mardi 16 novembre 2010

Le sauvetage des mineurs rehausse l'image du Chili

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Des "parkas rouges" pour les ministres et le Président de la République du Chili, "parkas blues" pour les responsables de rang inférieur font partie de la panoplie de publicité et de communication du président.

Déjà apprécié des investisseurs à la recherche d'opportunités dans une Amérique du Sud qui a en grande partie basculé à gauche, le Chili a vu sa réputation d'efficacité confirmée par la réussite totale, mercredi, d'une opération techniquement très compliquée.
Sebastian Piñera, qui a fait fortune dans la carte de crédit et le transport aérien, est devenu en mars le premier président conservateur au pouvoir au Chili depuis une vingtaine d'années.
"Le Chili n'est plus le même pays qu'il y a 69 jours", s'est-il félicité après avoir donné l'accolade à chaque mineur au fur et à mesure que la capsule "Phénix" les sortait des entrailles de la Terre. "Nous sommes davantage respectés".
La phase finale de l'opération a pris moins de 24 heures après les semaines de forage nécessaires pour aménager un puits de près de 700 mètres de profondeur pour atteindre les mineurs.
Elle a été suivie par des centaines de millions de téléspectateurs de par le monde et a déclenché une explosion de joie à travers tout le Chili.
La cote de popularité de Piñera a atteint un nouveau sommet en août en raison de ses efforts pour délivrer les hommes, localisés 17 jours après l'éboulement qui les a bloqués au fond.
Sa gestion de la crise l'a aidé à faire voter un projet de loi relevant les redevances dues par les compagnies minières afin de financer la reconstruction après le séisme dévastateur de février. Ce tremblement de terre et le manque de réactivité du précédent gouvernement de centre gauche, sur le départ au moment du séisme, avaient ébranlé la confiance des Chiliens.
PROBLÈMES DE SÉCURITÉ
Une nouvelle progression dans les sondages du président Piñera, qui est âgé de 60 ans, est désormais acquise.
"Le sauvetage devrait avoir un effet très positif pour Piñera. On a vu un très grand sérieux en termes de patience, de planification et de ressources, ce qui montre que le Chili appartient au monde développé", note Walter Molano, directeur de la recherche chez BCP Sécurities à Greenwich (Connecticut).
"Je ne sais pas si cela aura un impact immédiat sur les investissements, mais cela aura un impact durable sur la manière dont le monde perçoit le Chili", prédit-il.
L'éboulement du 5 août dans la mine avait choqué le pays, premier producteur mondial de cuivre, en mettant l'accent sur les problèmes de sécurité, talon d'Achille de son secteur minier.
Sebastian Piñera a licencié le responsable gouvernemental de ce secteur, pris des dispositions pour renforcer les mesures de sécurité obligatoires dans les mines de charbon du Sud aussi bien que dans celle de cuivre et d'or du désert d'Atacama, dans le Nord.
Le président chilien a fait appel sans tarder à des experts de renommée mondiale, consultant la Nasa, l'agence spatiale américaine, et s'appuyant sur l'expérience de la Codelco, l'entreprise nationale d'exploitation du cuivre.
Il en a résulté des prouesses technologiques qui ont permis de localiser avec précision les 33 mineurs, de les retrouver vivants en forant un puits de la taille d'un pamplemousse et de leur faire parvenir du ravitaillement.
Le défi suivant a été d'élargir le puits pour y descendre une capsule juste assez grande pour accueillir un homme afin de remonter les mineurs à la surface, un à un.
Le sauvetage a été salué par de nombreux dirigeants étrangers, du président Barack Obama au Vénézuélien Hugo Chavez, adversaire politique de Piñera, qui a téléphoné à son homologue chilien pour le féliciter.
Pour Alberto Ramos, analyste chez Goldman Sachs, le Chili, qui était déjà un marché très attractif, a démontré à quel point il peut être bien organisé et efficace.
L'opération de sauvetage a aussi permis à Piñera de montrer qu'il n'est pas seulement un homme d'affaires et un politicien habile, "mais elle lui a donné l'occasion de dévoiler son côté humain et sa compassion", souligne-t-il.
Nicole Dupont pour le service français, édité par Gilles Trequesser