samedi 11 janvier 2020

CHILI : ALMAGRO FAIT CAMPAGNE EN FAISANT L'ÉLOGE DE LA RÉPRESSION

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«LUIS ALMAGRO LA PUTE DE L'OEA»
DESSIN CHAVARRÍA
En pleine campagne pour sa réélection comme secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro a rencontré le président du Chili, Sebastián Piñera, et il fait l'éloge de la façon dont celui-ci a conduit la répression des manifestations sociales de masse qui se déroulent dans le pays depuis le 17 octobre dernier.
« Il défendu l'ordre public efficacement, » a déclaré Almagro à propos des opérations déployées dans tout le pays, considérées par l'Institut National des Droits de l'Homme de la République du Chili (INDH), l'ONU, Amnesty International, Human Right Watch et la Cour Internationale des Droits de l'Homme (CIDH), qui dépend de l'OEA comme violant les Droits de l'Homme.

« Les circonstances qui ont dû être affrontées l'ont été de la meilleure manière dans le cadre de l'État de Droit, en appliquant le droit et en faisant faire à la justice ce qu'elle devait faire mais aussi en apportant des solutions politiques, a déclaré Almagro à propos de l'action du Gouvernement de Piñera après la réunion qu'il a eue avec lui.

Soutien pour une voix


Le soutien d'Almagro à Piñera arrive au moment où le président chilien enregistre des niveaux historiques de rejet du peuple – entre 5% et 10% de satisfaction – alors que l'ex-chancelier uruguayen cherche des voix parmi les pays membres de l'OEA pour sa réélection dans l’organisme régional.

La candidature d'Almagro n'est pas soutenue par son pays, l'Uruguay. Elle est soutenue par les Gouvernements de la Colombie et de l'Equateur, alignés sur la Maison Blanche dans leur croisade contre le Venezuela, un drapeau qu'Almagro a brandi tout au long de son mandat à l’organisme multilatéral.

Pour avoir la voix du Chili, Almagro n'a pas hésité à donner son aval à la théorie de l'ingérence étrangère dans les protestations qui ont eu lieu dans le pays. « Vous en devez rien faire de plus qu'un suivi des réseaux sociaux et on va voir d'où viennent de nombreux messages, » a dit le secrétaire de l'OEA, soutenant ainsi les dires de Piñera, dans une interview qu'il a accordée au journaliste Andrés Oppenheimer dans laquelle il a affirmé que les fausses informations proviennent de Russie et d'Europe de l'Est.

Qu'ont dit les organismes internationaux ?


La violence institutionnelle mise en œuvre par les Carabiniers depuis le 17 octobre de l'année dernière contre la population chilienne est résumée dans le rapport de l'INDH du 30 décembre. Cet organisme a comptabilisé jusqu'à aujourd'hui 980 plaintes contre les forces de sécurité pour homicides, violences sexuelles, tortures et blessures.

Dans les hôpitaux de tout le pays, on a enregistré 3580 blessés parmi lesquels 359 avec des blessures aux yeux, 2000 par armes à feu, la plupart par des tirs de billes et par des gaz lacrymogènes.

Après les premières plaintes, les visites de divers organismes internationaux des Droits de l'Homme se sont succédées sans solution de continuité. Les organismes dépendant de la ONU et de l'OEA elle-même ont constaté la situation que vivaient les Chiliens dans les rues pendant les protestations contre le système néolibéral hérité de la dictature d'Augusto Pinochet. 

Un peu plus d'un mois après le début de la révolte, Human Rights Watch (HRW) a confirme que les forces de sécurité de Piñera avaient commis « de graves violations des Droits de l'Homme » et des abus récurrents dans les lieux de détention. L’organisation a alors exigé une réforme des status des Carabiniers.

Sur le même ton, la responsable d'Amnesty International Chili, Ana Piquer, a prévenu que les cas de violations des Droits de l'Homme devaient être soumis à une enquête en suivant le responsabilité du commandement. « Il ne s'agit plus de faits isolés qui peuvent impliquer une responsabilité pour la personne individuelle qui a pressé la gâchette ou qui a frappé un manifestant ou qui a tiré une grenade lacrymogène mais il y a une responsabilité qui doit être recherchée beaucoup plus haut, » a déclaré Piquer.

La CIDH — qui n'avait pas fait d'inspection au Chili depuis 1974, en pleine dictature – est arrivée à des conclusions similaires et a prévenu qu'il « y a des violations des Droits de l'Homme  »  et que les plaintes et les témoignages étaient très clairs là-dessus.

Pour sa part, le Bureau de la Haute Commissaire aux Droits de l'Homme de la ONU (ACNUDH) , dirigé par l'ex-présidente chilienne Michelle Bachelet, a émis un rapport mi-décembre dans lequel il conclut que les Carabiniers et l'Armée n'ont pas respecté les règles et les standards internationaux sur le contrôle et l’utilisation de la force et a affirmé qu'on a torturé des personnes qui avaient été arrêtées.
Source en espagnol : Resumen latinoamericano.org