mardi 18 février 2014

VENEZUELA: QUAND L’« OBJECTIVITÉ » JOURNALISTIQUE SE PERD DANS LES RUELLES DE CARACAS

UN MANIFESTANT DEVANT UNE RANGÉE DE POLICE ANTI-ÉMEUTE, MERCREDI 12 FÉVRIER 2014 À CARACAS. PHOTO JORGE SILVA. REUTERS 
Le Venezuela n’est pas un paradis. Personne n’a la stupidité de le penser. Le processus à l’œuvre depuis l’élection du président défunt Hugo Chavez, en 1998, est critiquable à bien des égards. Comme tout processus politique. Il est aussi fort de transformations qui ont constitué autant de ruptures et de progrès sur le plan social ou éducatif. Pourquoi le nier? Au point de voir un journaliste du 20 heures d’une chaîne publique française contraint de présenter des excuses à la suite de la diffusion d’un reportage au Venezuela pétri de mensonges? Les charges médiatiques étaient bien moins virulentes contre 
les gouvernements dits de Punto Fijo, lorsque les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens se partageaient les postes, non sans avoir bourrés les urnes.



LA RÉVOLUTION NE SERA PAS TÉLÉVISÉE (HQ) - COUP D'ETAT CONTRE HUGO CHAVEZ


Le sujet anti-«révolution bolivarienne», ce marronnier

À l’époque, les Vénézuéliens, affamés par les plans d’ajustements structurels du FMI, étaient descendus en masse dans 
les rues. La répression avait fait alors 3 000 morts. 
Les États-Unis, qui se disent «profondément préoccupés» par «les tensions et la violence» en cours, s’étaient empressés, en 2002, de féliciter les auteurs du coup d’État contre Hugo Chavez. L’immense majorité 
des médias leur avaient alors emboîté le pas, offrant 
là une légitimité à des putschistes!

Les campagnes 
anti-«révolution bolivarienne» sont récurrentes: 
un marronnier, comme on dit dans le jargon du métier. 
Les exemples affluent comme les qualificatifs à l’encontre d’Hugo Chavez, ravalé au rang de dictateur. Mais qui peut décemment taire qu’il a remporté près d’une quinzaine de scrutins libres et transparents? Sa popularité, à faire pâlir plus d’un chef d’État soi-disant plus respectable parce que dans le vent des idées majeures, est toujours aussi vive auprès d’une majorité de Vénézuéliens. Tordre les faits, c’est mépriser l’éthique professionnelle. Et alimenter le discrédit dont souffrent (déjà) les médias. Le fondateur d’un quotidien du soir a dit : «L’objectivité n’existe pas! L’honnêteté, oui!» Ce n’était pas Jean Jaurès.