vendredi 23 août 2019

MACRON ACCUSE BOLSONARO D’AVOIR « MENTI » SUR LE CLIMAT ET S’OPPOSE AU TRAITÉ ENTRE L’UE ET LE MERCOSUR

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EMMANUEL MACRON ET JAIR BOLSONARO À 
OSAKA (JAPON), LORS DU G20, LE 28 JUIN.
PHOTO JACQUES WITT / AFP
Le président français avait conditionné, lors du G20 d’Osaka, l’approbation du traité au respect du Brésil des engagements de l’accord de Paris sur le climat.
«JAIR BOLSONARO EST-IL UNE  MENACE POUR L’AMAZONIE ? »  
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LE MONDE 
Le Monde avec l'AFP
6Temps de Lecture 7 min
PHOTO ASSOCIATED PRESS
Le président français Emmanuel Macron a estimé, vendredi 23 août, que son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, a « menti » sur ses engagements en faveur de l’environnement et a annoncé que, dans ces conditions, la France s’opposait au traité de libre-échange controversé entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay).

« Compte tenu de l’attitude du Brésil ces dernières semaines, le président de la République ne peut que constater que le président Bolsonaro lui a menti lors du sommet [du G20] d’Osaka », a déclaré la présidence de la République, estimant que « le président Bolsonaro a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s’engager en matière de biodiversité ». « Dans ces conditions, la France s’oppose à l’accord Mercosur en l’état », poursuit la présidence française.

L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, signé fin juin après vingt ans de tractations, est très critiqué, notamment par le secteur agricole et les écologistes. La France avait conditionné sa validation de l’accord au respect par le Brésil de certains engagements environnementaux qui avaient été notamment discutés pendant le sommet d’Osaka du G20, instance dont est membre le Brésil.

Les feux de forêt en Amazonie, une « crise internationale »

Les feux de forêt qui se propagent rapidement en Amazonie sont en train de devenir un sujet diplomatique majeur aux multiples répercussions internationales, tandis que se multiplient les appels à sauver le « poumon de la planète ».

M. Macron s’était alarmé jeudi dans un tweet des feux qui ravagent la plus vaste forêt tropicale de la planète, parlant de « crise internationale » et donnant rendez-vous aux pays industrialisés du G7, qui s’ouvre samedi à Biarritz, « pour parler de cette urgence ». Le président brésilien a accusé en retour son homologue français de vouloir « instrumentaliser » le sujet « pour des gains politiques personnels ».

« La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes devraient être discutées au [sommet du] G7 sans la participation des pays de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au XXIème siècle », a également tweeté M. Bolsonaro, qui s’affiche publiquement comme étant climatosceptique.

Les Européens semblent partager l’inquiétude du président français. L’Irlande a elle aussi menacé de voter contre l’accord avec le Mercosur, le premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est dit « extrêmement soucieux » et la chancelière allemande, Angela Merkel, a réclamé que cette « situation d’urgence aiguë » figure en bonne place au menu des discussions du G7.

Hypocrisie


En France, la prise de position musclée du président de la République a suscité des réactions sur la scène politique. L’opposition à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur a été désignée par l’ancien ministre de la transition écologique Nicolas Hulot comme « une première étape essentielle ».

« Seul Macron pouvait imaginer que Bolsonaro était écologiste », ont raillé de leur côté dans un communiqué les députés et eurodéputés de La France insoumise. « C’est une victoire du combat social et écologiste contre le libre-échange. Mais nous ne pourrons que la traiter d’hypocrite si dans le même temps Emmanuel Macron ne revient pas sur les autres traités écocides », ont ajouté les « insoumis », en référence aux traités avec le Canada (CETA) et le Japon (JEFTA)


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