mardi 10 juin 2008

La relation Canada-Chili s'intensifie

«La relation Canada-Chili est un modèle de partenariat réussi au sein de notre hémisphère, a déclaré M. Harper hier en présentant Mme Bachelet aux médias. Elle prospère non seulement en raison de la hausse des échanges commerciaux entre nos deux pays, mais également en raison de notre engagement mutuel de promouvoir les valeurs que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.»

Lors de sa visite à Mme Bachelet en juillet dernier à Santiago, le chef du gouvernement canadien avait profité de l'occasion pour annoncer son intention de faire du rengagement dans l'hémisphère des Amériques sa priorité de politique étrangère. Du même coup, il avait proposé le modèle canadien comme une solution de rechange au capitalisme à l'américaine et à l'autoritarisme de gauche du président vénézuélien Hugo Chavez. M. Harper avait affirmé que le Canada était déterminé à jouer un plus grand rôle dans l'hémisphère des Amériques et dans les Caraïbes.

Hier, première journée d'une visite de quatre jours de Michelle Bachelet, M. Harper et la présidente chilienne ont signé une déclaration portant sur des protocoles d'entente qui intensifieront les relations des deux pays dans les domaines des sciences et de la technologie, des bourses d'études, de la mobilité des jeunes, des investissements et de l'exploitation minière.

«Le Chili partage la stratégie des Amériques du Canada, a pour sa part déclaré la présidente chilienne. Nous partageons ses idéaux de bonne gouvernance et de démocratie, des outils nécessaires pour réduire la pauvreté et les inégalités.» Mme Bachelet a expliqué qu'elle voulait que son pays devienne d'ici une génération un pays développé et c'est pour cette raison qu'elle apprécie sa collaboration avec le Canada.


Accord controversé avec la Colombie


Mais l'annonce, en fin de semaine par le gouvernement Harper, de la conclusion d'un accord de libre-échange avec la Colombie a créé des remous du côté de l'opposition officielle. Hier, le porte-parole libéral chargé du commerce international, Navdeep Bains, a accusé les conservateurs de mépriser le Parlement du Canada en n'ayant même pas attendu que le Comité permanent du Commerce international publie son rapport sur ce projet de libre commerce avec la Colombie, ce qu'il doit faire au cours des prochains jours.

Le ministre du Commerce international, David Emerson, a en effet annoncé samedi que le Canada a conclu cet accord de libre-échange controversé malgré le fait que le comité n'ait pas encore fini d'examiner ce qui était censé guider les négociations.

«Le gouvernement savait que cet accord soulèverait la controverse lorsqu'il a entamé les démarches, a déclaré M. Bains. Tous les partis ont montré leur désir de travailler en collaboration avec le gouvernement pour permettre de s'attaquer à certaines préoccupations sur les droits de la personne et sur l'environnement. Tout le Comité du commerce s'est même rendu en Colombie le mois dernier pour mieux comprendre ces questions.»

Le député néo-démocrate Peter Julian s'est particulièrement élevé contre le fait que si l'une des clauses du traité est violée par l'un des partenaires, une amende sera versée à un fonds de solidarité. «S'il y a encore des assassinats de syndicalistes et de militants des droits de la personne, la Colombie versera une amende dans ce fonds. Cette disposition n'est pas du tout dans l'esprit des valeurs canadiennes», a protesté M. Julian.

Interrogé par les journalistes sur cette question, M. Harper a répondu qu'il y avait un désir de part et d'autre de signer cet accord depuis longtemps et que de toute façon, ce n'est pas demain la veille que le processus de ratification sera complété. «Il faudra quelques mois, a-t-il dit. () Nous pensons que cet accord sera positif pour l'économie canadienne, mais aussi pour la Colombie, en favorisant son intégration démocratique, sa prospérité future et le respect des droits de la personne.»

La présidente chilienne se rend à Québec aujourd'hui, où elle s'entretiendra notamment avec le premier ministre Jean Charest. Elle sera à Montréal demain, où elle prendra la parole devant la section montréalaise du Forum économique international des Amériques.