cette décision, on force (le maintien des) accords collectifs pour 18 mois, à partir du 1er février 2017, avec la nécessité de démarrer une nouvelle négociation le 1er juin 2018", a-t-il expliqué dans un communiqué.
"Nous avons ainsi préservé l'avenir des nouvelles générations de travailleurs de cette entreprise", a assuré le syndicat, qui rassemble les 2.500 travailleurs du site.
Les salariés "prévoient de reprendre le travail samedi", a déclaré Maître Marco Lopez à l'AFP.
Peu avant, la direction de la mine avait annoncé "la dissolution de la table des négociations" après l'échec des discussions, donnant au syndicat un ultimatum, jusqu'au 28 mars, pour accepter ou non sa dernière offre.
La perspective qu'il contourne cela en invoquant le nouveau code du travail était alors vue comme n'étant "bonne pour personne" et "un scénario compliqué", avait expliqué le président de la mine, Marcelo Castillo.
- '18 mois de mauvaises relations' -
En dernier ressort, la direction proposait une prime de fin de conflit de 11,5 millions de pesos (environ 17.400 dollars) par travailleur, tout en maintenant les conditions des accords collectifs arrivés à expiration le 31 janvier.
Mais les grévistes, qui réclamaient un bonus d'environ 40.000 dollars et une hausse des salaires de 7%, voulaient aussi que tous ces avantages bénéficient aux nouveaux embauchés, contrairement aux projets de la direction.
Pour Gustavo Lagos, professeur à l'Université catholique de Santiago et spécialiste du secteur minier, la solution adoptée par les salariés est "la pire qui pouvait arriver, car il va y avoir 18 mois de mauvaises relations" entre direction et travailleurs, ce qui certainement "affectera la production".
Mais d'un autre côté, observe-t-il, en reprenant le travail et en reportant les discussions à dans 18 mois, cela pourrait "refroidir un peu les esprits et mener à des négociations sur des bases plus rationnelles".
En faisant ce choix, les salariés ont non seulement perdu le droit à une prime de fin de conflit mais aussi le salaire qu'ils auraient dû toucher pendant ce mois et demi de grève.
Pendant cet arrêt forcé, la mine a cessé de produire 85.000 à 95.000 tonnes de cuivre fin par jour, soit 3,6 à 4 millions de tonnes au total, selon Marcelo Castillo, estimant lors d'une conférence de presse que la mine mettra "six à huit mois" à revenir entièrement à la normale.
Le syndicat a lui calculé les pertes de recettes pour BHP Billiton à un milliard de dollars, "actuelles et post-grève en raison du temps pour rétablir totalement les opérations".
Mercredi, BHP Billiton, qui détient 57,5% d'Escondida, avait annoncé la suspension de deux projets stratégiques, la construction d'un site de dessalinisation d'eau et d'une centrale solaire à concentration, en raison de la grève.
En février le Chili, premier producteur de métal rouge du monde avec près d'un tiers de l'offre globale, a vu sa production chuter de 12%.