jeudi 10 décembre 2009

Chili : des élections sous l'oeil des fantômes

Les quatre candidats de la présidentielle
A droite, Sebastian Piñera reste le favori des sondages sans atteindre les 50%, qui lui seraient nécessaire pour éviter un second tour. Ce serait le premier retour de la droite depuis le départ du d'Augusto Pinochet, il y a juste vingt ans. Milliardaire, il avait échoué à la présidentielle de 2005 face à Michelle Bachelet.
Au centre, le candidat de la Concertation Éduardo Frei, ex Président du Chili dans les années 1990 et fils d'un président démocrate-chrétien des années 60 sans doute assassiné en 1982 par la police secrète du Général Pinochet. Trois de ses assassins présumés viennent d'être arrêtés.
A gauche, l'ancien ministre de Salvador Allende Jorge Arrate est le candidat du Front de gauche (Junto podemos, "ensemble nous pourrons") allié au Parti communiste.
Mais la campagne est aussi marquée par la montée d'un troisième homme, l'Indépendant, Marco Enriquez-Ominami, ex-socialiste, fils du charismatique dirigeant du M.I.R. (extrême gauche des années 70) Miguel Enriquez, tué par la dictature en octobre 1974.
Sebastian Piñera : la droite revient
Homme politique et homme d'affaires chilien de 60 ans, Sebastian Piñera a été candidat de Rénovation Nationale (centre-droit) à l'élection présidentielle chilienne de 2005, battu au second tour par Michelle Bachelet avec 46,50% des suffrages. Il incarne aujourd'hui à la fois l'alternance et le retour du passé.
Eduardo Frei : le cacique
Fils du Président chrétien-démocrate Eduardo Frei Montalva sans doute assassiné en 1982 sur ordre de Pinochet, Eduardo Frei a lui même dirigé le Chili après le retour de la démocratie. Centriste, il incarne une classe politique vieillissante.
Jorge Arrate : la Gauche radicale
Jorge Arrate, le candidat de gauche, allié au Parti communiste. A 68 ans, il est lui aussi un socialiste dissident de la Concertation. Il fut un collaborateur de Salvador Allende
Le troisième homme : Marco Enriquez-Ominami
Il avait 3 mois lors du coup d'Etat de 1973. Un an plus tard, son père Miguel Enriquez, leader du mouvement d'extrême gauche MIR était assassiné par la dictature. De son enfance d'exil à Paris avec sa mère, il a gardé une parfaite maitrise du français. Ancien député socialiste, il a appartenu à la coalition gouvernementale mais il en est parti bruyamment. La presse la surnommé “discolo“, l'indocile.
L'absente : Michelle Bachelet
Née en 1951, et de lointaine origine française, Michelle Bachelet est la fille du Général de l’armée de l’air Alberto Bachelet arrêté après le coup d’État du 11 septembre 1973 et mort en prison, sans doute du fait de mauvais traitement, tandis que sa femme et sa fille étaient également incarcérées et torturées dans un autre centre de détention.
Elles se réfugient après leur libération en Australie. Michelle poursuivra ses études à Berlin avant de retourner en 1979 au Chili, ou elle devient médecin.
Socialiste, elle s’engage dans différentes organisations d’aide aux enfants de personnes torturées et disparues.
En mars 2000, le Président Ricardo Lagos en fait son ministre de la Santé, puis en 2002 de la Défense.
Le 15 janvier 2006, Michelle Bachelet remporte la présidentielle par 53,5% des voix contre 46,5% à son adversaire de droite Sebastián Piñera.
C'est la première fois en Amérique du Sud qu'une femme est élue présidente au suffrage universel direct.
Quatre ans plus tard, sa popularité demeure historique (plus de 75 %) mais la Constitution chilienne lui interdit de briguer un second mandat.