samedi 28 juillet 2018

93ème ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE D'ANA GONZÁLEZ DE RECABARREN

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ANA GONZÁLEZ DE RECABARREN
 QUATRE-VINGT-TREIZIÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE D'ANA GONZÁLEZ DE RECABARREN
1925 -27 juillet- 2018
ANA GONZÁLEZ DE RECABARREN

Ana González González, plus connue comme Ana González de Recabarren, née à Tocopilla ville du nord du Chili, le 27 juillet 1925, est une activiste des droits de l'homme chilienne. Elle appartient à une des familles de victimes emblématiques et des plus touchées par le coup d’état de Pinochet.

Tandis  qu'une terrible répression s’abat sur le pays -des milliers de militants ou simples sympathisants de gauche, syndicalistes et journalistes sont arrêtés et détenus dans les prisons militaires, les massacres s’enchaînent- l’armée procède à l’exécution extrajudiciaire de quatre personnes de sa famille, victimes de disparition forcée et de torture, après avoir été arrêtés en raison de leur appartenance présumée au Parti communiste.

Son mari, Manuel Segundo Recabarren Rojas, deux de ses enfants, Luis Emilio et Manuel Guillermo, et sa belle-fille, Nalvia Rosa Mena Alvarado – alors enceinte -, sont arrêtés et assassinés entre le 22 et 23 avril 1976, pendant les premières années de la dictature militaire d’Augusto Pinochet.

Après avoir perdu une grande partie de sa famille, elle s'est joint à l'association des familles de détenus disparus (AFDD), en devenant l'une de ses principales dirigeantes, avec Sola Sierra, Mireya García et Viviana Díaz.

vendredi 27 juillet 2018

UN CARDINAL CHILIEN ACCUSÉ D’AVOIR DISSIMULÉ UN SCANDALE DE PÉDOPHILIE


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L’ARCHEVÊQUE DE SANTIAGO, RICARDO EZZATI, LE 25 JUILLET, 
LORS D’UNE MESSE PERTURBÉE PAR DES CHILIENS PROTESTANT 
CONTRE LES SILENCES DE L’EGLISE DANS LES AFFAIRES 
DE PÉDOPHILIE QUI SECOUENT LE PAYS. 
PHOTO IVAN ALVARADO / REUTERS
Ricardo Ezzati, cardinal et archevêque de Santiago, est soupçonné d’avoir couvert des actes de pédophilie commis par des prêtres de son diocèse.
MGR CHARLES SCICLUNA (G.) ET JORDI BERTOMEU 
ONT ENQUÊTÉ SUR LES ABUS SEXUELS AU CHILI
 PHOTO ESTEBAN FELIX 
L’Église catholique est de nouveau dans la tourmente au Chili où, pour la première fois, un cardinal a été mis en accusation, le 25 juillet, pour avoir couvert des prêtres pédophiles.

Cité à témoigner devant la justice, le 21 août, Ricardo Ezzati, cardinal et archevêque de Santiago, a célébré, le 26 juillet, une messe dans la cathédrale de Santiago, au cours de laquelle de nombreux fidèles ont brandi des pancartes pour protester contre les abus sexuels commis par des prêtres de différentes congrégations.

Mgr Ezzati est soupçonné d’avoir couvert Oscar Muñoz, 56 ans, un curé accusé d’avoir abusé au moins sept mineurs entre 2002 et 2018, dans les villes de Santiago et Rancagua, au sud de la capitale. M. Muñoz a été placé en détention provisoire, le 12 juillet, pour six mois, en attendant que l’enquête judiciaire progresse. Il occupait des postes à responsabilités au sein de l’archevêché de Santiago, où il était notamment chargé de recevoir les déclarations de victimes d’abus sexuels commis par des prêtres.

« Secrets de Polichinelle »

Mgr Ezzati est également soupçonné d’avoir couvert Fernando Karadima, un prêtre octogénaire, ayant abusé de nombreux enfants et adultes. Ancien formateur charismatique de prêtres, Karadima a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence.

Au Chili, pour la première fois, la justice a dévoilé, le 23 juillet, des chiffres accablants. Au total, 158 personnes – évêques, prêtres mais aussi laïcs liés à l’Église – sont ou ont été visées par des enquêtes pour abus sexuels sur des mineurs et des adultes depuis les années 1960. Si la plupart des ces dossiers ont été classés au fil du temps après une condamnation, un classement sans suite ou un non-lieu, 36 enquêtes sont toujours en cours, a indiqué le procureur général Luis Torres, lors d’une conférence de presse à Santiago.

Depuis 1960, le parquet général a recensé 266 victimes, dont 178 étaient mineures. « Dans leur grande majorité, les faits dénoncés correspondent à des agressions sexuelles commises par des curés de paroisses ou des personnes liés à des établissements scolaires », a précisé le procureur Torres.

Ces données incluent des auteurs présumés qui faisaient partie du clergé au moment des faits, dont des évêques, des prêtres ou des diacres, mais aussi des moines. En outre sont visés une dizaine de « laïcs qui exerçaient une fonction dans la communauté de l’Église », tels que des coordinateurs dans des établissements scolaires religieux.

Pour les associations de défense des victimes, il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg. « Le travail qu’est en train de réaliser le parquet est sans aucun doute quelque chose de très positif et il commence à mettre en lumière des cas qui étaient des secrets de Polichinelle », a déclaré à l’AFP Juan Carlos Claret, porte-parole de l’Association des laïcs d’Osorno (sud).

« Nous n’avons pas su écouter »

Dans le cadre de l’énorme scandale de pédophilie qui ébranle le clergé chilien, l’ensemble de la hiérarchie ecclésiale du pays – soit 34 évêques – avait présenté le 18 mai sa démission au pape, une démarche inédite. Le souverain pontife a jusqu’à présent accepté la démission de cinq évêques, dont celle du très controversé monseigneur Juan Barros, soupçonné d’avoir caché les actes de pédophilie, dans les années 1980 et 1990, de Fernando Karadima, mais qui nie toute responsabilité. Au cours des derniers mois, le pape a reçu plusieurs victimes de M. Karadima au Vatican.

Devenu le symbole de la crise de l’Église chilienne, Mgr Barros a démissionné début juin, après une marche arrière spectaculaire du pape par rapport à son voyage au Chili, en janvier, quand le souverain pontife l’avait défendu avec force, dénonçant des « calomnies » à son encontre. L’opinion publique avait été scandalisée par l’omniprésence de Mgr Barros dans les messes célébrées par François.

Le souverain pontife avait lui-même nommé cet évêque dans le diocèse d’Osorno en janvier 2015, malgré les réserves formulées à l’époque par des experts de la commission vaticane de protection des mineurs.

Par la suite, le pape avait reconnu de « graves erreurs » de jugement, à la lecture, en avril, des conclusions de 2 300 pages d’enquête, dont 64 témoignages recueillis au Chili et aux Etats-Unis. Il avait parlé d’un « manque d’informations véridiques et équilibrées ». « Honteusement, je dois dire que nous n’avons pas su écouter et réagir à temps » aux scandales d’abus sexuels au sein de l’Église chilienne, avait-il reconnu, le 31 mai, dans une lettre de mea culpa adressée aux Chiliens.



Un autre scandale a éclaté le 24 juillet. Au cours d’une émission de la chaîne de télévision chilienne TVN, 23 anciennes religieuses ont dénoncé avoir été victimes, « pendant des années », d’abus de la part de prêtres au sein de la congrégation des « sœurs du bon samaritain » dans la région de Maule, au sud de Santiago. Elles affirment avoir été expulsées de leur couvent. Elles ont précisé avoir parlé en janvier devant l’archevêque de Malte, Charles Scicluna, envoyé par le pape pour écouter les victimes d’abus au sein de l’Église chilienne, mais affirment n’avoir pas reçu, jusqu’à présent, de réponse officielle du Vatican.



mercredi 25 juillet 2018

ABUS SEXUELS: UN CARDINAL ACCUSÉ DE DISSIMULATION

Ajouter une légende«JE RÉITÈRE MON ENGAGEMENT ET CELUI DE 
L'ÉGLISE DE SANTIAGO ENVERS LES VICTIMES, DANS LA 
RECHERCHE DE LA VÉRITÉ ET LE RESPECT DE LA JUSTICE CIVILE»,
 A ASSURÉ L'ARCHEVÊQUE DE SANTIAGO RICARDO EZZATI. (
PHOTO D'ARCHIVES) IMAGE: AFP
Le cardinal Ezzati a été convoqué pour répondre aux accusations de dissimulation des abus sexuels perpétrés par le clergé chilien.
L'archevêque de Santiago, le cardinal Ricardo Ezzati, a été convoqué mardi par le procureur régional de Rancagua (centre) afin de répondre, le 21 août, aux accusations de dissimulation des abus sexuels perpétrés par le clergé chilien, a annoncé l'archevêché.

«Je réitère mon engagement et celui de l'Église de Santiago envers les victimes, dans la recherche de la vérité et le respect de la justice civile», a assuré l'archevêque de Santiago dans un communiqué, ajoutant qu'il avait la «conviction de n'avoir jamais dissimulé ou entravé la justice».

La semaine dernière, le prêtre Oscar Muñoz, bras droit de Mgr Ezzati à Santiago, a été placé en détention, accusé d'abus sexuels et de viols sur sept mineurs.

L'église catholique chilienne est en pleine tourmente alors que 158 personnes - évêques, prêtres ou laïcs liés à l'église - sont ou ont été visées par une enquête pour abus sexuels sur des mineurs et des adultes depuis les années 1960. Au total, le parquet général a totalisé 266 victimes, dont 178 étaient mineures.

Cinq démissions

Au cours d'un voyage au Chili en janvier, le pape François avait défendu avec force l'évêque chilien Juan Barros, soupçonné d'avoir tu les crimes d'un vieux prêtre pédophile, se déclarant persuadé de son innocence et demandant aux victimes présumées des preuves de culpabilité.

Il avait ensuite présenté des excuses puis dépêché au Chili Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte chargé d'enquêter sur les cas de pédophilie chez les prêtres, afin de s'entretenir avec les victimes.

En mai, il avait invité à Rome certaines des victimes et avait convoqué l'ensemble des évêques chiliens. Ces derniers avaient présenté leur démission en bloc après la rencontre. Pour le moment, le pape a accepté la démission de cinq d'entre eux, dont Mgr Juan Barros. (afp/nxp)

mardi 24 juillet 2018

AU CHILI, 158 MEMBRES DE L’ÉGLISE ONT ÉTÉ VISÉS PAR UNE ENQUÊTE POUR ABUS SEXUELS DEPUIS LES ANNÉES 1960


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LUIS TORRES, PROCUREUR GÉNÉRAL, S’ADRESSE À LA PRESSE,
À SANTIAGO DU CHILI, LE 23 JUILLET 2018.
SI CERTAINES AFFAIRES D’ABUS SEXUELS SONT CLASSÉS,
36 ENQUÊTES SONT TOUJOURS EN COURS.
PHOTO ALBERTO VALDÉS/EFE/MAXPPP
La justice chilienne dévoile, pour la première fois, des chiffres concernant les affaires d’abus sexuels et de pédophilie qui secouent le pays depuis plusieurs années.
Le parquet général fait état de 266 victimes, dont 178 mineurs...
Camille Gousset  avec l’AFP
Depuis la venue du pape François en janvier dernier, les scandales d’abus sexuels ne cessent d’être révélés au Chili. Les langues se délient et les témoignages pleuvent, obligeant la justice à prendre les affaires au sérieux et à quantifier ces actes.

« Dans leur grande majorité, les faits dénoncés correspondent à des agressions sexuelles commises par des curés de paroisses ou des personnes liées à des établissements scolaires », précise le communiqué du procureur général. Les données diffusées par la justice chilienne portent à 158 le nombre d’évêques, prêtres ou laïcs membres de l’Église catholique visés par une enquête ou ayant été jugés pour abus sexuels sur des mineurs ou des adultes depuis 1960.

Parmi les auteurs présumés, une dizaine de « laïcs qui exerçaient une fonction dans la communauté de l’Église », tels que des coordinateurs dans des établissements scolaires religieux, sont également visés.

Si certaines affaires ont été classées au fil du temps – après une condamnation, un non-lieu ou un classement sans suite – 36 enquêtes sont toujours en cours, selon le communiqué de presse du procureur général Luis Torres.

Des affaires en cascade

Le pays est secoué par des affaires de pédophilie et d’abus sexuels depuis des années mais la venue du pape François en janvier dernier a déclenché une avalanche de révélations.

Longtemps ignorés, les témoignages des fidèles sont désormais pris au sérieux et les évêques mis en cause ne cherchent plus à nier. Jaime Coiro, porte-parole de la Conférence épiscopale chilienne, se dit prêt à collaborer avec la justice, reconnaissant une défaillance de l’Église catholique de son pays : « Nous faisons face à des chiffres qui montrent une réalité qui fait honte au pape et à nous-mêmes au sein de la Conférence épiscopale ».

Le 18 mai, l’ensemble de la hiérarchie de l’Église chilienne avait présenté sa démission au pape. Un grand nombre d’évêques seraient impliqués de près ou de loin dans des affaires. Une démarche inédite dans l’histoire récente de l’Église catholique.

Des chiffres bien bas selon les associations de défense des victimes

Dans son intervention, le parquet général chilien reconnaît, pour l’instant, 266 victimes dont 178 mineurs. Un chiffre qui est encore en dessous de la réalité pour les associations de victimes. « Le travail qu’est en train de réaliser le parquet est sans aucun doute quelque chose de très positif et il commence à mettre en lumière des cas qui étaient des secrets de polichinelle », a déclaré à l’AFP Juan Carlos Claret, porte-parole de l’association des laïcs d’Osorno.

Malgré tout, bon nombre de victimes ne se font pas connaître et « il y a des informations qui sont toujours confidentielles », ajoute-t-il. En 2007, la commission épiscopale chilienne parlait d’au moins 120 prêtres impliqués dans ces affaires. Les chiffres annoncés par le procureur général ne sont donc que le début d’une longue liste.


Camille Gousset (avec l’AFP)

vendredi 13 juillet 2018

CHILI: UN PRÊTRE ARRÊTÉ POUR ABUS SEXUELS


ÓSCAR MUÑOZ TOLEDO

Un prêtre a été arrêté pour abus sexuels et viol sur des enfants. Des faits commis à partir de 2002 qui met à mal l'Eglise chilienne.
Emiliano Arias, procureur 

"Les crimes pour lesquels ce prêtre va être présenté au juge sont des crimes qui ne sont pas prescrits, qui peuvent encore être punis, donc la responsabilité pénale est totale."

Voici Oscar Muñoz filmé il y a quelques mois, ce prêtre chilien de 56 ans vient d'être arrêté jeudi. Il est accusé d'abus sexuels sur 7 enfants et de viol. des faits commis à partir de 2002

Cette affaire a été découverte par la justice lors d'une saisie opérée en juin au siege de l'archidiocèse chilien. Ancien vice chancellier de Santiago, Muñoz a été destitué il y a 2 mois après avoir reconnu des abus sur mineurs.

Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago

"C'est d'abord très douloureux pour lui, pour sa famille, pour les victimes. Et je pense ensuite très fort et très chaleureusement aux victimes qui ont souffert."

L'église chilienne n'en a donc pas encore fini avec les scandales de pédophilie. Le pape François a récemment accepté la démission de 5 évêques accusé d'avoir couvert certains prêtres.

mercredi 11 juillet 2018

DES PÊCHEURS ATTRAPENT UNE ÉTRANGE CRÉATURE DE 5M DE LONG AU LARGE DU CHILI


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CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER
Au large de l’Océan pacifique près de la côte chilienne, un groupe de pêcheurs a attrapé ce qu’ils croyaient être un serpent de mer long de 5m mais la créature s’est révélée être un poisson surdimensionné.
Des pêcheurs ont pêché près de la côte chilienne une créature marine de 5m de long et pesant plus de 150kg, qu'ils avaient d'abord pris pour un «serpent de mer», relate le tabloïd The Daily Mirror.
Dans la vidéo ci-dessus, on peut voir la créature s'étaler sur le pont du bateau.

En fait, il s'agissait d'un énorme poisson-ruban (Regalecus glesne), qui n'a rien à voir avec les serpents de mer, et encore moins avec les monstres marins.

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Rogrigo Olivo, le coordinateur de la pêcherie Caleta Cavancha, a indiqué aux journalistes que les pêcheurs avaient remis le poisson à Miguel Araya de l'université Arturo Prat à Iquique au Chili.

«C'est une femelle de l'énorme poisson-ruban, également connue sous le nom du "roi des harengs"», a expliqué M.Araya.

Et de préciser: « Son estomac était plein de restes de krills. (…) Ces poissons vivent d'habitude en eaux profondes, mais il y des cas enregistrés où ils se sont aventurés dans des eaux côtières puisqu'ils étaient malades ou étaient à l'article de la mort. » 

mardi 10 juillet 2018

EN ISRAËL, LES TROIS DIMENSIONS D’UNE DÉRIVE FASCISANTE


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 BUDAPEST, 18 JUILLET 2017. — LE PREMIER MINISTRE HONGROIS
 VIKTOR ORBÁN REÇOIT BENYAMIN NÉTANYAHOU.
 PHOTO PUTITRIGHT.EU
Les dérives autoritaires et fascisantes de l’État d’Israël sont largement sous-estimées par les médias et les responsables politiques européens. Pourtant, elle sont réelles et porteuses de dangers pour tout le Proche-Orient.
Beaucoup de lecteurs du Monde auront été surpris de découvrir, sous la plume de l’historien Zeev Sternhell, spécialiste éminent du fascisme, une comparaison entre l’Israël d’aujourd’hui et l’Allemagne des débuts du nazisme. C’est que la plupart des grands médias ont peu couvert l’inquiétante radicalisation de la coalition de droite et d’extrême droite qui dirige Israël depuis 2015.

Ce phénomène comporte trois dimensions principales.

L’ÉTAT-NATION DU PEUPLE JUIF


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La première et la principale concerne le projet colonial en Palestine, qui connaît un tournant historique. Jusqu’ici les autorités israéliennes, y compris Benyamin Nétanyahou depuis son fameux discours de 2009, faisaient mine d’accepter la perspective dite « des deux États ». Certes elles accéléraient la colonisation — le quotidien israélien Haaretz a donné l’an dernier le chiffre de 700 000 colons juifs, 470 000 en Cisjordanie et 230 000 à Jérusalem-Est —, mais elles maintenaient formellement un flou artistique autour du statut des territoires occupés.

De surenchère en surenchère, stimulés par la prévisible succession de Nétanyahou, les principaux autres chefs de la coalition ont imposé un changement de cap. Ministre de l’éducation et de la diaspora, le chef du parti Foyer juif Naftali Bennett répète inlassablement : « Le chemin des concessions, le chemin de la division a échoué. Nous devons donner nos vies pour l’annexion de la Cisjordanie. » Et il a déjà joint les actes à la parole, faisant voter une loi en ce sens par le Parlement, le 6 février 2017. Ce texte légalise rétroactivement une série d’« avant-postes » (ces colonies jusque-là illégales même aux yeux du droit israélien) en autorisant la saisie de terres privées palestiniennes et en ouvrant ainsi la voie à l’extension de la souveraineté israélienne sur la zone C, qui représente plus de 60 % de la Cisjordanie, voire sur toute celle-ci. Cette loi dite de « régularisation », appelée « loi des voleurs » par Benny Begin, le fils de l’ancien premier ministre, reste pour l’instant gelée par la Cour suprême. Mais cette dernière devient elle-même une cible des attaques du gouvernement, qui veut en modifier la composition et en réduire les prérogatives.

Qualifié de « fasciste » par l’ancien premier ministre Ehoud Barak, le Foyer juif, ultranationaliste, revendique l’héritage du Parti national religieux, qui fut toujours, avec le Bloc des croyants (Gouch Emounim), le cœur du mouvement de colonisation. S’il ne compte que huit députés et quatre ministres, il a néanmoins réussi à rallier à sa loi soixante députés, dont la quasi-totalité de ceux du Likoud, alors que le chef de ce dernier, le premier ministre Benyamin Nétanyahou, leur avait instamment demandé de s’y opposer. Il faut dire que fin 2017, même le comité central du Likoud se prononçait pour la mise en œuvre de l’annexion de la Cisjordanie.

Un autre texte prévoit d’annexer cinq blocs de colonies situés à l’est de Jérusalem, empêchant du même coup Jérusalem-Est de devenir la capitale d’un État palestinien. Mais il nécessite encore, selon Nétanyahou, une « préparation diplomatique ». En attendant, le Parlement a adopté, toujours sur proposition de Bennett, un amendement à la loi de 1980 sur Jérusalem. Il élève de 61 députés à 80 (sur 120) la majorité nécessaire pour tout retour de parties de la ville sous souveraineté palestinienne. Et il permet de retrancher des quartiers palestiniens situés à l’extérieur du Mur pour en faire des « entités séparées » dont les habitants ne seraient plus des « résidents ».

« S’il était mis en œuvre, le charcutage des limites de la municipalité y réduirait de près de 120 000 le nombre des Palestiniens et ajouterait 140 000 colons israéliens à la population de la ville, réduisant la part des Palestiniens à 20 % (contre 37 % aujourd’hui) », estime le rapport annuel étouffé des consuls de l’Union européenne à Jérusalem, selon le journaliste René Backmann.

Autrement dit, au-delà de leurs rivalités, les bâtisseurs du « Grand Israël » ont décidé, violant ouvertement cinquante années de résolutions des Nations unies, d’enterrer la solution dite « des deux États » au profit d’un seul : un État d’apartheid, où les Palestiniens annexés ne jouiraient pas des droits politiques, à commencer par le droit de vote. Il est vrai que, selon les démographes, la Palestine historique compte désormais plus ou moins autant d’Arabes que de juifs : environ 6,6 millions…

La nouvelle loi fondamentale en cours d’adoption au Parlement symbolise cette volonté. Celle de 1992 définissait Israël comme un « État juif et démocratique » : le projet voté en première lecture parle d’« État-nation du peuple juif ». Et il précise : «Le droit à exercer l’autodétermination nationale au sein de l’État d’Israël appartient au seul peuple juif. » De surcroît, il prive l’arabe de son statut de « langue de l’État » réservé à l’hébreu.

UN ARSENAL LIBERTICIDE


PHOTO JACK GUEZ
Les leaders de l’extrême droite font aussi avancer leur cause par des provocations retentissantes. Ministre de la justice, Ayelet Shaked n’a pas hésité, pendant la dernière guerre de Gaza, à poster sur sa page Facebook un texte qualifiant « l’ensemble du peuple palestinien » d’ « ennemi d’Israël » et justifiant ainsi « sa destruction, y compris ses vieillards, ses femmes, ses villes et ses villages »1. De son côté, Naftali Bennett a préconisé de tuer tous les « terroristes » arrêtés plutôt que de les mettre en prison. Et d’expliquer : « J’ai tué beaucoup d’Arabes, aucun problème avec ça ». Quant à Avigdor Lieberman, il affirme que « les Israéliens arabes n’ont pas leur place ici. Ils peuvent prendre leurs baluchons et disparaître », ajoutant : « Ceux qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache ». Il propose même de transporter les prisonniers palestiniens « jusqu’à la mer Morte pour les noyer »…

Mais ces extrémistes le savent : leur fuite en avant pourrait susciter, à terme, des réactions négatives de l’opinion. Si l’absence d’alternative à gauche a poussé les Israéliens toujours plus vers la droite, cette évolution a (encore ?) des limites : selon une enquête d’opinion, la moitié des sondés n’estiment « pas sage » de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie et 53 % s’opposent à son annexion2. Voilà qui explique sans doute la deuxième dimension de la radicalisation de l’actuelle coalition : l’arsenal liberticide qu’elle a fait voter par le Parlement depuis le début de la décennie. Au cas où. En encadré ci-dessous, les morceaux de choix :
- une loi interdit tout appel au « boycott d’une personne en raison de ses liens avec Israël ou des régions sous le contrôle d’Israël » (2011);  
- une autre prive de subventions d’État les organisations, institutions ou municipalités commémorant la Nakba, l’expulsion de 800 000 Palestiniens en 1948 (2011) ; - le même texte instaure des « comités d’admission » pour décider si une ou des personnes venant s’installer dans une localité ou une cité sont « convenables » (2011) ;  
- un amendement à la loi fondamentale sur le gouvernement porte à 3,25 % le seuil minimal en dessous duquel une formation politique ne peut pas être représentée au Parlement (2014) ;  
- une loi contraint les ONG à déclarer plusieurs fois par an les subventions en provenance de gouvernements étrangers, si celles-ci représentent plus de la moitié de leur budget 3 (2016) ;  
- unique au monde, un texte permet à 90 députés (sur 120) d’en expulser d’autres du Parlement, pour incitation, racisme ou soutien à la lutte armée (2016) ;  
- une autre législation accorde des pouvoirs exceptionnels à l’État contre les «organisations terroristes » en Israël, y compris leurs « membres passifs ». Elle autorise le ministre de la défense à confisquer sans jugement les biens des membres de ces organisations (2016) ;  
- une loi permet l’emprisonnement à partir de 12 ans de mineurs accusés de plusieurs crimes violents (2016) ;  
- une législation autorise Israël à refouler à ses frontières les personnes ou les représentants d’entreprises, de fondations ou d’associations appelant au boycott (2017). Une liste de vingt ONG bannies sera même publiée début 2018;  
- une autre loi, proposée par Bennett et votée en première lecture, permet au ministre de l’éducation d’interdire à des associations dénonçant l’armée — en l’occurrence Breaking the silence qui mène campagne contre la violence de l’armée israélienne dans les territoires occupés — d’intervenir dans les établissements d’enseignement (2017) ;  
- destinée à protéger Benyamin Nétanyahou, une législation interdit à la police d’informer le procureur général de l’existence de motifs d’inculpation dans le cadre d’enquêtes portant sur des personnalités publiques (2017) ;  
- une loi autorise le ministre de l’intérieur à révoquer le droit de résidence à Jérusalem de Palestiniens suspectés de « déloyauté » vis-à-vis de l’État (2018) ;  
- quasiment totalitaire, la dernière loi en date permet au premier ministre et au ministre de la défense de déclarer la guerre seuls, sans consulter le cabinet de sécurité ni a fortiori le gouvernement (2018).

ALLIANCE AVEC L’EXTRÊME DROITE EUROPÉENNE

Qui se ressemble s’assemble : Nétanyahou recrute ses meilleurs amis — c’est la troisième dimension de la radicalisation de sa coalition — parmi les pires populistes européens. Comme Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, liquidateur des libertés hongroises, islamophobe et antisémite. Le chef du Likoud n’a même pas manifesté le moindre état d’âme en apprenant que quelques jours avant leur rencontre de juillet 2017, son hôte s’était livré à une apologie du régent (1920-1944) Miklós Horthy, le Pétain hongrois dont les successeurs aidèrent Adolf Eichmann à déporter et à assassiner 430 000 juifs hongrois. Nétanyahou flirte aussi avec Jaroslaw Kaczyński, pourtant inspirateur d’une loi interdisant d’évoquer les — nombreux — collaborateurs polonais de l’occupant : en 1970 déjà, l’historien Szymon Datner estimait qu’ils avaient tué 200 000 juifs durant la seconde guerre mondiale. Ce texte négationniste, qui déclencha plusieurs manifestations ouvertement antisémites dans le pays, provoqua un tel scandale que Varsovie dut reculer. Mais Yehuda Bauer, le principal historien israélien de la Shoah, a qualifié la déclaration Nétanyahou-Morawiecki de «trahison stupide, ignorante et amorale de la vérité historique sur l’implication polonaise dans l’Holocauste ».

Avancés pour justifier ces liaisons dangereuses, les prétextes diplomatiques ne sauraient expliquer le rapprochement entre Israël et les partis d’extrême droite ouest-européens. Dès décembre 2010, une trentaine de dirigeants d’extrême droite — dont le Néerlandais Geert Wilders, le Belge Philip Dewinter et le successeur de Jörg Haider, l’Autrichien Heinz-Christian Strache — ont séjourné en Israël, accueillis avec les honneurs dus aux hôtes de marque. À l’époque vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui rêve de débarrasser de ses musulmans un État qu’il veut exclusivement juif, a conversé alors chaleureusement avec Wilders, qui rêve, lui, d’interdire le Coran aux Pays-Bas. Ce dernier s’était même rendu dans une colonie juive de Cisjordanie, où il avait, révélait l’AFP, « plaidé contre la restitution de territoires en échange de la paix avec les Palestiniens, proposant l’installation “volontaire” des Palestiniens en Jordanie ». Pour lui, les colonies constituent des « petits bastions de la liberté, défiant des forces idéologiques qui nient non seulement à Israël, mais à tout l’Occident, le droit de vivre dans la paix, la dignité et la liberté ».

Plus récemment, le Likoud a envoyé un de ses députés, Yehuda Glick, rencontrer le Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ) fondé par Jörg Haider après son retour au gouvernement autrichien. Il y a fort à parier qu’il contactera aussi la Ligue victorieuse, avec le Mouvement cinq étoiles, aux dernières élections législatives italiennes. Seule reste non grata en Israël la formation de Marine Le Pen, dont le compagnon, Louis Alliot, y a néanmoins séjourné.

Dans cette radicalisation, il y a quelque chose de l’hubris grec, mélange de vertige, d’orgueil et de démesure, contre lequel les Dieux exerçaient leur vengeance. Nétanyahou et ses alliés/rivaux se croient tout permis parce qu’ils estiment détenir une sorte de carré d’as. Premier as, Donald Trump, le président américain le plus pro-israélien de l’histoire, porté notamment par des dizaines de millions d’évangélistes. Après le transfert de son ambassade à Jérusalem, il reconnaîtra sans doute l’annexion du Golan, voire appuiera une aventure israélienne contre Téhéran. Bref, il ne refusera rien à Tel-Aviv. Le deuxième as, c’est Mohamed Ben Salman, le prince héritier saoudien, qui a décidé d’abandonner ouvertement la cause palestinienne pour s’allier avec Washington et Tel-Aviv contre l’Iran. Le troisième as, ce sont Mahmoud Abbas et Yahya Sinouar, les frères ennemis palestiniens incapables de surmonter les divisions entre Fatah et Hamas, fournissant ainsi à Israël un atout maître. Enfin, quatrième as, les guerres de Syrie, d’Irak, du Yémen et de Libye, qui marginalisent la question de Palestine, autrefois centrale.

FAIRE TAIRE TOUTES LES CRITIQUES

Leur fuite en avant, Nétanyahou et ses alliés-rivaux le savent, ne pourra qu’accentuer, à terme, l’isolement international du gouvernement israélien. Déjà, l’État de Palestine est entré à l’Unesco (2011), aux Nations unies (2012) et à la Cour pénale internationale (2015). Et l’Assemblée générale a voté, fin 2017, en faveur du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à un État par 176 voix pour, 7 contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Nauru et Palaos) et 4 abstentions (Cameroun, Honduras, Togo, Tonga). Dans les enquêtes mondiales d’opinion sur l’image des différents États, Israël arrive depuis une quinzaine d’années dans le peloton de queue, avec la Corée du Nord, l’Iran et le Pakistan.

Voilà pourquoi le gouvernement israélien s’efforce de faire taire les critiques de sa politique. D’où sa volonté de criminaliser la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS), qualifiée par Nétanyahou de « menace stratégique majeure » qu’il combat avec une organisation récemment dotée de 72 millions de dollars. À cette première opération s’en ajoute depuis deux ans une seconde, visant à interdire l’antisionisme, assimilé à l’antisémitisme. S’appuyant sur une petite phrase d’Emmanuel Macron lors de la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) exige, par exemple, une loi en ce sens, à partir d’une « définition » de l’antisémitisme élaborée par un lobby, l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA).

Tout cela pose une question de vocabulaire, évidemment politique. S’agissant de n’importe quel autre pays, une évolution comme celle d’Israël depuis quelques années serait qualifiée de fascisation. Comparaison n’est bien sûr pas raison. Mais comment oublier que, si le courant dont Benyamin Nétanyahou est issu — le sionisme révisionniste de Vladimir Zeev Jabotinsky — ne se réclamait pas du fascisme, Benito Mussolini, lui, se réclamait de Jabotinsky ? « Pour que le sionisme réussisse, confia le Duce en 1935 à David Prato, futur grand rabbin de Rome, il vous faut un État juif, avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend vraiment cela, c’est votre fasciste, Jabotinsky »4. Hasard ou prémonition ? Ben-Zion Nétanyahou, le père de Benyamin, servit de secrétaire à Jabotinsky. Tel père, tel fils !


DOMINIQUE VIDAL
Journaliste et historien, auteur de Antisionisme = antisémitisme ? (Libertalia, février 2018).
  1. Le Parisien, 12 mai 2015. La page Facebook archivée est ici.
  2. Mais seuls 24 % estiment que les Palestiniens devraient, en cas d’annexion, jouir du droit de vote, 30 % envisageant un statut de « résident » : Institut de la démocratie israélienne (IDI), 8 février 2017.
  3. Échappent du coup à cette obligation les associations de droite et d’extrême droite qu’arrosent pourtant des fondations juives américaines extrémistes.
  4. Cité par Lenni Brenner, Zionism in the Age of the Dictators, Croom Helm, Londres et Canberra, 1983.


dimanche 8 juillet 2018

BRÉSIL : UN JUGE ANNULE L'ORDRE DE LIBÉRATION DE L'EX-PRÉSIDENT LULA


La police fédérale doit s'abstenir «de pratiquer quelconque acte qui modifie la décision collégiale» de condamner Lula da Silva à 12 ans et un mois de prison pour corruption, a ainsi affirmé le juge Joao Pedro Gebran Neto, décidant que l'ex-président devrait rester dans sa prison de Curitiba (sud).
La décision initiale de la cour d'appel précisait que la libération de l'ex-président, incarcéré depuis début avril pour corruption, devait avoir lieu «selon le régime d'urgence en la date d'aujourd'hui, en présentant cet ordre à une autorité policière présente au siège de la Police fédérale de Curitiba».
La justice brésilienne reproche à Lula d'avoir reçu un luxueux appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de construction en échange de faveurs dans l'obtention de marchés publics, ce qu'il a toujours catégoriquement nié, invoquant l'absence de preuves et dénonçant un complot visant à l'empêcher de briguer un troisième mandat.

«Je veux juste que la Cour suprême rende justice. Je ne veux aucun bénéfice personnel et qu'elle indique quel crime j'ai commis», avait déclaré Lula le 2 avril à Rio de Janeiro.

Ancien ouvrier, Luiz Inacio Lula da Silva, 72 ans, a présidé le Brésil de 2003 à 2011.