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MANIFESTATION À CONCEPCIÓN, AU CHILI, LE 21 OCTOBRE 2019. PHOTO JUAN GONZALEZ / REUTERS |
Incarcérés et sans procès lors de la révolte sociale entre octobre 2019 et mars 2020, les familles des 2500 jeunes décrivent une situation sanitaire désastreuse : surpeuplement, brimades, aucune mesure de prophylaxie, isolement des prisonniers par rapport à leurs proches. Elles alertent sur les risques qu’ils encourent dans cette conjoncture de pandémie du Covid-19.
PHOTO IVAN ALVARADO / REUTERS |
Le Chili compte 2 500 personnes en «détention préventive" dans le pays. Des hommes et des femmes dont la majorité sont actuellement incarcérés avec des prisonniers de droit commun. Parmi eux, de nombreux mineurs incarcérés dans les centres du Service national des mineurs (Sename). Dans le contexte de la crise sanitaire du coronavirus, ces personnes sont abandonnées par un État qui maintient des prisons surpeuplées et avec une totale manque d'hygiène, terreau propice à la propagation du virus. Il ne fait aucun doute que les personnes détenues dans les manifestations sont des prisonniers politiques; leur «faute »: avoir participé à des manifestations pacifiques rejetant le modèle néolibéral hérité de la dictature de Pinochet.
Un bilan accablant
Le rapport de l'Institut national chilien des droits de l'homme (INDH), à trois mois de l'éclatement social du 18 octobre, a fait état de 27 morts et 3600 blessés, 405 personnes ont subi un traumatisme oculaire dont 33 avec perte de vision. 2 063 ont été blessés par balle. Au cours de la période, l'INDH a réussi à enregistrer 9 129 détenus. Parmi eux, 1 445 ont accusé des agents de l'État de commettre des violences sexuelles (191), des actes de torture et des traitements cruels (412) et un recours excessif à la force (842). 770 plaintes ont été déposées pour torture et traitements cruels, 158 pour violences sexuelles (déshabillage, attouchements, menaces, insultes et quatre viols), 17 pour homicide infructueux et 5 pour homicide.
La pandémie, le referendum et la Constituante
Après plusieurs jours de déni, le président chilien s’est vu obligé à décréter le 19 mars « l’état d'exception constitutionnelle et de catastrophe » et la mise en quarantaine totale de sept communes de la ville de Santiago le 25 mars. Un referendum accepté à contrecœur par le gouvernement et le Parlement, qui devait se tenir le 26 avril, a du être réporté au mois d’octobre, suite à la crise sanitaire. Les chiliens devaient se prononcer pour ou contre le changement de la Constitution de Pinochet de 1980. L’épidémie du coronavirus a permis à Sebastian Piñera, qui avait atteint le pire niveau de crédibilité, de respirer à nouveau. Une hausse du prix du ticket de métro à 30 pesos dans la capitale a été le détonateur de cette fronde sociale inédite contre le gouvernement. Le mot d’ordre de «ce n'est pas pour 30 pesos, mais pour 30 ans d'abus de pouvoir » scandé par de centaines des milliers de chiliens sur les places et rues du pays, exprime clairement la nécessité de liquider les derniers vestiges de l'héritage institutionnel de la dictature pinochetiste (1973-1990). La lutte pour une «Assemblée Constituante libre et souveraine » garantissant la voix et la participation des jeunes, des dirigeants sociaux et syndicaux, des peuples autochtones et des femmes, reprendra certainement lorsque la pandémie aura terminée.
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PIÑERA, (IN)DIGNE HÉRITIER DE PINOCHET PHOTO PABLO VERA. AFP |
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