vendredi 29 juin 2012

FOURS DE LONQUÉN


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

EN HOMMAGE AUX MARTYRS DE LONQUEN

Les sept anciens policiers sont accusés de l'homicide des 15 personnes dont les restes ont été retrouvés dans ces « Fours de Lonquén ». Il s’agit d’anciens fours pour le traitement de la chaux, désaffectés, et utilisés par les sbires pour dissimuler 15 cadavres. C’est aussi un des plus atroces massacres commis sous Pinochet, emblématique des nombreux crimes de sa dictature.


LES FAMILLES DES VICTIMES LORS 
D'UNE MESSE EN HOMMAGE 
AUX MARTYRS DE LONQUEN
PHOTO LUIS NAVARRO
Par l’énormité des faits –quinze victimes entre 17 et 51 ans, tous des paysans, tués ensemble les mains attachées au dos et ensevelis clandestinement–, la macabre découverte a suscité à l’époque une grande commotion au Chili et au delà.


Elle est venue aussi confirmer ce que les organismes humanitaires de l’église et quelques avocats des droits de l’homme soupçonnaient depuis quelque temps : la dictature militaire procédait à des enterrements clandestins pour dissimuler des massacres. Ce fut la mise à jour du premier charnier secret de la dictature parmi une longue liste qui n’est toujours pas close, et il a fallu se rendre à l’évidence que le pays en était truffé.


La funeste trouvaille a fait réagir aussi le dictateur, qui craignant d’autres découvertes du même genre déclencha très vite l’opération « retrait de téléviseurs ».

Ce nom de code, transmis crypté fin 1978 aux unités militaires tout au long du pays, a consisté en repérer les charniers, déterrer en secret des centaines de cadavres, les mettre dans des sacs, les conduire à bord des hélicoptères Puma de l’armée de terre et les couler en mer au large des côtes chiliennes, préalablement lestés d’un morceau de rail.

Les inculpés sont le lieutenant colonel Lautaro Castro Mendoza –à l’époque capitaine– et les carabiniers Juan Villegas Navarro, Félix Sagredo Aravena, Manuel Muñoz Rencoret, Jacinto Torres González, David Coliqueo Fuentealba, José Belmar Sepúlveda et Justo Peralta Romo.

L'avocat des parents des victimes, Nelson Caucoto, s'est déclaré satisfait de la résolution.

Ce dossier douloureux a connu un sort long et complexe. L’appareil judiciaire de la dictature l’a d’abord enterré, puis a essayé de le couvrir par la loi d’amnistie édictée par Pinochet.

Des années de procédures se sont poursuivies pour arriver finalement à la vérité, et notamment l’efficace intervention d’experts étrangers en médecine légale qui ont longuement examiné les dépouilles.


En février 2010, le laboratoire Health Science Center de l'université de Texas a rendu les analyses de reconnaissance des victimes –qui auront duré presque quatre ans–, en identifiant 13 des 15 corps.

C’étaient un père et ses 4 fils ; trois autres frères d’une même famille ; un autre père et ses deux fils, et 4 autres jeunes sans liens de parenté. Tous les hommes d’un village.


Longtemps, on avait cru qu’ils avaient été fusillés, mais les expertises n’ont pas retrouvé des balles ni des traces de coups de feu. Ils ont tous été assassinés à coups de pied et à coups de crosse.