mardi 24 juillet 2018

AU CHILI, 158 MEMBRES DE L’ÉGLISE ONT ÉTÉ VISÉS PAR UNE ENQUÊTE POUR ABUS SEXUELS DEPUIS LES ANNÉES 1960


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LUIS TORRES, PROCUREUR GÉNÉRAL, S’ADRESSE À LA PRESSE,
À SANTIAGO DU CHILI, LE 23 JUILLET 2018.
SI CERTAINES AFFAIRES D’ABUS SEXUELS SONT CLASSÉS,
36 ENQUÊTES SONT TOUJOURS EN COURS.
PHOTO ALBERTO VALDÉS/EFE/MAXPPP
La justice chilienne dévoile, pour la première fois, des chiffres concernant les affaires d’abus sexuels et de pédophilie qui secouent le pays depuis plusieurs années.
Le parquet général fait état de 266 victimes, dont 178 mineurs...
Camille Gousset  avec l’AFP
Depuis la venue du pape François en janvier dernier, les scandales d’abus sexuels ne cessent d’être révélés au Chili. Les langues se délient et les témoignages pleuvent, obligeant la justice à prendre les affaires au sérieux et à quantifier ces actes.

« Dans leur grande majorité, les faits dénoncés correspondent à des agressions sexuelles commises par des curés de paroisses ou des personnes liées à des établissements scolaires », précise le communiqué du procureur général. Les données diffusées par la justice chilienne portent à 158 le nombre d’évêques, prêtres ou laïcs membres de l’Église catholique visés par une enquête ou ayant été jugés pour abus sexuels sur des mineurs ou des adultes depuis 1960.

Parmi les auteurs présumés, une dizaine de « laïcs qui exerçaient une fonction dans la communauté de l’Église », tels que des coordinateurs dans des établissements scolaires religieux, sont également visés.

Si certaines affaires ont été classées au fil du temps – après une condamnation, un non-lieu ou un classement sans suite – 36 enquêtes sont toujours en cours, selon le communiqué de presse du procureur général Luis Torres.

Des affaires en cascade

Le pays est secoué par des affaires de pédophilie et d’abus sexuels depuis des années mais la venue du pape François en janvier dernier a déclenché une avalanche de révélations.

Longtemps ignorés, les témoignages des fidèles sont désormais pris au sérieux et les évêques mis en cause ne cherchent plus à nier. Jaime Coiro, porte-parole de la Conférence épiscopale chilienne, se dit prêt à collaborer avec la justice, reconnaissant une défaillance de l’Église catholique de son pays : « Nous faisons face à des chiffres qui montrent une réalité qui fait honte au pape et à nous-mêmes au sein de la Conférence épiscopale ».

Le 18 mai, l’ensemble de la hiérarchie de l’Église chilienne avait présenté sa démission au pape. Un grand nombre d’évêques seraient impliqués de près ou de loin dans des affaires. Une démarche inédite dans l’histoire récente de l’Église catholique.

Des chiffres bien bas selon les associations de défense des victimes

Dans son intervention, le parquet général chilien reconnaît, pour l’instant, 266 victimes dont 178 mineurs. Un chiffre qui est encore en dessous de la réalité pour les associations de victimes. « Le travail qu’est en train de réaliser le parquet est sans aucun doute quelque chose de très positif et il commence à mettre en lumière des cas qui étaient des secrets de polichinelle », a déclaré à l’AFP Juan Carlos Claret, porte-parole de l’association des laïcs d’Osorno.

Malgré tout, bon nombre de victimes ne se font pas connaître et « il y a des informations qui sont toujours confidentielles », ajoute-t-il. En 2007, la commission épiscopale chilienne parlait d’au moins 120 prêtres impliqués dans ces affaires. Les chiffres annoncés par le procureur général ne sont donc que le début d’une longue liste.


Camille Gousset (avec l’AFP)