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LES DEUX CANDIDATS DE DROITE, SEBASTIAN PIÑERA ET JOSÉ ANTONIO KAST (À G.), SE SONT RENCONTRÉS À SANTIAGO, LE 19 NOVEMBRE 2017. PHOTO REUTERS |
Par Christine LegrandL’ancien chef de l’État (2010-2014) est crédité de 36,66 % des voix et affrontera le socialiste Guillier (22,64 %). Le second tour est prévu pour le 17 décembre.
BEATRIZ SANCHEZ, ARRIVÉE EN TROISIÈME POSITION, SALUE SES PARTISANS À SANTIAGO, LE 19 NOVEMBRE. PHOTO PABLO VERA |
Le second tour, le 17 décembre, pour déterminer qui succédera à Michelle Bachelet le 18 mars 2018, s’annonce beaucoup plus incertain que prévu. M. Piñera a recueilli beaucoup moins de voix que le prédisaient les derniers sondages, qui le créditaient de 42 % des suffrages. « Nous allons avoir un second tour très disputé », a admis Andrés Chadwick, le chef de campagne de M. Piñera.
Ancien journaliste, vedette de la télévision, M. Guillier propose de « gouverner avec les gens » et de poursuivre les réformes entreprises par la présidente socialiste Michelle Bachelet en faveur de la santé, de l’éducation et des retraites notamment. Il espère attirer les électeurs de la journaliste Beatriz Sanchez, dont le bon score inattendu (20,3 %) la propulse en troisième position, à la tête du Frente Amplio, coalition de la gauche radicale qui a surgi en janvier dans la foulée des mouvements de protestation des étudiants et des retraités. A 46 ans, la populaire commentatrice de radio jouera le rôle d’arbitre pour le second tour.
« Avec Pinochet, nous aurions pris le thé »
À l’autre extrême, les sondages n’avaient pas prévu les 7,8 % recueillis par José Antonio Kast (51 ans), candidat de l’extrême droite ultralibérale et d’une partie des milieux militaires. M. Kast revendique l’héritage de la dictature militaire (1973-1990). « Avec Pinochet, nous aurions pris le thé au palais de La Moneda », le siège de la présidence, a-t-il déclaré à la veille du scrutin. Il s’est prononcé contre toutes les réformes entreprises par le gouvernement Bachelet, et notamment la dépénalisation de l’avortement.
Son résultat révèle que, même si son poids s’est réduit au fil des ans, le « pinochétisme » reste une réalité au Chili, avec nombre de partisans au sein des catégories sociales supérieures et de l’Union démocrate indépendante (UDI), le plus grand parti du pays.
Les deux candidats de droite, Sebastian Pinera et José Antonio Kast (à g.), se sont rencontrés à Santiago, le 19 novembre.
Pour sa part, le parti traditionnel Démocratie chrétienne (DC) a subi une cuisante défaite, avec le plus mauvais score de son histoire. Sa candidate Carolina Goic n’a recueilli que 5,8 % des voix. Pour la première fois, DC présentait son propre candidat en dehors de la coalition de centre-gauche, la Concertation démocratique, à laquelle elle appartenait depuis vingt-sept ans. L’alliance, qui existait depuis le retour de la démocratie, a éclaté.
« Droite rénovée et libérale »
Sebastian Piñera, dont la fortune est estimée à plus de 2 milliards d’euros et qui a été surnommé « le Berlusconi chilien », avait été, en 2010, le premier président de droite élu depuis le retour de la démocratie. Il n’avait pu se représenter, tout comme Michelle Bachelet aujourd’hui : la loi chilienne interdit d’effectuer deux mandats consécutifs.
M. Piñera, qui se dit partisan d’une « droite rénovée et libérale », débarrassée de l’héritage Pinochet, a durci son discours pendant la campagne à la suite de l’irruption sur la scène politique de M. Kast. Jusqu’alors, il avait toujours cherché à marquer ses distances avec la dictature : en 1988, il avait voté non au plébiscite qui avait précipité la chute du régime militaire. Il avait également accusé une partie de la droite d’héberger des « complices passifs » de la dictature.
Mais certains analystes estiment qu’il va devoir courtiser le vote pinochétiste avant le second tour. D’autres, comme le politologue Patricio Navia, pensent que « M. Piñera devra adopter des positions modérées pour pouvoir gagner ». Commentant l’élection, Mme Bachelet a déclaré que « les Chiliens ont démontré qu’ils veulent continuer d’avancer » et lancé un appel à « l’unité du Chili ».
« Avec Pinochet, nous aurions pris le thé »
À l’autre extrême, les sondages n’avaient pas prévu les 7,8 % recueillis par José Antonio Kast (51 ans), candidat de l’extrême droite ultralibérale et d’une partie des milieux militaires. M. Kast revendique l’héritage de la dictature militaire (1973-1990). « Avec Pinochet, nous aurions pris le thé au palais de La Moneda », le siège de la présidence, a-t-il déclaré à la veille du scrutin. Il s’est prononcé contre toutes les réformes entreprises par le gouvernement Bachelet, et notamment la dépénalisation de l’avortement.
Son résultat révèle que, même si son poids s’est réduit au fil des ans, le « pinochétisme » reste une réalité au Chili, avec nombre de partisans au sein des catégories sociales supérieures et de l’Union démocrate indépendante (UDI), le plus grand parti du pays.
Les deux candidats de droite, Sebastian Pinera et José Antonio Kast (à g.), se sont rencontrés à Santiago, le 19 novembre.
Pour sa part, le parti traditionnel Démocratie chrétienne (DC) a subi une cuisante défaite, avec le plus mauvais score de son histoire. Sa candidate Carolina Goic n’a recueilli que 5,8 % des voix. Pour la première fois, DC présentait son propre candidat en dehors de la coalition de centre-gauche, la Concertation démocratique, à laquelle elle appartenait depuis vingt-sept ans. L’alliance, qui existait depuis le retour de la démocratie, a éclaté.
« Droite rénovée et libérale »
Sebastian Piñera, dont la fortune est estimée à plus de 2 milliards d’euros et qui a été surnommé « le Berlusconi chilien », avait été, en 2010, le premier président de droite élu depuis le retour de la démocratie. Il n’avait pu se représenter, tout comme Michelle Bachelet aujourd’hui : la loi chilienne interdit d’effectuer deux mandats consécutifs.
M. Piñera, qui se dit partisan d’une « droite rénovée et libérale », débarrassée de l’héritage Pinochet, a durci son discours pendant la campagne à la suite de l’irruption sur la scène politique de M. Kast. Jusqu’alors, il avait toujours cherché à marquer ses distances avec la dictature : en 1988, il avait voté non au plébiscite qui avait précipité la chute du régime militaire. Il avait également accusé une partie de la droite d’héberger des « complices passifs » de la dictature.
Mais certains analystes estiment qu’il va devoir courtiser le vote pinochétiste avant le second tour. D’autres, comme le politologue Patricio Navia, pensent que « M. Piñera devra adopter des positions modérées pour pouvoir gagner ». Commentant l’élection, Mme Bachelet a déclaré que « les Chiliens ont démontré qu’ils veulent continuer d’avancer » et lancé un appel à « l’unité du Chili ».