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Nous voici à nouveau réunis pour rendre hommage à l’un de nos amis, mari et père. Ceci exige de nous un très grand effort car en dehors de trois autres amis partis récemment, ces derniers jours nous en avons également perdu d’autres au cours des terribles événements que tout le monde connaît.
par Gilda Mutarello
Alexandre,
tu étais un homme de conviction, dès l’âge de 17 ans tu as compris la misère
humaine et l’injustice et tu as voulu la combattre. Tu as eu une vie ni simple ni tranquille, mais
remplie de beaucoup d’expériences et de rencontres entre trois continents.
Une vie marquée par l'humanisme, le partage de ton
amour et de ton amitié, le dévouement, mais aussi par le goût d’un risque pour
sauver tes compagnons, ainsi que l'écoute des autres. Tu a franchi beaucoup d’obstacles et
triomphé des difficultés et pour y parvenir, tu n’as pas ménagé tes efforts
jusqu’au bout.
Ton
activité de militant et associatif témoigne de ton esprit collectif et de
ton dévouement pour les autres.
Tu
étais aussi mari, père, grand père, arrière grand père, artiste peintre
amateur, musicien amateur, écrivain, voyageur.
Parfois
tu pouvais sembler distant voir froid mais c’était ton côté réservé, tu étais
moqueur, moraliste, avais un humour qui pouvait être confondu pour de l’ironie
ou du sarcasme et très gourmand de gâteux et de chocolat. Cependant tu étais
aussi un homme intègre, droit et rigoureux.
On
me dit que j’ai hérité de toi de nombreux traits de caractère, que tu as du
hériter de ton père qui s’était engagé comme pompier et a été un des fondateurs
de la caserne de pompiers Croates dans la ville de Calama. Les pompiers au Chili sont des bénévoles qui
exercent leur labeur de sauvetage en dehors de leur activité professionnelle.
Ton
engagement contre les injustices, la cruauté, la xénophobie, je l’ai très tôt
compris et fait mien, les valeurs que tu m’a inculquées avec Maman sont
profondément ancrées en moi et ont crée un savant mélange de carburant dans ma
vie.
Je
voudrais te dire, ces quelques mots qui seront sans doute trop faibles, combien
je suis fière d'être ta fille. Tu m'as
accompagné avec Maman dans mes doutes, mes échecs et mes réussites.
Malgré
la grande tristesse que nous inflige ton départ, nous sommes soulagées que tu
ne souffres plus, durant ces dernières années tu t’es beaucoup battu contre la
maladie, et les derniers mois ont été assez durs pour toi et aussi pour nous. Aujourd’hui nous te savons en paix.
Tu as
été rejoindre le club de copains équilibrant ainsi les choses : quatre révolutionnaires,
dont deux fêtards René et Leonel et deux têtes brûlés Jacques et toi. Quatre hommes qui ont connu les sombres
conséquences de la bêtise et la cruauté humaine mais qui ont résisté et nous
laissent un héritage et un exemple à suivre.
Mais
il vaut mieux se souvenir de quelques anecdotes qui illustrent mieux qui tu
étais, par exemple celles ou :
- Grand
blagueur, lorsqu’on était a table et qu’un ami arrivai, tu disais : « oh
la la, qu’on range le pain, qu’on ramène la casserole », tu le disais d’une
façon tellement sérieuse que plusieurs d’entre eux se sont fait avoir et ne
savaient pas quoi dire ni faire.
- Lorsque
quelqu’un partageait notre table, tu n'étais pas tranquille tant que cet invité
ou les invités n’aient pas mangé tout ce qui avait été préparé jusqu’au
chocolat que tu gardais pour le café ou le thé.
- Lorsque
j’étais plus jeune tu partais avec moi à Paris sous prétexte d’une promenade
avec ta fille, mais c’était aussi pour manger des gâteux, jusqu’à ce que j’ai
en eu marre, car ils me rendaient malade et que je te dise que je ne voulais
plus en manger. Promenade oui mais plus
de gâteaux.
Puis
combien de soirées ou de moment où l’on pouffait de rire tous les deux ou avec mes
frères de tes pitreries et moqueries. Combien d’amis ont pâti de celles-ci avant de
bien sûr, les partager.
Des
moments où l’on n’était pas d’accord tout les deux, et dont chacun campait sur
ces positions mais trouvant finalement out un compromis. Des soirées à refaire le monde, a partager des
moments où l’on se fâchait ensemble d’horreurs qui survenaient aux quatre coins
du monde.
Bien
sur il y a tellement d’autres, mais je m’arrête là pour aujourd’hui.
Toi
qui avait une grande aversion pour la couleur noire, on te rassure, Maman a
tenu sa promesse de s’habiller aujourd’hui avec d’autres teintes et moi qui
suis régulièrement habillée de cette couleur, ai fait en sorte de te faire plaisir.
Je
tiens à remercier mes amis Bamiléké avec lesquels je partage depuis quelques
années mon travail de doctorat, mais aussi une belle amitié. Ils n’ont pas
connu mon père, mais ils s’enquerraient régulièrement de son état. Leurs
massages de condoléances nous ont beaucoup touché maman et moi.
Nous
avons une très grande pensée pour tous ceux qui ont perdu la vie et ceux qui
ont été blessés ces derniers jours ainsi que pour leurs familles. Nos amies Patricia et Elsa étaient au
Bataclan et laissent leurs familles dans un profond désarroi et grande
tristesse, nous partageons leur douleur.
Nous
tenons à remercier l’équipe de St François de l’avoir accompagné jusqu’à
la fin de sa vie et qui était là dans
les moments difficiles, ainsi que les membres de familles d’autres
pensionnaires. De même que son médecin, le Dr. Gauthier qui en dehors de ses
compétences professionnelles lui a consacré du temps et avait une attention
toute particulière pour lui.
Nous
désirons exprimer notre plus grande reconnaissance à tous les amis de Fontenay qui
nous ont accompagné au long de toutes ces années et avec lesquels on a partagé beaucoup,
beaucoup de choses tristes et heureuses, des expériences fortes et une belle
amitié.
Enfin
nous tenons à vous remercier vous tous
pour votre présence, votre affection, votre soutien, et de votre grande amitié.
Soyez de tout cœur remerciés.