jeudi 10 février 2011

Chili: plainte contre Mme Bachelet pour les ratés de l'alerte au tsunami

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Vue aérienne de la ville côtière de Dichato au Chili,  après le tremblement de terre. Jeudi 4 Mars 2010.  Photo AP  / Natacha Pisarenko
La plainte "pour déni d'assistance", qui vise également d'anciens ministres et hauts fonctionnaires de l'administration Bachelet, a été déposée par des avocats représentant des familles de victimes, a indiqué dans un communiqué l'un d'entre eux, Raul Meza Rodriguez.
Selon l'avocat, une condamnation pourrait déboucher sur "l'interdiction à vie d'exercer des charges publiques" pour les responsables incriminés.
La plainte a été "acceptée" par un tribunal de Santiago qui la transmettra au parquet, a précisé à l'AFP une source au tribunal.
Les ratés de l'alerte au tsunami dans les heures qui avaient suivi le séisme de magnitude 8,8 du 27 février 2010 avaient déclenché une très forte polémique.
Le séisme puis le tsunami avaient ravagé des quartiers voire des villages entiers du littoral du centre-sud du Chili, faisant 523 morts et 24 disparus, et des dégâts à hauteur de 30 milliards de dollars.
La Marine chilienne avait reconnu dès le lendemain avoir commis une "erreur de diagnostic".
Elle avait admis avoir transmis à la présidence, via son Service d'hydrographie et d'Océanographie (SHOA), une "information fort peu claire" qui ne facilitait pas la prise de décision sur le maintien de l'alerte au tsunami.
Mais selon Alberto Meza, "l'ex-présidente a pris des décisions techniques qu'elle n'était pas habilitée à prendre" au moment de l'alerte.
Mme Bachelet, 59 ans, dont le mandat présidentiel avait pris fin trois semaines après le séisme, a pris depuis septembre la tête d'"ONU Femmes", la nouvelle agence de l'ONU en faveur des droits des femmes.
L'ex-présidente a déjà été entendue en qualité de témoin par le ministère public dans une enquête distincte sur les ratés de l'alerte au tsunami.
L'ancienne directrice du Service national d'urgence (Onemi), Carmen Fernandez, est également visée par la plainte enregistrée mercredi, de même que les anciens ministres de l'Intérieur Edmundo Perez, de la Défense Francisco Vidal et l'ancien vice-ministre de l'Intérieur Patricio Rosende.
"Cette voie judiciaire, qui envisage des sanctions pouvant leur interdire à vie d'exercer des charges publiques, est la seule qui restait", a déclaré l'avocat Alberto Meza, ajoutant: "la sanction serait juste, pour les dommages terribles et irréparables subis".
Sur le total des décès du 27 février, 156 sont dus au tsunami, selon les données officielles.
Le président actuel Sebastian Piñera qui avait pris ses fonctions en mars 2010, a estimé dans un rapport publié mardi que la reconstruction va durer jusqu'en mars 2014, terme de son mandat.