"Ils doivent comprendre que leur identité doit prendre place dans un monde changeant et moderne", a assuré le ministre de la Présidence, Jose Antonio Viera Gallo, un préposé présidentiel pour les affaires indigènes. "La solution est la vie en commun des mapuches avec les entrepreneurs", a-t-il insisté en dialogue avec la presse étrangère.
Viera Gallo a qualifié comme une utopie la possibilité de remettre un territoire autonome aux mapuches. "Sur les terres ancestrales, nous pouvons leur donner le droit d’usage mais non de pouvoir", a-t-il précisé, en ajoutant que cela pourrait se concrétiser dans une co-administration ou droit d’usage partagé des terres.
"Une autonomie comme la basque ou la catalane n’est pas possible (...) c’est une utopie, cela ne peut jamais arriver. La solution consiste en ce que des mapuches et des non mapuches (entrepreneurs forestiers ? NdT) vivent ensemble. C’est un apprentissage lent", a-t-il soutenu.
Le ministre a considéré que la seule autonomie qui peut se comprendre est la capacité des communautés de continuer leurs coutumes et traditions.
L’ethnie mapuche, la plus importante du Chili, représentant 6 % des 16 millions d’habitants du pays, réclame la dévolution des terres qui ont appartenu à leurs ancêtres, principalement dans la région de l’Araucania (650 kms au sud de Santiago), terres riches pour usage forestier et agricole, aujourd’hui entre des mains privées.
Viera Gallo a rappelé que, pour continuer d’avancer dans les accords avec les mapuches, sont en marche les installations d’un ministère des Affaires Indigènes et d’un Conseil des Peuples Indigènes qu’intégreront 43 conseillers élus par les différents peuples.
Comme partie de sa lutte, quelques communautés plus radicales ont recouru aux occupations illégales de propriétés et se sont affrontées à la police, dans les actions qui se sont intensifiées dans les derniers mois.
Il y a au moins 50 mapuches en prison, et une dizaine ont été inculpées de la loi antiterroriste qui date de la dictature d’Augusto Pinochet et qui triple les peines pour des délits communs, malgré le fait que les Nations Unies ont demandé au gouvernement chilien de ne pas l’invoquer.
À ce sujet, Pamela Figueroa, fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur - chargé de la sécurité nationale-, a précisé que l’application de cette loi "ne s’applique pas sur des personnes et des groupes ethniques mais sur des actions".
En 2009, l’État chilien a engagé des pousuites judiciaires contre des mapuches à trois opportunités, pour des attentats contre un procureur et des attaques incendiaires sur différentes propriétés et des camions de compagnies forestières malgré le fait qu’au début de son mandat la présidente Michelle Bachelet s’était engagée à ne pas l’utiliser.
Les mapuches assurent que la police les réprime quand ils rentrent dans leurs communautés à la recherche d’indigènes supposément liés avec des faits violents, ce qui a cassé la confiance gagnée en dialogues entre le gouvernement et les communautés.
"Il est difficile d’harmoniser les actions de sécurité du ministère public et des carabiniers avec la construction d’accords avec les communautés", a admis Ricardo Brodsky, chef des Relations Interministérielles du Ministère de la Présidence.