lundi 12 août 2019

EN ARGENTINE, VICTOIRE SANS APPEL DES PÉRONISTES LORS DES PRIMAIRES

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ALBERTO FERNANDEZ APRÈS SA VICTOIRE 
LORS DES PRIMAIRES ARGENTINES.
PHOTO ALEJANDRO PAGNI AFP 
Alberto Fernandez et l’ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner ont emporté 47 % des suffrages, contre 32 % pour le président Macri.
LE CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE ALBERTO FERNANDEZ
, À BUENOS AIRES, LE 11 AOÛT.
PHOTO SEBASTIAN PANI / AP
Avec plus de 47 % des suffrages, l’opposition péroniste a remporté une écrasante victoire lors des élections « primaires, ouvertes, obligatoires et simultanées » qui se sont déroulées dimanche 11 août en Argentine. Le président de droite, Mauricio Macri, qui brigue sa réélection, a subi une cuisante défaite. La coalition au pouvoir, « Ensemble pour le changement », n’a recueilli qu’un peu plus de 32 % des voix face au « Front de tous » conduit par le duo péroniste composé d’Alberto Fernandez, candidat à la présidence, et de l’ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015), candidate à la vice-présidence.

Ce vote, qui se présentait comme un simple sondage avant les élections présidentielle et législatives du 27 octobre, a pris l’allure d’un véritable scrutin, chaque coalition ne présentant en réalité qu’un seul ticket et les électeurs ne pouvant voter que pour les candidats d’une seule coalition.

L’énorme différence qui est apparue entre les deux camps a accentué l’impression de vote avant le vote. La loi argentine stipule en effet qu’un candidat qui arrive en tête avec 45 % des voix, ou 40 % et dix points d’avance sur le candidat arrivé deuxième, est élu dès le premier tour. « Macri a perdu toute possibilité d’être réélu », estime l’analyste politique Rosendo Fraga. « Nous avons eu une mauvaise élection », a reconnu le président Macri, qualifiant la défaite de « douloureuse ».

« Nous allons revenir », scandaient, euphoriques, dimanche soir, les partisans du ticket « Fernandez-Fernandez », qui ne s’attendaient pas à un tel raz-de-marée. « Nous commençons à construire une autre histoire, a déclaré Alberto Fernandez. Nous ne venons pas restaurer un régime, mais créer une nouvelle Argentine. »

La campagne électorale s’était déroulée dans un climat de crispation extrême et une violence verbale inédite entre les opposants. Alberto Fernandez a été, entre 2003 et 2008, le chef du gouvernement de Nestor Kirchner (2003-2007) puis de Cristina Kirchner, dont il s’était distancié en critiquant durement son style de gestion. Il se présente comme un kirchnériste modéré.

Bilan désastreux de Macri


LE PRÉSIDENT ARGENTIN MAURICIO MACRI VOTE AUX
ÉLECTIONS PRIMAIRES, LE 11 AOÛT 2019 À BUENOS AIRES
PHOTO JUAN MABROMATA. AFP
Face au bilan économique et social désastreux du gouvernement Macri, M. Fernandez a placé l’économie au centre de sa campagne, dénonçant la perte de pouvoir d’achat des citoyens, avec une inflation de 55 % sur un an, et l’effondrement de l’activité économique avec la perte de milliers d’emplois. Un tiers des Argentins vivent désormais sous le seuil de pauvreté. La fuite des capitaux a atteint 681 millions de dollars (607 millions d’euros) depuis 2016. Alberto Fernandez a reçu le soutien de 19 gouverneurs des 24 provinces argentines.

De son côté, le président Macri avait parié sur le rejet que suscite Cristina Fernandez de Kirchner chez une partie de la population, dû notamment aux soupçons de corruption qui pèsent sur l’ex-présidente et ses anciens collaborateurs. Mme Kirchner a été mise en examen dans onze affaires. M. Macri avait insisté sur la nécessité de « ne pas revenir au passé », brandissant le spectre de la crise vénézuélienne si elle revenait au pouvoir.

L’une des particularités de la scène politique argentine actuelle est la présence de péronistes dans chacune des trois principales formules électorales, témoignant de l’éclatement du mouvement justicialiste fondé en 1947 par le général Juan Domingo Peron : en plus du binôme « Fernandez-Fernandez », il est présent dans le ticket du président Macri, qui a fait appel à Miguel Angel Pichetto pour être son vice-président.

Le péronisme, qui a gouverné l’Argentine de 1989 à 1999 et de 2002 à 2015, est présent également au centre, avec la formule de Roberto Lavagna, ancien ministre de l’économie de Nestor Kirchner, considéré comme l’artisan du redressement argentin après l’effondrement financier de 2001. Candidat à la présidence avec le slogan « Ni Macri ni Cristina », cet autre péroniste a recueilli moins de 9 % des suffrages face à la polarisation extrême de la société.

L’autre grand vainqueur de ces élections est le candidat péroniste au poste de gouverneur de la province de Buenos Aires, le principal district électoral : l’ancien ministre de l’économie de Cristina Kirchner Axel Kicillof a remporté près de 50 % des voix, avec quelque 18 points d’avance sur la principale alliée du président Macri, Maria Eugenia Vidal, l’actuelle gouverneure qui brigue sa réélection et n’a récolté que 32 % des suffrages.

Dès le lendemain de ce scrutin, les marchés internationaux ont réagi à ces résultats. Le président Macri a obtenu un prêt record de 56 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international. Un prêt que l’opposition entend renégocier si elle est élue.

La Bourse de Buenos Aires a plongé lundi de plus de 10 % à l’ouverture. L’indice Merval, qui était en progression de 8 % vendredi dans une ambiance d’optimisme avant les résultats électoraux de dimanche du chef de l’Etat, a chuté de 30 % , lundi, à 30 221 points.


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