mercredi 8 janvier 2020

LE CHILI COMMENCE UNE ANNÉE DE DÉFINITIONS

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L’AMPLEUR DE LA COLÈRE SOCIALE, QUI S’EXPRIME PARFOIS AVEC
VIOLENCE DEPUIS LE 18 OCTOBRE (ICI, SAMEDI, À SANTIAGO),
 A CONTRAINT LE PRÉSIDENT CHILIEN À PROPOSER
UNE RÉFORME DE LA CONSTITUTION RÉDIGÉE
EN 1980 SOUS LE RÉGIME D’AUGUSTO PINOCHET.
PHOTO CLAUDIO REYES / AFP
Santiago du Chili, 7 janvier (Prensa Latina) Le Chili entame une année de définitions avec un processus historique pour une nouvelle constitution, une relance annoncée des protestations populaires face à l’absence de réponse du gouvernement aux revendications sociales, et les élections municipales et régionales.
Après les fêtes de Noël et les vacances d’été, un calme relatif semble prévaloir après les énormes mobilisations qui ont secoué le pays à partir du 18 octobre avec une explosion sociale sans précédent.

Les analystes avertissent que cela peut s´apparenté au calme qui précède la tempête, et ils augurent que les manifestations populaires peuvent revenir avec de nouvelles forces à partir de mars, sauf si, en janvier et février, le gouvernement est prêt à apporter des réponses efficaces aux demandes sociales.

Jusqu’à présent, les mesures mises en œuvre ou annoncées ne représentent que du rafistolage ou des promesses qui sont loin de satisfaire le mouvement social.

Comme l’ont exprimé des opposants politiques, des dirigeants de la Table de l’Unité Sociale, des universitaires et d’autres personnalités, le gouvernement de Sebastián Piñera ne semble pas disposé à apporter des changements de fond au modèle néolibéral répudié, qui sous-tend les abus et les inégalités dont la plupart des chiliens exigent la fin.

Il n’a d´ailleurs proposé qu’une augmentation des pensions qui ne suffit pas pour que les retraités sortent de la misère, une augmentation des salaires bien en deçà de ce que réclament les syndicats pour que les familles chiliennes échappent à la pauvreté, et rien qui n´indique des améliorations effectives dans la santé publique et l’éducation.

Du côté du mouvement social, on insiste sur le fait que les mesures d’urgence se sont limitées à renforcer l’appareil répressif et à criminaliser la protestation populaire et que les revendications de la rue sont en suspens.

Un événement historique qui pourrait marquer un tournant dans l’avenir du pays est le plébiscite prévu pour le 26 avril, par lequel la population décidera si elle veut une nouvelle constitution et du mécanisme le plus approprié pour y parvenir.

Malgré les tentatives du gouvernement et des partis de droite de médiatiser ce processus, tous les sondages donnent une nette majorité à ceux qui veulent mettre définitivement fin à l’actuelle loi fondamentale imposée à l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet et qui soutient le modèle néolibéral en place.

De même, le pourcentage de ceux qui penchent pour une Convention Constituante comme mécanisme de rédaction de la nouvelle carta magna et qui, comme ceux qui proposent une Assemblée Constituante, se basent sur le choix populaire de cent pour cent des constituants, est largement majoritaire.

Mais la légitimité de ce processus n’est pas encore entièrement définie, car des questions fondamentales telles que la parité des sexes, les sièges réservés aux peuples autochtones et les facilités pour la participation de candidats indépendants dépendent de ce que le Sénat votera dans les jours à venir.

Si, en avril, la majorité est favorable à une nouvelle constitution et au mécanisme d’une convention constituante, l’élection des délégués aura lieu le 25 octobre.

Les élections des maires, des conseillers et des gouverneurs auront également lieu à cette date, ce qui est également un fait historique, car pour la première fois les plus hautes autorités régionales seront élues au suffrage populaire.

Ce processus tend les forces de tous les partis politiques, car ses résultats sont considérés comme un thermomètre de ce qui pourrait se produire lors des présidentielles de 2021.