Premier chef d’État argentin qui ne soit ni péroniste ni radical, Mauricio Macri incarne pour beaucoup un recentrage de l’Amérique latine, quinze ans après le tournant populiste de gauche incarné par Hugo Chavez.Propos recueillis par Christine Legrand
Cela fait treize ans que l’Argentine n’était pas présente à Davos, comment interpréter votre venue à ce forum ?
L’Argentine veut avoir de bonnes relations avec le monde entier. Je veux créer des emplois, je me suis engagé à parvenir à une pauvreté zéro en Argentine. Nous avons besoin d’investissements. L’Argentine revient sur la scène internationale, pour travailler sur des sujets comme la pauvreté, le changement climatique, la lutte contre le terrorisme, la corruption et le narcotrafic. Nous allons être un pays prévisible. Que ceux qui viennent investir sachent que leurs droits seront respectés, s’ils respectent les lois argentines. C’est le sens du vote des Argentins, qui veulent avoir de bonnes relations avec tout le monde.
Vous considérez-vous comme le chef de file d’un changement politique en Amérique latine ?
Je suis concentré sur les Argentins. Si ce que nous faisons ici aide toute la région, tant mieux. Je crois à la démocratie et au respect des libertés. Je ne veux pas me mêler des affaires internes d’autres pays. La seule situation avec laquelle je ne peux pas être d’accord est le non-respect des droits de l’homme, comme au Venezuela.
Qui est Mauricio Macri ?
C’est un homme qui cherche les meilleures solutions. Je crois au travail d’équipe, à l’action et à l’addition des forces. Je cherche à débarrasser les relations de l’idéologie. J’ai un engagement du XXIe siècle, pour vivre dans un monde moins pollué, moins violent, plus transparent, avec plus de travail, plus libre.
Quel est le leader auquel vous vous identifiez ?
Nelson Mandela, c’est celui qui m’a le plus inspiré au cours de ces dernières années.
Vous sentez-vous proche d’Angela Merkel, le centre droit européen ?
J’ai un profond respect pour la chancelière allemande et suis heureux d’avoir reçu le soutien de son parti. Mais je crois qu’au XXIe siècle on ne peut pas continuer à qualifier ainsi les gouvernants. C’est dépassé. Les gens n’ont pas voté pour moi à cause d’une décision idéologique, mais parce qu’ils ont pensé que nous pouvons créer de meilleures opportunités pour les Argentins. J’espère susciter des changements profonds dans l’éducation, la matrice énergétique, la sécurité. Les gouvernements qui n’ont pas de réponse aux demandes des citoyens s’affaiblissent.
Croyez-vous que la justice argentine soit suffisamment forte pour enquêter sur les nombreux scandales qui ont secoué le gouvernement Kirchner ?
Nous sommes opposés à toute impunité. Nous croyons que la justice a un chemin à parcourir, comme nous tous, gouvernement, Congrès, toutes les institutions en général. Nous voulons que les juges se sentent libres d’agir en toute indépendance. Voilà pourquoi nous avons déclassifié les informations concernant la mort du procureur Alberto Nisman [en janvier 2015]. S’il y a eu des interférences politiques dans l’enquête, il n’y en aura plus. Il y a des bons et des mauvais juges, comme partout. Je dois veiller à l’indépendance de la justice, faire en sorte que les prochaines élections à la Cour suprême soient transparentes et que soient élus les plus qualifiés et non des proches du pouvoir. Je veux démontrer que l’on peut gouverner d’une autre façon, avec transparence, avec une presse qui a accès à l’information.
Lire aussi : La mort du procureur Nisman, l’affaire qui pèse sur la présidentielle argentine
Il y a vingt-cinq ans, vous avez été enlevé par un commando policier. Aujourd’hui, on parle toujours d’une police corrompue. C’est une bombe à retardement ?
Non. La police est le fruit de la politique en Argentine. Elle a besoin d’investissements en matière de formation et d’équipements, qui n’ont pas été faits depuis trente ans. Je ne crois pas que la police explique les problèmes circonstanciels de l’Argentine. Je ne crois pas que la police soit plus corrompue que la moyenne de la société. La corruption s’est installée dans l’ensemble de la société. Il y a des policiers qui sont honnêtes, ce sont la majorité, et il y en a de malhonnêtes, comme dans tous les secteurs. Nous devons soutenir les premiers. Tous les gouverneurs des provinces sont d’accord sur ce point : il faut rendre son prestige à l’institution policière et améliorer sa qualité. Nous avons énormément de défis, mais je ne les vis pas comme une bombe.
Quel est votre bilan sur votre premier mois ?
Nous avons beaucoup avancé, en peu de temps. Nous n’avons pas encore terminé les nominations à des milliers de postes. Rappelons qu’il y a eu une transition très courte, entre l’élection et la prise de fonctions. Je m’étais engagé à nommer le meilleur gouvernement de ces dernières années, et nous avons réussi. La lutte contre le narcotrafic a commencé, mais les résultats se feront sentir dans plusieurs années, car le gouvernement sortant a eu un niveau d’inaction et d’incompétence qui a entraîné une avancée importante des narcotrafiquants. La collaboration internationale en matière de sécurité sera importante.
Comment expliquez-vous les milliers de licenciements dans l’administration ?
Nous croyons en l’importance de l’État, de la fonction publique, des concours d’admission, du mérite, d’un État capable de résoudre les problèmes et qui ne se présente pas comme un bastion du militantisme politique. Malheureusement, le gouvernement sortant a utilisé l’administration pour placer ses militants au lieu de nommer des gens qui étaient préparés. Nous voulons un État proche des gens, capable de résoudre les problèmes.
Craignez-vous la riposte des syndicats ?
Nous sommes convaincus de construire l’Argentine que nous voulons tous. Il n’y aura pas de pauvreté zéro, s’il n’y a pas un État qui fonctionne. L’État dont nous avons hérité est un État démantelé, incompétent. Il faut informatiser pour transformer un État du XXe siècle en un du XXIe siècle.
Lire aussi : L’Argentine est prête à tourner la page Kirchner
Certains s’inquiètent que ces licenciements soient le prélude d’un réajustement…
Qu’ils soient tranquilles, nous allons récompenser ceux qui travaillent bien, comme nous l’avons fait quand nous gouvernions la ville de Buenos Aires. Il y a des licenciements, quand nous rencontrons des gens qui n’ont pas passé de concours ou n’ont pas les capacités nécessaires. Je préfère parler de défi, plutôt que de crise. Il y a un immense espoir, un grand enthousiasme qui explique les bons messages qui nous parviennent du monde entier. Beaucoup de gens pensent investir en Argentine, cherchent où investir et cela va générer des emplois. Et cela sans que les gens soient obligées de dépendre d’un ami politicien. Ce pays a la possibilité de créer des milliers d’emplois, avec dignité, avenir, enthousiasme et bonheur pour les plus démunis.
L’opposition vous accuse de gouverner par décrets…
Les décrets sont des outils constitutionnels, légaux. Nous venons tout juste de commencer et le Congrès est actuellement en vacances.
Vous n’avez n’a pas de majorité au Congrès. Cela explique que vous alliez à Davos avec l’opposant Sergio Massa ?
Nous avons invité Massa, car nous devons montrer au monde que cette normalisation de l’Argentine est soutenue par beaucoup. Massa est jeune, il a un avenir. Nous n’avons pas de majorité à la Chambre des députés et au Sénat, mais je ne l’avais pas non plus quand j’étais maire de Buenos Aires. J’ai confiance dans le dialogue pour parvenir à des accords permettant de faire les réformes nécessaires. Les gouverneurs avec lesquels nous avons parlé partagent notre agenda d’expansion des économies régionales, investissements en infrastructures, modernisation, changement climatique.
Pour la première fois depuis longtemps, une dirigeante politique est emprisonnée, Milagro Salas, à Jujuy…
Cela montre qu’il y a des juges indépendants et courageux, qui ne m’ont pas consulté, ni le gouverneur de Jujuy, ni personne, et qui ont agi en fonction des nombreuses plaintes reçues, qui représentent des violations de la loi. L’explication politique est infantile. La presse avait dénoncé à plusieurs reprises les abus de pouvoir de Milagro Salas.
Qu’attendez-vous de la visite de François Hollande en Argentine, les 24 et 25 février ?
Je suis très heureux de cette visite, car l’Argentine a des liens historiques très importants avec la France. Nous allons réaffirmer ces liens culturels, économiques, scientifiques, alors que beaucoup d’entreprises françaises sont implantées dans notre pays.
Vous considérez-vous comme le chef de file d’un changement politique en Amérique latine ?
Je suis concentré sur les Argentins. Si ce que nous faisons ici aide toute la région, tant mieux. Je crois à la démocratie et au respect des libertés. Je ne veux pas me mêler des affaires internes d’autres pays. La seule situation avec laquelle je ne peux pas être d’accord est le non-respect des droits de l’homme, comme au Venezuela.
Qui est Mauricio Macri ?
C’est un homme qui cherche les meilleures solutions. Je crois au travail d’équipe, à l’action et à l’addition des forces. Je cherche à débarrasser les relations de l’idéologie. J’ai un engagement du XXIe siècle, pour vivre dans un monde moins pollué, moins violent, plus transparent, avec plus de travail, plus libre.
Quel est le leader auquel vous vous identifiez ?
Nelson Mandela, c’est celui qui m’a le plus inspiré au cours de ces dernières années.
Vous sentez-vous proche d’Angela Merkel, le centre droit européen ?
J’ai un profond respect pour la chancelière allemande et suis heureux d’avoir reçu le soutien de son parti. Mais je crois qu’au XXIe siècle on ne peut pas continuer à qualifier ainsi les gouvernants. C’est dépassé. Les gens n’ont pas voté pour moi à cause d’une décision idéologique, mais parce qu’ils ont pensé que nous pouvons créer de meilleures opportunités pour les Argentins. J’espère susciter des changements profonds dans l’éducation, la matrice énergétique, la sécurité. Les gouvernements qui n’ont pas de réponse aux demandes des citoyens s’affaiblissent.
Croyez-vous que la justice argentine soit suffisamment forte pour enquêter sur les nombreux scandales qui ont secoué le gouvernement Kirchner ?
Nous sommes opposés à toute impunité. Nous croyons que la justice a un chemin à parcourir, comme nous tous, gouvernement, Congrès, toutes les institutions en général. Nous voulons que les juges se sentent libres d’agir en toute indépendance. Voilà pourquoi nous avons déclassifié les informations concernant la mort du procureur Alberto Nisman [en janvier 2015]. S’il y a eu des interférences politiques dans l’enquête, il n’y en aura plus. Il y a des bons et des mauvais juges, comme partout. Je dois veiller à l’indépendance de la justice, faire en sorte que les prochaines élections à la Cour suprême soient transparentes et que soient élus les plus qualifiés et non des proches du pouvoir. Je veux démontrer que l’on peut gouverner d’une autre façon, avec transparence, avec une presse qui a accès à l’information.
Lire aussi : La mort du procureur Nisman, l’affaire qui pèse sur la présidentielle argentine
Il y a vingt-cinq ans, vous avez été enlevé par un commando policier. Aujourd’hui, on parle toujours d’une police corrompue. C’est une bombe à retardement ?
Non. La police est le fruit de la politique en Argentine. Elle a besoin d’investissements en matière de formation et d’équipements, qui n’ont pas été faits depuis trente ans. Je ne crois pas que la police explique les problèmes circonstanciels de l’Argentine. Je ne crois pas que la police soit plus corrompue que la moyenne de la société. La corruption s’est installée dans l’ensemble de la société. Il y a des policiers qui sont honnêtes, ce sont la majorité, et il y en a de malhonnêtes, comme dans tous les secteurs. Nous devons soutenir les premiers. Tous les gouverneurs des provinces sont d’accord sur ce point : il faut rendre son prestige à l’institution policière et améliorer sa qualité. Nous avons énormément de défis, mais je ne les vis pas comme une bombe.
Quel est votre bilan sur votre premier mois ?
Nous avons beaucoup avancé, en peu de temps. Nous n’avons pas encore terminé les nominations à des milliers de postes. Rappelons qu’il y a eu une transition très courte, entre l’élection et la prise de fonctions. Je m’étais engagé à nommer le meilleur gouvernement de ces dernières années, et nous avons réussi. La lutte contre le narcotrafic a commencé, mais les résultats se feront sentir dans plusieurs années, car le gouvernement sortant a eu un niveau d’inaction et d’incompétence qui a entraîné une avancée importante des narcotrafiquants. La collaboration internationale en matière de sécurité sera importante.
Comment expliquez-vous les milliers de licenciements dans l’administration ?
Nous croyons en l’importance de l’État, de la fonction publique, des concours d’admission, du mérite, d’un État capable de résoudre les problèmes et qui ne se présente pas comme un bastion du militantisme politique. Malheureusement, le gouvernement sortant a utilisé l’administration pour placer ses militants au lieu de nommer des gens qui étaient préparés. Nous voulons un État proche des gens, capable de résoudre les problèmes.
Craignez-vous la riposte des syndicats ?
Nous sommes convaincus de construire l’Argentine que nous voulons tous. Il n’y aura pas de pauvreté zéro, s’il n’y a pas un État qui fonctionne. L’État dont nous avons hérité est un État démantelé, incompétent. Il faut informatiser pour transformer un État du XXe siècle en un du XXIe siècle.
Lire aussi : L’Argentine est prête à tourner la page Kirchner
Certains s’inquiètent que ces licenciements soient le prélude d’un réajustement…
Qu’ils soient tranquilles, nous allons récompenser ceux qui travaillent bien, comme nous l’avons fait quand nous gouvernions la ville de Buenos Aires. Il y a des licenciements, quand nous rencontrons des gens qui n’ont pas passé de concours ou n’ont pas les capacités nécessaires. Je préfère parler de défi, plutôt que de crise. Il y a un immense espoir, un grand enthousiasme qui explique les bons messages qui nous parviennent du monde entier. Beaucoup de gens pensent investir en Argentine, cherchent où investir et cela va générer des emplois. Et cela sans que les gens soient obligées de dépendre d’un ami politicien. Ce pays a la possibilité de créer des milliers d’emplois, avec dignité, avenir, enthousiasme et bonheur pour les plus démunis.
L’opposition vous accuse de gouverner par décrets…
Les décrets sont des outils constitutionnels, légaux. Nous venons tout juste de commencer et le Congrès est actuellement en vacances.
Vous n’avez n’a pas de majorité au Congrès. Cela explique que vous alliez à Davos avec l’opposant Sergio Massa ?
Nous avons invité Massa, car nous devons montrer au monde que cette normalisation de l’Argentine est soutenue par beaucoup. Massa est jeune, il a un avenir. Nous n’avons pas de majorité à la Chambre des députés et au Sénat, mais je ne l’avais pas non plus quand j’étais maire de Buenos Aires. J’ai confiance dans le dialogue pour parvenir à des accords permettant de faire les réformes nécessaires. Les gouverneurs avec lesquels nous avons parlé partagent notre agenda d’expansion des économies régionales, investissements en infrastructures, modernisation, changement climatique.
Milagro Salas, dirigeante sociale, est emprisonnée à Jujuy province argentine, située dans le nord-ouest du pays. Amnesty International, lance une action urgente, exigeant sa libération immédiate.
MILAGRO SALA PHOTO PHOTO FACEBOOK |
Cela montre qu’il y a des juges indépendants et courageux, qui ne m’ont pas consulté, ni le gouverneur de Jujuy, ni personne, et qui ont agi en fonction des nombreuses plaintes reçues, qui représentent des violations de la loi. L’explication politique est infantile. La presse avait dénoncé à plusieurs reprises les abus de pouvoir de Milagro Salas.
Qu’attendez-vous de la visite de François Hollande en Argentine, les 24 et 25 février ?
Je suis très heureux de cette visite, car l’Argentine a des liens historiques très importants avec la France. Nous allons réaffirmer ces liens culturels, économiques, scientifiques, alors que beaucoup d’entreprises françaises sont implantées dans notre pays.