A elles deux, ces entreprises représentent 86 % des produits dérivés du papier du Chili, papier toilette, essuie-tout, serviettes et mouchoirs en papier. Un accord qui a duré jusqu’en 2011, c'est à dire plus de dix ans !
Les deux entreprises ont reconnu les faits. C’est le parquet chargé des affaires économiques qui a révélé le scandale il y a plus d’une dizaine de jours, et depuis il ne cesse de grossir.
Une entente illicite qui porte atteinte aux consommateurs
Ce qui choque les Chiliens, c’est qu’ils aient dû payer plus cher tant d’années consécutives pour des produits pratiquement irremplaçables. Dans certains supermarchés, on ne trouve que les produits de ces deux entreprises.
De plus, le groupe CMPC qui concentre 76 % du marché n’est pas pauvre. Il appartient au groupe Matte, le plus puissant du pays, et la famille Matte est une des plus riches du Chili. Eliodoro Matte, qui dirige le groupe se trouve être un des pontes, des penseurs de la droite chilienne.
C’est la troisième fois qu’une affaire d’association illicite se produit au Chili. Il y a eu celle des pharmacies en 2008 et celle des vendeurs de poulets en 2011 qui ont également entaché l’image du patronat. Chaque fois, ce sont les plus pauvres qui trinquent le plus.
Ces produits sont très populaires. Dans le cas de ce scandale, le Chili est le quatorzième pays qui consomme le plus au monde de papiers à usage domestique, le premier d’Amérique latine.
Une amende peu dissuasive
Le plus probable est qu’il n’y aura pas de sanctions. Dans la législation actuelle chilienne, il existe la figure de la délation compensée. Faute avouée, totalement pardonnée, pourrait-on résumer. La CMPC a avoué, elle a aidé les enquêteurs, elle ne devrait donc rien payer.
Quant à la SCA, elle pourrait payer 15 millions de dollars. On ne sait pas combien ces deux entreprises ont gagné grâce à leur accord. Mais cette amende est ridicule. Il y a donc plus d’avantages à s’associer pour augmenter les prix qu’à rivaliser.
Et c’est d’autant plus simple qu’il y a une très forte concentration économique dans tous les secteurs, autrement dit peu d’acteurs. Le Parlement est donc en train de discuter un changement de la loi, qui rétablirait la peine de prison pour les coupables.