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LE NOUVEAU MINISTRE DES FINANCES GREC, EUCLIDE TSAKALOTOS PHOTO REUTERS |
On le dit discret et taiseux mais en fait, dès qu’il est lancé sur une thématique qu’il maîtrise, il se montre passionné… et très disert ! Lors d’un point avec la presse étrangère en Grèce il y a quelques semaines, il a ainsi tenu en haleine des dizaines de collègues à grands coups de discours enflammés, ponctués de sourires charmeurs et d’anecdotes. Son message principal : « Quel échec de l’Europe de ne pas réussir à faire de la place à une petite voix différente au programme pourtant loin d’être révolutionnaire ! »
« Sounds very logical » (« Tout ceci paraît très logique»), en retiendra, conquis, un journaliste américain. « C’est la force d’Euclide, il sait convaincre sans arrogance, mais c’est un homme de convictions. Plus radical que Varoufakis, même ! », assure l’un de ses collègues de l’université d’Athènes.
Ardent partisan du référendum
Au fond, c’est vrai, il défend les mêmes positions que son ami déchu, et a souvent rappelé, lorsqu’il est interrogé par la presse, qu’un gouvernement de gauche est tenu de réguler le marché du travail, doit se battre pour la mise en place de conventions collectives, et ne doit pas baisser les retraites ou augmenter la TVA.
Alors que Varoufakis est un Européen convaincu, qui
a longtemps appelé même à plus de fédéralisme, Tsakalotos défend plutôt par tactique l’appartenance de la Grèce à la zone euro. « Une route grecque où vous quittez l’euro et faites votre propre stratégie nationale semble être une répétition droite du Royaume-Uni dans les années 1970 et la France dans les années 1980. La voie des solutions nationales a échoué. Nous avons besoin de solutions internationalistes », expliquait-il en janvier 2014, lors du lancement à Londres de son livre Crucible of Resistance : Greece, the Eurozone and the World Economic Crisis (Pluto Press, non traduit).
a longtemps appelé même à plus de fédéralisme, Tsakalotos défend plutôt par tactique l’appartenance de la Grèce à la zone euro. « Une route grecque où vous quittez l’euro et faites votre propre stratégie nationale semble être une répétition droite du Royaume-Uni dans les années 1970 et la France dans les années 1980. La voie des solutions nationales a échoué. Nous avons besoin de solutions internationalistes », expliquait-il en janvier 2014, lors du lancement à Londres de son livre Crucible of Resistance : Greece, the Eurozone and the World Economic Crisis (Pluto Press, non traduit).
Il fut un ardent partisan du recours au référendum car il croit dans la démocratie directe. C’est en fait, lui aussi, un marxiste revendiqué. Et même un cadre du comité directeur de Syriza depuis dix ans, là où Yanis Varoufakis avait toujours précieusement cultivé son indépendance en ne s’attachant au parti que lors des dernières élections. Il est par ailleurs très proche du vice-président du gouvernement, Yannis Dragasakis, le doyen du groupe d’experts qui conseillent Alexis Tsipras depuis 2012.
À Bruxelles, son anglais teinté d’accent oxfordien, héritage de ses longues études en Angleterre, est à la fois apprécié et gentiment moqué. Euclide Tsakalotos est né à Rotterdam, aux Pays-Bas, et a étudié à Oxford, où il a suivi un cursus de politique, de philosophie et d’économie. En 1989, il a intégré l’université du Kent, à Canterbury au Royaume-Uni, d’abord pour y faire de la recherche, puis pour y enseigner l’économie. Il est marié à l’économiste écossaise Heather D. Gibson, qu’il a rencontrée durant ses études.
Reste à savoir quelle sera sa stratégie de négociation. Dans une note adressée à la presse le 30 juin, au soir de la rupture avec les créanciers, Euclide Tsakalotos n’avait pas mâché ses mots. Il pointait alors du doigt « le manque de flexibilité » et les divergences de point de vue entre les « trois institutions avec lesquelles nous négocions ». Pour sa première intervention publique en tant que ministre lundi soir, il a déclaré que les Grecs avaient fait comprendre lors du référendum « qu’ils méritaient mieux » et qu’ils « n’allaient pas accepter une solution non viable ». La continuité de la ligne Tsipras, donc.