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Un flirt économique bancal :
Les non-alignés économiques
Depuis vingt ans, les pays amérindiens cherchent ouvertement à quitter la sphère d’influence économique des Etats-Unis. La Chine leur ont apporté une alternative concrète: un soutien financier sans aucune contrepartie politique. En échange, Pékin veut accéder aux meilleurs prix aux matières premières d’Amérique latine.
D’un côté, les pays du Mercosur (l’union économique des pays d’Amérique latine) profitent des investissements chinois. De l’autre côté du Pacifique, Pékin récupère les richesses latines, à savoir le soja, le pétrole et de nombreux minerais (argent, cuivre, étain). Le cobalt et le nickel cubains sont importés massivement vers Shanghai. Le géant asiatique est souvent le premier consommateur, et donc importateur mondial, de ces ressources.
Retour de dépendance
Les industriels brésiliens, réunis en conférence, ont dénoncé, il y a quelques mois, la nouvelle dépendance de leur pays à la Chine. Ils accusent leur président Lula d’avoir remplacé Washington par Pékin.
Le géant chinois, et sa croissance record de 10% par an, happe les matières premières amérindiennes, tout en inondant les marchés latins des produits manufacturés "made in China". Pour les dirigeants amérindiens, les capitaux et investissements chinois sont une aubaine: l’Argentine, qui sort difficilement d’une crise financière, a même demandé à Pékin de remplacer le FMI, bailleur de fond temporaire de Buenos Aires.
La stratégie chilienne
Le Chili,champion du libre-échange sur son continent, veut libéraliser le commerce dans les secteurs industriels avec la Chine, la plaçant dans la même position que les Etats-Unis. Selon certains économistes, la suppression des barrières douanières serait une catastrophe pour le Chili. Mais le ministre de l’Economie veut provoquer une guerre ouverte entre les produits chinois et américains. Par principe, cette concurrence devrait faire baisser les prix.
Le réveil des consciences :
L’intervention d’Hu Jintao
Lors d’une visite d’État effectuée du 11 au 23 novembre 2004 dans quatre pays d’Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili et Cuba), le Président chinois Hu Jintao a conclu des ententes permettant de débloquer des investissements de plus de 30 milliards de dollars en Argentine et au Brésil au cours des prochaines années.
La reprise actuelle de l’économie brésilienne est d’abord et avant tout reliée aux exportations, la Chine en constituant assurément l’une des plus puissantes locomotives. Le dollar ne règne plus sur les puissantes émergentes que sont le Brésil, l’Argentine et le Chili.
Des sino-dollars critiqués
Cette domination financière de Pékin inquiète les industriels amérindiens, directement concurrencés par les produits manufacturés chinois. Les producteurs argentins de soja sont les premiers à avoir sonné l’alarme en 2006: ils menacent aujourd’hui de bloquer les exportations de la fève vers le géant chinois. Selon l’un des plus puissants exploitant de mines d’argent du Brésil, l’union commerciale du Mercosur doit être complétée "avant de pactiser avec le diable" chinois.
Guerre ouverte avec le Mexique
Le cas de Mexico est un peu différent. La Chine a ravi au Mexique sa position de deuxième fournisseur de l’économie américaine. Depuis que le Chine veut entrer à l’Organisation mondiale du Comerce, le gouvernement mexicain n’a eu de cesse de réclamer un approfondissement de l’ALENA, le Traité de libre-échange nord-américain, qui permettrait au Mexique de renforcer sa position stratégique de partenaire privilégié de l’économie américaine.
Quelques chiffres
Population Amérique latine/Chine : 600 / 1322 millions d’habitants
Superficie Amérique latine /Chine : 18,4 / 9,6 millions de km²
Densité Amérique latine /Chine : 49 / 136 habitants/km²
Indice de développement humain (calculé à partir du niveau de vie, de la santé et de l’éducation de la population) : 0,869 pour l’Argentine (38e rang mondial en 2005, avant la crise financière) 0,821 pour le Mexique (53e rang mondial) 0,8 pour le Brésil (70e rang mondial) 0,761 pour la Chine (81e)