mercredi 14 août 2019

VÉNÉZUÉLA. L’OPPOSITION REJETTE L’IDÉE DE NOUVELLES ÉLECTIONS

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LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE VÉNÉZUÉLIENNE,
 DIOSDADO CABELLO, ARBORE UN DRAPEAU VÉNÉZUÉLIEN 
LORS D’UNE SÉANCE À CARACAS, AU VENEZUELA. 12 AOÛT 2019.
PHOTO MANAURE QUINTERO
L’Assemblée nationale constituante envisage d’organiser un scrutin législatif anticipé. Juan Guaido, soutenu par les États-Unis, dénonce une manœuvre du pouvoir.
PHOTO RAMON DE LA ROCHA/EFE
Ces déclarations surviennent à un moment crucial pour le Vénézuéla. Une fenêtre d’opportunité s’était en effet ouverte avec le démarrage, en mai, sous l’égide de l’ONU, de discussions avec l’opposition. Celles-ci avaient repris le 8 juillet à La Barbade et devaient se poursuivre jeudi et vendredi. Le gouvernement a décidé de les suspendre pour protester contre les nouvelles sanctions états-uniennes et imposer l’idée que le dialogue doit être avant tout intervénézuélien, en l’absence de toute pression et de toute ingérence. Ce à quoi ne se résolvent visiblement pas les États-Unis et, à leur suite, un certain nombre de pays latino-­américains et européens (dont la France) qui avaient déjà décidé de reconnaître Juan Guaido comme président autoproclamé du pays au début de l’année.

Nicolas Maduro a d’ailleurs révélé que, lors de la dernière séance de pourparlers, le 2 août, l’opposition s’était « engagée » à « exiger » de Washington la levée de toutes les sanctions contre le Vénézuéla. Mais le gouvernement américain n’a rien voulu entendre et la Maison-­Blanche, à la place, a annoncé les nouvelles sanctions, qu’il a qualifiées de « décret le plus brutal et le plus criminel jamais signé contre le Venezuela ».

Depuis plusieurs semaines, déjà, de nombreux signes montrent que l’opposition, qui se pensait aux portes du pouvoir, ne parvient plus à mobiliser aussi massivement qu’auparavant. Ses mots d’ordre ne sont pratiquement plus suivis et pas seulement à cause d’une peur des violences. L’armée, si sollicitée par Juan Guaido, a refusé de le suivre lors de la tentative de soulèvement militaire du 30 avril, et de nombreux députés de l’opposition dont l’immunité a été levée par la Cour suprême (TSJ) doivent maintenant répondre de haute trahison. Beaucoup de Vénézuéliens ne ménagent pas leurs critiques contre le gouvernement, voire directement contre Nicolas Maduro, mais ils ne sont pas prêts à abdiquer leur indépendance nationale.

Le projet de nouvelle Constitution se fait attendre


« Le temps de la défensive est révolu, maintenant place à la contre-attaque révolutionnaire ! » a lancé le président de l’Assemblée constituante (ANC), Diosdado Cabello, qui voit bien que ses adversaires sont à la peine. Il veut saisir cette opportunité politique pour se relancer alors que le projet de nouvelle Constitution se fait toujours attendre. Il a annoncé, lundi, que l’ANC envisageait de convoquer des élections législatives anticipées afin de renouveler le Parlement, seule institution contrôlée par l’opposition. Contre toute attente, cette éventualité est rejetée par Juan Guaido – qui pourrait pourtant trouver là la légitimité populaire qui lui fait défaut –, la qualifiant de « nouvelle ineptie », manœuvre d’un « régime sans scrupule » qui voudrait « se débarrasser illégalement du Parlement vénézuélien ». La victoire de l’opposition aux législatives de 2015 montre pourtant que tout scrutin n’est pas biaisé au Venezuela.

Dans un discours prononcé lors d’un imposant rassemblement organisé à Caracas contre les nouvelles sanctions imposées la semaine dernière par les États-Unis, le président vénézuélien Nicolas Maduro a tendu la main à l’opposition avec laquelle il est « prêt à parvenir à des accords mais dans le respect du Venezuela. S’il n’y a pas de respect, il y aura des protestations, il y aura des luttes ». Devant des milliers de personnes, il a réaffirmé : « Je crois au dialogue politique, social, économique parce que je crois en la parole. »
Pierre Barbancey