PHOTO BIOSIGMA |
L'entreprise Biosigma, créée en 2002 par la société d'Etat Codelco - principale productrice de cuivre dans le monde - et le groupe japonais JX Nippon Mining and Metals, a réussi au terme d'un long processus à mettre au point ce procédé dont l'exploitation commerciale a débuté il y a six mois dans une mine du nord du pays.
"C'est la fin du gigantisme dans l'industrie minière, la biotechnologie pourrait être l'avenir, et avec le biolessivage nous sommes en train de parler de l'optimisation d'un processus naturel, avec un impact environnemental moindre et une efficacité accrue", s'enthousiasme auprès de l'AFP Pilar Parada, responsable de Biosigma.
En plus d'une décennie de recherche, 70 brevets ont été déposés au niveau mondial, et 120 autres sont en cours de validation.
Un travail unique qui a permis d'identifier "une +dream team+ de bactéries qui préservent le minerai, séparant le fer et le sulfure de cuivre": ces bactéries, versées comme solution liquide sur la roche, permettent d'extraire le cuivre qui est ensuite rassemblé sous forme de planche de métal exportable en l'état, explique encore Mme Parada.
"En quelques mois nous accélérons un procédé naturel, qui dans la nature prend des années, et nous démontrons que cette technologie est de 30% à 50% plus efficace que les technologies conventionnelles", ajoute-elle.
Ce procédé n'est cependant viable que lorsque la concentration de métal dans la roche est faible (entre 0,45% et 2%).
Rien que pour Codelco - 1,8 million de tonnes en 2014, 11% de la production mondiale de cuivre -, "il existe plus de 1,7 milliard de tonnes de roches à faible concentration disponible, ce qui potentiellement pourrait représenter deux millions de tonnes de cuivre supplémentaires", explique Mme Parada.
- 'Mieux protéger l'environnement' -
Le biolessivage utilise six fois moins d'eau et trois fois moins d'énergie que les technologies traditionnelles.
Dans les prochaines années, cette technologie pourrait permettre de produire entre 50.000 et 60.000 tonnes supplémentaires de cuivre fin.
Plus prudent, Jaime Rivera, responsable du commerce et de l'innovation chez Codelco, affirme que si le procédé a montré son efficacité, "il n'a pas encore provoqué un chamboulement pouvant concurrencer les technologies plus +massives+".
Mais "en continuant d'améliorer cette nouvelle technologie, on pourra à l'avenir exploiter plus de minerai à faible concentration" et affronter les importants défis de l'activité minière, comme son aspect durable, notamment dans le traitement et la préservation de l'eau, précise-t-il à l'AFP.
Car, tandis que les normes environnementales sont toujours plus strictes, le secteur minier doit parallèlement travailler avec des roches à plus faible concentration et contenant plus d'impuretés.
Avec le biolessivage "et en temps de crise, nous avons un avantage car l'investissement et les coûts (de ce projet) ont eu lieu à une époque de prix élevés du cuivre", assure M. Rivera.
"Maintenant nous avons la technologie et son application, donc le faible prix du cuivre ne nous crée pas de problème" pour poursuivre le projet, ajoute-t-il.
Cette chute des cours a poussé Codelco à lancer ces derniers mois un plan d'économies de 48 millions de dollars par an, prévoyant une augmentation de 18% de la productivité dans les quatre prochaines années.