mercredi 21 novembre 2012

LE CHILI CHERCHE À PRIVATISER LES MERS

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DES PÊCHEURS PROTESTENT DANS LES ENVIRONS DU CONGRÈS À  VALPARAISO. CONTRE LA POLÉMIQUE DE LOI PÊCHE  DITE « LOI LONGUEIRA  ». PHOTO TOMÁS FERNÁNDEZ, MISE À JOUR LE 20/11/2012

D’après certains analystes, le président Sebastian Piñera propose de réactiver une loi qui avait initialement été pensée sous la dictature d’Augusto Pinochet.

Le pays a traversé un processus de privatisation parmi les plus radicaux à niveau mondial, avec la vente d’entreprises publiques de transport, d’électricité, de télécommunications, d’alimentation, ainsi que de banques et d’autres services publics comme la sécurité sociale, l’éducation et la santé.

Pour Juan Carlos Cardenas, directeur exécutif de l’organisation environnementale chilienne Ecocéanos, le gouvernement cherche à boucler l’une des toutes dernières réformes néolibérales de l’économie que serait la privatisation des mers.

« Cette nouvelle subvention au profit des oligopoles et des oligarques les plus nantis du pays est un pied de nez aux demandes en faveur de l’augmentation du salaire minimum, de l’accès universel à une éducation gratuite et de qualité, d’une santé publique décente, du droit à un logement digne ou de l’amélioration des prestations de retraite », a souligné Cardenas.

Le projet suscite également une vive inquiétude chez les pêcheurs, qui craignent qu’il ne puisse entraîner l’extinction de la pêche artisanale. À l’heure actuelle, seuls les petits exploitants sont autorisés à pêcher dans la zone limitée à cinq milles des côtes. L’idée est de protéger les rivages, qui recèlent une faune plus abondante et éviter ainsi tout risque de surexploitation par chalutage.

En attendant, il est envisagé de procéder à la réforme de la réglementation et d’ouvrir cet espace au secteur industriel, ce qui reviendrait à livrer la totalité des mers chiliennes aux mains des quatre sociétés.

La zone ainsi créée représente une superficie d’approximativement 2.400.000 km2, soit plus de trois fois la superficie du territoire national du Chili.

De surcroît, le projet de loi prévoit que les droits de pêche accordés aux grandes sociétés leur soient octroyés à perpétuité, avec la possibilité de les transmettre en héritage à leurs descendants.

D’après les chiffres officiels, le secteur de la pêche procure de l’emploi à 128.000 personnes, dont 68 % sont des pêcheurs artisanaux. En outre, environ 5.000 personnes sont employées sur les bateaux de pêche.

Le projet de loi suscite également des réactions d’opposition au sein des communautés autochtones qui estiment que l’extension des pouvoirs de l’industrie de la pêche est susceptible d’entraîner des atteintes à la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux.

Cette convention, ratifiée par le Chili en 2008, exige que les peuples indigènes et tribaux soient consultés à travers leurs institutions représentatives, et ce à chaque fois que des mesures législatives ou administratives sont prévues qui sont susceptibles de les affecter directement.

Historiquement, l’exploitation soutenable de poissons, de fruits de mer et d’algues a fait partie intégrante de la vie économique et culturelle des Mapuche, des Rapa-Nui et des Kawesqar .

En ce sens, Ana Nahuelpan, du Movimiento de Defensa del Mar de Mehuin, a indiqué que les peuples indigènes se voient spoliés de leurs droits.

« Nous nous opposons à cette loi car nous n’avons pas été consultés tel que le prévoit la Convention 169 de l’OIT. Nous enjoignons aux sénateurs de respecter l’obligation qui leur incombe en vertu du droit international et d’engager des consultations », a-t-il déclaré.


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