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Sebastián Piñera Photo Reuters
C’est le candidat de droite Sebastián Piñera qui arrive en tête, avec 44 % des voix, devant le démocrate-chrétien Eduardo Frei, candidat de la Concertation [coalition de quatre partis de centre et gauche au pouvoir depuis le retour de la démocratie], qui a obtenu 29,75 % des suffrages.
Le quotidien proche du gouvernement socialiste de Michelle Bachelet explique que “le bloc de pouvoir qui a soutenu la dictature militaire conserve les 44 % de suffrages obtenus par Pinochet lors du référendum de 1988” [le non au maintien au pouvoir du dictateur avait alors gagné, annonçant le début du retour à la démocratie]. Mais il ajoute : “Si l’on additione les voix du candidat communiste Jorge Arrate (6 %), celles du candidat indépendant Marco Enríquez Ominami (20 %) et celles d’Eduardo Frei, les forces qui ont lutté pour approfondir et élargir la démocratie continuent quant à elles de représenter la majorité absolue.”Ces calculs peuvent sembler optimistes, et annoncent un second tour très serré pour le 17 janvier.
Le report des voix des électeurs de Marco Enríquez Ominami n’est pas gagné. Le fils de l’ancien chef du MIR [Mouvement de la gauche révolutionnaire], qui a joué la carte de l’indépendance et rendu sa carte du Parti socialiste pour pouvoir se présenter, ne devrait pas appeler à voter pour Frei, qu’il a dénigré pendant toute la campagne [voir CI n°993, du 12 novembre 2009]. Il reconnaît néanmoins que “la victoire de Piñera représenterait une régression historique”.
Pour El Mercurio, au contraire, ce premier tour “représente un changement politique majeur, plus profond qu’il n’y paraît à première vue, car c’est la première fois que la Concertation perd après quatre majorités consécutives”. Le quotidien de droite se félicite des “14 % d’avance” de Piñera et se réjouit “que la Concertation ait perdu aussi sa majorité dans les deux Chambres”. Le quotidien argentin Página 12 constate pour sa part que “le marketing a réussi un miracle avec Sebastián Piñera”“l’homme d’affaire multimillionnaire, qui se vante d’être, au sein de l’Alliance pour le changement (qui rassemble le parti de droite Rénovation nationale et celui d’extrême droite Union démocratique indépendante), le moins lié à l’héritage de Pinochet pour avoir voté non au référendum de 1988, avait publiquement soutenu le dictateur lorsque celui-ci avait été arrêté à Londres en 1998.”
Le journal note aussi qu’il “s’est réuni le 10 décembre avec des militaires pinochetistes à la retraite, à qui il a promis de ne pas faire avancer les procès en cours sur les violations des droits de l’homme commis pendant la dictature”.
La présidente socialiste Michelle Bachelet, qui jouit aujourd’hui d’une popularité historique, avec près de 80 % d’opinions favorables dans les sondages, s’est réjouie de l’élection de trois députés communistes, qui marque “la fin de l’exclusion” du PC depuis le coup d’Etat du 11 septembre 1973. La première femme présidente du Chili n’a pu se représenter, car la Constitution chilienne interdit deux mandats présidentiels consécutifs.